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Politique : ces artistes ivoiriens qui prennent position

Mis à jour le 7 décembre 2020
Publié le 03/12/2020 à 7:41 , , , , , ,

D’Alpha Blondy, en passant par Serges Kassy, Tiken Jah, Billy Billy, Meiway ou Yodé et Siro, la musique revêt un caractère particulier. Ces artistes se sont engagés pour la bonne cause en dénonçant les travers d’une société parfois moribonde. Mais tous n’ont pas eu le même destin.

Si la musique est parfois utilisée pour le divertissement, certains artistes en ont fait une arme de combat. Ils dénoncent et donnent, sans coup férir, leurs positions sur certaines situations dans la société. En Côte d’Ivoire, les genres musicaux qui s’adaptent facilement à ce style, sont le Reggae et le Zouglou (genre musical local). Et ces artistes engagés attirent souvent la colère des dirigeants politiques.

Serges Kassy, Alpha Blondy et Tiken Jah ont pris position

Le reggae est considéré comme une musique d’engagement, de combat. En Côte d’Ivoire ce genre musical est pratiqué par des artistes bien connus. Le premier à s’insurger contre les travers de la société et la gouvernance politique demeure Alpha Blondy. Jagger, comme on l’appelle, est bien connu pour ses positions tranchées. En 2010, il avait même demandé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, à l’ex-président Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir. Quelques années plus tard, il s’insurgeait contre la gouvernance d’Alassane Ouattara, qui selon lui, aurait échoué à réconcilier les Ivoiriens. Mais Alpha Blondy n’a jamais été inquiété par la justice ivoirienne. Il vit depuis toujours en Côte d’Ivoire.

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Contrairement à Alpha, Serges Kassy, lui, est en exil. Ce dernier s’était fait connaître à travers son titre « c’est pas dani blô » dans les années 90. Une satire musicale dirigée contre Houphouët-Boigny à l’époque. Plus tard à l’arrivée au pouvoir de l’opposant historique du premier président ivoirien, Laurent Gbagbo, Serges Kassy devient membre de la galaxie patriotique. Il milite politiquement avant d’être contraint à l’exil après la chute de l’ex-président ivoirien. Mais le reggaeman n’a pas cessé de critiquer, et ce, de manière virulente, l’administration Ouattara.

Le Chef de l’État dont la réélection, la troisième successive, est contestée par l’opposition a été chargé par Tiken Jah Fakoly. L’artiste reggae qui s’était insurgé contre le projet d’Alpha Condé de rempiler en Guinée a multiplié les sorties médiatiques sur la situation en Côte d’Ivoire. Tiken Jah a appelé le peuple ivoirien à refuser la nouvelle candidature d’Alassane Ouattara. Selon lui, un troisième mandat serait synonyme de dictature. Mais l’artiste n’a jamais été inquiété par la justice ivoirienne pour ses positions tranchées. Il réside au Mali et vient donner régulièrement des concerts en Côte d’Ivoire.

Quand le Rap s’invite dans la danse

Avant l’arrivée du rap à l’Ivoirienne, deux styles de cette musique venue des USA s’affrontaient. La flotte impériale dirigée par Stezo et le ministère authentique de Almighty. Autrefois réservé aux personnes d’un certain niveau de langue, le rap a infiltré les quartiers populaires d’Abidjan. Et des artistes en ont fait une musique de combat, dépeignant les travers de la société, avec un vocabulaire parfois acerbe à l’endroit des autorités politiques. C’est le cas du rappeur Billy Billy. Mais après avoir critiqué le pouvoir actuel, Billy Billy a été contraint à l’exil en France. Ce qui ne l’empêche pas de tancer le régime toutes les fois qu’il en a l’occasion.

Zouglou, l’identité culturelle de tout un peuple

« En zouglou, Gbê est mieux que drap ». Cette célèbre phrase de l’argot ivoirien illustre bien la portée de ce genre musical. Dire la vérité, peu importe son impact afin d’éviter le pire. Né dans les années 90 en pleine crise universitaire, le rythme Zouglou demeure donc l’expression des problèmes vécus en société. Notamment des moins nantis. Des problèmes qui découlent parfois de la gestion politique du pays. Et les artistes qui incarnent bien cette approche musicale ne sont autres que Yodé et Siro.

Depuis le pouvoir d’Henri Konan Bédié, en passant par Laurent Gbagbo puis à présent Alassane Ouattara, ce groupe Zouglou, est resté constant malgré les menaces et intimidations. Yodé et Siro avaient même été contraints à l’exil lors de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire. Ils reviennent avec leur dernier album intitulé « Héritage ». Un produit à travers lequel, ils ne cessent de tancer le pouvoir. Le Procureur Adou Richard accusé de partialité dans la conduite des affaires judiciaires a même essuyé des critiques de leur part. Ils seront convoqués deux jours plus tard à la brigade de recherche par la Gendarmerie nationale.

Le Zoblazo contre-attaque

Resté plusieurs années à l’écart de la politique, Meiway, le « roi du Zoblazo« , genre musical du sud de la Côte d’Ivoire, a changé la direction de son arc. Connu pour être un artiste modéré dont l’objectif premier demeure la valorisation de la culture ivoirienne, Frédéric Ehui Meiway, a dans une vidéo publiée quelques semaines avant l’élection présidentielle du 31 octobre, invité Alassane Ouattara, le président de la République, à renoncer à se présenter pour un autre mandat. Meiway a pris part au meeting de l’opposition ivoirienne le 10 octobre 2020 au stade Félix Houphouët Boigny. Il est en ce moment hors du pays. Il ne fait pour l’instant pas l’objet de poursuite de la part des autorités ivoiriennes.

Eric Coulibaly
7info.ci

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