Analyses

Edito- Faux débats, faux sujets, la campagne commence mal / Par Adam’s régis SOUAGA

Mis à jour le 2 mars 2020
Publié le 02/03/2020 à 2:52 , , , ,
Le week-end écoulé, le Pr Maurice Kacou Guikahué a ouvert un autre front, certes pas nouveau, mais innovant par la taille de l’information : la Banque Mondiale aurait déjà financé la délivrance de la carte nationale d’identité aux ivoiriens à coût de 30 milliards FCFA et le Gouvernement garderait par devers lui la manne financière. Grosse information en effet et accusatin d’importance.

Sur les réseaux sociaux, nouvel arbre à palabre des ivoiriens friands de débats, sans toujours prendre la hauteur nécessaire : pro-RHDP et pro-PDCI-RDA se sont copieusement invectivés, chaque camp tirant à lui la couverture.

Pour les pro-Guikahué, et plus largement les anti-Ouattara, il faut une gratuité de la délivrance de la CNI. Ce serait sûrement intéressant pour les Ivoiriens. Mais voilà, député de la circonscription de Gagnoa sous-préfecture, le Pr Maurice Kacou Guikahué fait lui-même partie des députés qui ont voté la loi des finances permettant au gouvernement de fixer le prix de 5000 F pour l’obtention  la CNI.

Un coût identique, faut-il le rappeler, à celui de l’ancienne carte nationale d’identité verte en possession des ivoiriens à partir de 1995, lancée sous Henri Konan Bédié, alors président de la République de Côte d’Ivoire. un régime qui a perduré jusqu’à l’édition des nouvelles cartes de couleur orange celles-la, à partir de  2009. Celles-ci, dans un contexte de sortie de crise, avant une élection présidentielle attendue depuis cinq ans, ont été gratuites. si toutefois il existe encore un acte gratuit en ce monde.

En soulevant ce débat, Pr Maurice Kacou Guikahué, Secrétaire Exécutif d’un parti qui a présidé aux destinées de la Côte d’Ivoire durant 40 ans, et qui aspire à nouveau à en prendre les rennes, dit avoir toutes les données en sa possession. Malheureusement pour lui, la Banque Mondiale, à travers un communiqué de sa représentation à Abidjan, publié d’urgence, un dimanche qui plus est (hier), a sévèrement contredit les allégations du compagnon d’Henri Konan Bédié. Deux fois pris en défaut en 24 heures sur la même histoire, le professeur n’a pas de chance.

Bien avant cet épisode, c’était le nombre limité à 118 centres d’enrôlement pour l’obtention de la CNI qui était au cœur du débat, alimenté par les mêmes. Le mercredi 26 février dernier, en fin de conseil des ministres, Sidiki Diakité, ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, a, à la suite de Sidi Touré, porte-parole du gouvernement, explicité les changements à opérer dans le dispositif d’enrôlement pour la nouvelle CNI.

Des éclaircissements attendus et demandés à juste titre par les Ivoiriens qui ont eu pour effet de calmer la nervosité généralisée sur ce sujet. Sidiki Diakité a annoncé une démultiplication des sites d’enrôlement avec un millier d’agents en formation, à partir du 6 mars prochain. Une vitesse de croisière de l’opération devrait être atteinte à partir du 15 mars prochain. A l’occasion, il recommandait aux ivoiriens de ne plus se réveiller à 4h du matin pour se faire enrôler, au risque de se faire agresser en pleine nuit.

Cette précision faite, n’a pas eu reçu l’assentiment de l’ancien parti unique qui a trouvé une autre parade. Revenir cette fois-ci sur le financement de la production des CNI et in fine, accuser le gouvernement de détournement de fonds.

C’est à se demander ce que cherche le  Pr Maurice kacou Guikahué. Certes un opposant s’oppose, ça il le fait bien. Encore faudrait-il qu’il le fasse sans se jeter dans de vaines et insipides controverses. Mais un opposant, également, propose. De ce côté là, on attend mieux, pour la clarté du débat présidentiel et pour permettre aux Ivoiriens de choisir en connaissance de cause ses futurs dirigeants, du dit-professeur. On n’entend pas grand chose pour l’instant.

Veut-il par avance se prémunir d’un échec de son camp en en rejetant la responsabilité sur ses adversaires? Qu’il encourage plutôt ses militants, qui sont aussi des citoyens Ivoiriens, à se faire enrôler, pour obtenir les documents administratifs à même de leur permettre de réaliser nombreuses opérations de la vie courante (pas uniquement le vote) et qu’il dise le vrai : que les Ivoiriens n’auront pas besoin d’une nouvelle carte d’identité pour voter dans huit mois, qu’il pourront le faire, s’ils sont déjà inscrits sur les listes électorales, avec leur carte d’électeur existante, et qu’il n’est pas  nécessaire, sauf pour les nouveaux inscrits (jeunes et abstentionnistes des précédentes élections) de se précipiter avant la présidentielle pour lancer la fabrication de leur CNI.

Oui, ce gouvernement a des faiblesses dans la gouvernance. Néanmoins, les faux chevaux de bataille enfourchés par le PDCI-RDA ne font que jeter le trouble et l’incompréhension quand on aurait besoin de clarté et de vision.  Gageons que le PDCI-RDA, avec ses nombreux cadres bien formés, présents dans les différentes strates de l’administration, modifie sa tactique au bénéfice d’un débat plus serein et surtout, utile au pays.

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