Analyses International

[EDITO] À deux jours du scrutin présidentiel, la dynamique favorable de Marine Le Pen

Mis à jour le 11 avril 2022
Publié le 08/04/2022 à 2:35 , , , ,
À deux jours du scrutin présidentiel, la dynamique favorable de Marine Le Pen

Il y a deux mois, dans une chronique qui voulait dégager les enjeux du scrutin présidentiel, je proposais l’analyse suivante : « Dans un contexte où la gauche est morcelée et atone, la droite déboussolée et fracturée, le face à face entre Macron l’européen libéral et social et l’extrême droite (Zemmourienne ou Le péniste) nationaliste, anti-Européenne et anti-immigrés, aura bien lieu ».

À deux jours du scrutin, le duel annoncé se profile. L’extrême droite cumule 30% des intentions de vote. Marine Le Pen, qui a gagné son violent combat contre Éric Zemmour, sera au second tour où elle affrontera le Président sortant, Emmanuel Macron.

Mais ce qu’il faut remarquer, c’est que la dynamique, dans cette campagne, est du côté de Marine Le Pen, qui a gagné 10 points d’intentions de vote depuis que le Président Macron s’est lancé, très tardivement, dans la course. Trop tardivement ? C’est bien possible. Jouant sur les deux tableaux de la légitimité du sortant qui refuse d’entrer tôt dans la mêlée et sur le chef de l’État qui a une crise internationale à gérer, la guerre en Ukraine, Macron n’a pratiquement pas fait campagne. De fait, la chute des intentions de votes en sa faveur, qui se constate traditionnellement pour tout président sortant qui annonce sa candidature, est constante : les Français ne savent pas pourquoi Emmanuel Macron se représente. Personne ne sait vraiment ce qu’il ferait d’un second mandat. Total, seuls trois petits points (26% contre 23%) séparent désormais les deux candidats. Les sondages seront interdits dès vendredi soir, mais l’opinion, elle, risque de poursuivre sa cristallisation dans les deux jours qui nous séparent du scrutin. Peut-être en faveur de celle qui présente la meilleure dynamique.

La première surprise pourrait donc apparaître dès le premier tour, si Emmanuel Macron ne sortait pas en tête, mais se trouvait derrière Marine Le Pen.

LIRE AUSSI: Suspension de RFI et France 24 au Mali, la France condamne une atteinte à la liberté de la presse

Quant au second tour, il devient de plus en plus incertain.

Valérie Pecresse, la candidate des Républicains, a déjà annoncé qu’elle ne donnera pas de consigne de vote pour le second tour. Tout comme Jean-Luc Mélanchon qui n’a aucune raison de faire différemment qu’en 2017. La fracture est telle au sein des Républicains qu’une bonne partie d’entre eux n’hésitera pas, derrière Eric Sciotti, à se rallier à Marine Le Pen. Quant aux autres, sans consignes, nombreux sont ceux qui s’abstiendront. Le reste de la gauche et des écologistes, atones, ne pèseront pas lourds, même s’ils appellent à voter Macron. Enfin, Eric Zemmour ne pourra qu’appeler ses électeurs à se rallier en masse à Marine Le Pen.

En fin de compte, la radicalité de Zemmour a rendu Le Pen acceptable. Celle-ci, qui a fait une bonne campagne, a montré qu’elle connaissait mieux ses dossiers qu’il y a en cinq ans, a lissé son propos et son programme, a tenu face aux assauts de son concurrent d’extrême droite jusqu’à le distancer, n’est plus le répulsif qu’elle fut. Le « front républicain » anti extrême droite, déjà mal en point depuis 2017, ne jouera plus du tout en 2022.

Dès lors, tout est en place pour que la dynamique du premier tour de madame Le Pen se poursuive au second tour, face à un président sortant qui pourrait avoir du mal à conquérir de nouveaux espaces électoraux. Le second tour sera serré, très serré.

L’hypothèse d’une France qui, dans 15 jours, pourrait montrer au monde une double innovation : une femme, d’extrême droite, à la tête de l’État, n’est plus aujourd’hui si farfelue.

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE