Analyses

Décryptage- Leçons d’une visite d’Etat dans le Hambol / Par Adam’s Régis SOUAGA

Mis à jour le 3 décembre 2019
Publié le 03/12/2019 à 11:44 , , ,

Alassane Ouattara était attendu de longue date dans la région du Hambol. Depuis 2015 pour être plus précis. Attendu, le Chef de l’Etat a mesuré l’ampleur de cette attente. Il a communié avec les populations de Niakara, Dabakala et Katiola, le tout autour d’actions de développement comme l’adduction en eau potable et la connexion de villages et quartiers au réseau électrique. La route qui précède le développement n’a pas été en reste du programme. L’axe Satama sokoro/Satama Soukoura/Bassawa a vu son chantier de bitumage lancé.

L’ultime Premier Ministre du président Félix Houphouët-Boigny est allé visiter des compagnons fidèles du Bélier de Yamoussoukro, Nanlo Bamba et Ouattara Thomas d’Aquin. Un symbole de l’attachement aux valeurs de reconnaissance, de respect, d’humilité que prônait le premier président ivoirien dont beaucoup se réclament, sans forcément agir comme lui.

Au-delà de ces actions ponctuelles devenues ordinaires au cours de ces visites d’Etat, Alassane Ouattara a parlé. Il a injecté une forte dose de pression sur l’agenda du vieux président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié. Ce dernier, caresse le rêve de se retrouver, dès novembre 2020, au palais présidentiel du Plateau, un cadre de travail qu’il connaît bien pour y avoir séjourné de 1993 à 1999.

Que fera Bédié, surtout que dans son camp se trouve des voix, encore inaudibles, qui demandent pourtant clairement son retrait au profit  d’autres cadres de ce parti, le PDCI-RDA, mais qui tend de plus à plus à se résumer au parti des Baoulé?

Ouattara est allé un peu plus loin encore. Dans un langage quelque peu crypté, il a dévoilé son schéma idéal.  Il s’est malicieusement présenté comme le « Capitaine » de l’équipe du RHDP, avec « le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, à côté du Vice-président Daniel Kablan Duncan ». Un indice sur le futur ticket du RHDP qui alors, serait conduit par un cadre issu du PDCI-RDA, avec pour colistier un sortant de la Case ? Ce schéma est bien sur la table avec les forces et faiblesses des deux potentiels colistiers, représentants le Nord et le Sud, le technocrate et le politique, un Akan et un Sénoufo avec derrière eux, leurs alliés respectifs. Alassane Ouattara, lui, se verrait bien en coach d’une équipe RHDP qu’il observerait du banc de touche pour mieux la guider et lui imprimer une tactique de jeu.

Quelques uppercuts, il en a administré d’autres. Il a aussi, décliné sa vision de la politique, un jeu qui devrait ressembler à ce qui existe au sein d’une famille. Des vues différentes, des chamailleries peut-être, mais la politique ne devrait pas disloquer la Famille Ivoirienne. Disant cela, Alassane Ouattara avait en face de lui son « neveu », Jean Louis Billon, et Ouassénan Gaston Koné, du PDCI-RDA, Gervais Coulibaly, pro-Gbagbo, ancien vice-président de la CEI, Dr Assana Sangaré, ancienne ministre de la Santé, cadre du PDCI-RDA, et d’illustres de divers partis politiques. Cela sentait bon l’ambiance d’une Côte d’Ivoire d’avant les crises. « L’union est la clé du vivre ensemble dans la diversité. La fraternité va au-delà de la politique. Etre tolérant, respecter les choix des autres, c’est cela la démocratie » a rappelé Alassane Ouattara. « Arrêtons de faire peur aux ivoiriens par des langages irresponsables et irrespectueux. La Côte d’Ivoire avance et n’y aura pas de retour en arrière par la violence » a affirmé Alassane Ouattara qui a donc invité les vieux de sa génération à « se mettre de côté. »

Autre leçon de cette énième sortie dans le pays profond, la dynamique que les visites d’Etat impriment au développement local. Katiola, toute défraîchie, a reçu du sang neuf. Reste à préserver ces acquis, à les entretenir et à les compléter. Une désagréable impression se dégage : sans visite d’Etat, élus et cadres régionaux sont trop invisibles et inactifs pour le développement local. Ce qui fait dire à la population, et c’est dommage, que seul Alassane Ouattara travaille tandis que sa Cour s’empiffre sans remonter les vrais problèmes au Chef de l’Etat.

Ces quatre jours dans le Hambol ont permis de mesurer une popularité intacte du Chef de l’Etat dans cette région. La relation quasi-fusionnelle qui existe entre le « bravetchè » et ses parents du Hambol est intacte. A preuve, le mot de l’Honorable Aboubakary Coulibaly de Dabakala : « Ordonnez et Dabakala exécutera ! » Tout un message.

Dans le Hambol, devant les siens, heureux de retrouver la ferveur populaire, Alassane Ouattara, a laissé parler son cœur. Il estime que le pays ne devrait plus revenir aux mains « de ceux qui ont détruit le pays. »

« La Côte d’Ivoire avance mais elle ne peut pas avancer avec n’importe qui. Nous avons vu dans le passé les uns et les autres, donc le choix sera simple, j’en suis convaincu parce que les ivoiriens ne veulent pas se retourner dans les détournements de fonds, dans le gaspillage, dans la division.  Non nous ne voulons pas de cela, non nous ne voulons plus de retour en arrière. Nous voulons une Côte d’Ivoire qui avance, une Côte d’Ivoire qui progresse» a recommandé Alassane Ouattara.

L’avenir des jeunes ivoiriens en dépend. Et le rempart, c’est lui!  S’il a une  forte volonté de respecter son engagement de janvier 2017, de se retirer pour faire place à une nouvelle génération. Mais il la conditionne aujourd’hui  au fait que « ceux de sa génération » se retirent aussi. Sinon, il se représentera pour les empêcher de revenir (sous-entendu, pour gâcher son travail). Dans ce cas de figure, il sera donc lui-même candidat car il ne souhaite empêcher personne de se présenter par un artifice juridique. « Il n’y aura pas d’exclusion de candidat. Ceux qui excluent pour rester au pouvoir, ce n’est pas mon genre »,  a insisté le Chef de l’Etat. C’est dire qu’une modification de la Constitution pour bloquer une certaine candidature, notamment par l’introduction d’une limite d’âge, n’est pas envisagée. Il l’a réitéré, tout le monde pourra se présenter, même s’il estime qu’une pléthore de candidats n’est pas souhaitable. « Ce que Ado dit, Ado le fait, je ne ferai pas de promesse que je ne peux tenir, vous pouvez me faire confiance » a une fois de plus répété Alassane Ouattara dans un stade Ouattara-Thomas D’Aquin plein de partisans acquis à sa cause.

Par Adam’s Régis SOUAGA

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