Analyses

Commentaire – L’Etat de Côte d’Ivoire dos au mur dans le dossier BHCI / Par Adam’s Régis SOUAGA

Mis à jour le 14 novembre 2019
Publié le 14/11/2019 à 2:53 , , , , ,

Un papier sans en-tête avec un texte de deux paragraphes balancés à quelques organes de presse triés sur le volet pour une importante annonce qui concerne des milliers de clients de la BHCI a circulé ce mercredi tard dans la nuit. Il a fallu scruter les emails des expéditeurs, de hauts membres du cabinet du ministre de l’Economie et des Finances, vérifier avec le cabinet du ministre de la Communication et des Médias, avant de pouvoir traiter. Au-delà, quelques observations s’imposent surtout que l’un des communiqués, avec un papier à en-tête de la BHCI, n’émanerait pas de la direction générale de la banque, selon des sources de 7info.

Le 28 octobre dernier, les dirigeants de Westbridge Mortgage REIT ont adressé un courrier au Premier Ministre ivoirien pour l’informer de leur volonté de se retirer de l’actionnariat de BHCI. « Nous voudrions par cette lettre, Monsieur le Premier Ministre, vous faire part de notre désir de mettre fin à l’opération, et ce, dans un esprit de collaboration continue » ont écrit les canadiens.

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Bien avant, ils avaient relevé, que « Westbridge n’a pas un contrôle effectif de la banque, et nous sommes aujourd’hui, face une regrettable impasse qui porte un grand préjudice à la Banque mais aussi au Gouvernement » peut-on lire dans ce courrier adressé au Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly.

Il faut préciser qu’après la cession de ses parts majoritaires, l’Etat de Côte d’Ivoire n’a jamais pu libérer sa quote-part de 5% qui lui restait dans le capital. Pour une banque qu’il a décidé de privatiser, où et comment l’Etat trouvera-t-il les moyens pour la remettre sur les rails pour le bonheur de la clientèle ?

Par ces temps de vaches maigres, L’état ivoirien a-t-il vraiment les moyens de racheter les parts d’actions de la BHCI que les repreneurs canadiens ont mis en vente?  Les canadiens avaient dans une lettre datant du 28 octobre, adressé au Premier Ministre, selon une source proche du dossier à la Primature, ont offert de sortir du capital de la banque au regard, notamment, des nombreuses créances douteuses dissimulées. L’Etat aurait, par le communiqué balancé ce mercredi nuit, manifesté  son intention de procéder à l’annulation de l’accord de cession.

« Suite aux conclusions des travaux de la Commission Bancaire et des Commissaires aux Comptes relativement à la gestion de la BHCI et face aux difficultés persistantes que connaissent les déposants et partenaires de l’Etablissement dans l’accomplissement de certaines opérations courantes, le Gouvernement a décidé, d’un commun accord avec le repreneur, la société Westbrige Mortgage Reit, d’annuler l’opération de cession de ses parts, et de reprendre en main, le contrôle de la Banque » indiquait le communiqué non signé ventilé dans la nuit de ce mercredi 13 novembre.

Pourtant, quelques heures auparavant, un conseil des ministres s’est tenu, qui n’a pas évoqué au compte rendu du ministre de la Communication et des Médias, Porte-parole du gouvernement, de ce point très important pour l’économie nationale.

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Une petite recherche a permis à 7info d’apprendre que, « pour annuler la cession, il faudrait forcément négocier avec les actionnaires, incluant Demack et Nsia, donc l’Etat devrait racheter près de 95% du capital de la banque détenu par ces actionnaires. Un pacte réunit ces trois actionnaires, ce qui implique que l’Etat ne peut pas juste négocier avec le repreneur majoritaire canadien » soutient une source bien informée du dossier. 7info a découvert que « L’accord de cession prévoit que tout litige devrait être réglé au tribunal de Paris, à moins que les canadiens ne portent plainte devant le tribunal des litiges commerciaux auprès de la Banque mondiale à Washington D.C, ce qui aura d’énormes implications pour la réputation de la Côte d’Ivoire auprès des investisseurs institutionnels » poursuit cette source du milieu bancaire, qui a suivi depuis le début les soubresauts de cette affaire.

Par ce « communiqué » sans signataire officiel au ministère de l’Economie et des Finances, « Le Gouvernement tient (néanmoins) à rassurer les déposants et l’ensemble des usagers de la Banque, de la continuité des activités de la BHCI. Le Gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires, en vue de préserver les intérêts de la clientèle et de permettre à la BHCI de retrouver son fonctionnement normal. » En tout état de cause, avec cette défaillance, les ivoiriens, avec eux la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance et toutes les structures en charge des questions de bonne gouvernance, devraient pouvoir comprendre ce qui s’est réellement passé. L’honneur et l’image de ce pays, que tente de reconstruire le Président Alassane Ouattara, est en jeu.

Les Commissions des Affaires Economiques et Financières de l’Assemblée Nationale et du Sénat, devraient demander à entendre les dirigeants de la banque et le ministère de tutelle pour comprendre, en tant que représentants du peuple, ce qu’il s’est passé.  Les citoyens et clients de la BHCI doivent savoir.

Les créances douteuses qui s’élèveraient à plus de 20 milliards FCFA ne sauraient s’évaporer dans la nature surtout quand on sait que BHCI était une banque publique. A qui profite le crime ? Il est temps de braquer les projecteurs sur ce dossier jusque-là manipulé dans le noir, afin que la lumière soit faite et les responsabilités, situées. L’impunité a trop duré dans ce pays !

7info.ci

Par Adam’s Régis SOUAGA

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