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Retour sur une semaine mouvementée entre Soro et Ouattara 

Mis à jour le 31 décembre 2019
Publié le 27/12/2019 à 3:24 , , , ,

L’écart s’est profondément creusé dans les relations ces derniers jours entre l’administration Ouattara et Guillaume Soro. Avec l’émission d’un mandat d’arrêt international contre l’ancien président de l’Assemblée nationale, les positions sont davantage tranchées et la hache de guerre est déterrée entre les ex-alliés. 

Tout part du lundi 23 décembre. Tôt dans la matinée, désireux d’accueillir leur leader, des partisans de Guillaume Soro se rendent à l’aéroport d’Abidjan Port-Bouët. Ils seront freinés dans leur élan par des éléments des forces de l’ordre positionnés depuis 6h du matin. Dans la commune de Marcory, au quartier résidentiel où se trouve la résidence de Guillaume Soro, le spectacle est le même. Des partisans dont Simon Soro, le frère cadet du maître des lieux sont empêchés d’avoir accès à la maison par des policiers dépêchés sur les lieux.

Attendu à Abidjan après un report, du dimanche 22 au lundi 23 décembre, Guillaume Soro était attendu à Abidjan par ses partisans de GPS, amis, proches et même, les chefs traditionnels venus spécialement de Ferkessédougou. Il était attendu à 13h30 sur le tarmac de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny. Mais, son avion n’atterrira jamais. L’appareil le transportant, un jet privé, quoi qu’ayant reçu les autorisations nécessaires telles que confirmé par Alain Lobognon, député et proche de lui, depuis le vendredi 20 décembre, sera dérouté par l’ex-président de l’Assemblée Nationale vers Accra, au Ghana. Là également, les occupants n’ont pu mettre pied à terre. Moins d’une heure après son arrivée à l’aéroport d’Accra, l’ex-premier ministre ivoirien en rupture de ban avec le pouvoir d’Abidjan, redécolle.

Pendant ce temps à Abidjan, dans la commune de Cocody, quartier chic de la capitale économique ivoirienne, des membres de Générations et peuples solidaires (GPS), le mouvement politique que préside Guillaume Soro se réunissent rapidement pour une conférence de presse. Alain Lobognon a le temps de planter le décor, dénoncer et prendre quelques questions aux pas de course. Dehors, des échauffourées éclatent entre militants et des éléments des forces de l’ordre, à la permanence de GPS, mitoyenne à l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique. Plusieurs interpellations sont effectuées dans les rangs des partisans présents.  Dans la foulée, une folle rumeur annonce que le natif de Ferkessédougou aurait été mis aux arrêts si son avion avait atterri en terre ivoirienne.

Une rumeur confirmée dans la soirée. A la télévision nationale, au journal télévisé de 20h, le Procureur de la République près le Tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, Adou Richard, annonce l’émission d’un mandat d’arrêt international contre le député Guillaume Soro. Le patron du parquet du plateau indique que l’ex-Premier ministre est accusé de « tentative grave d’atteinte à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national »  et de « détournement de deniers publics ». Ses proches arrêtés plus tôt dans la journée, eux sont accusés de présomption grave de « détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux » pour certains.

A nouveau hors du pays, c’est un Guillaume Soro très remonté multipliant les posts sur ses comptes twitter et Facebook. Parfois racontant son retour manqué, parfois exprimant son mécontentement. Jusqu’au mercredi 25 décembre, jour de la fête de Noël en passant par le réveillon, célébrés dans une certaine angoisse dans le pays, des déclarations émanant à la fois des organisations politiques proches du pouvoir et de l’opposition sont faites.

Le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara lui également ne reste pas inactif. Le mardi 24 décembre l’importance de la situation le pousse à avoir un tête-à-tête à sa résidence privée de Cocody Riviera, avec les principaux ex-chefs militaires, ex-compagnons de Guillaume Soro dans la rébellion des ex-rébellions des Forces Nouvelles avec qui le député a mené la lutte du 19 septembre 2002 au 11 avril 2011.

Le jeudi 26 décembre, des précisions sur les circonstances du mandat d’arrêt et les arrestations sont données par le Procureur de la République Adou Richard. Au cours d’une conférence de presse, il révèle l’existence d’un enregistrement dans lequel Guillaume Soro donnerait des détails d’un coup d’état en préparation. Non sans indiquer que le mis en cause risque « la prison à vie ». Réaction pour réaction, depuis l’Espagne où elle s’est également retranchée aux côtés de son mentor, l’ex-ministre Me Affoussiata Bamba Lamine, réplique dans une vidéo live via le réseau social Facebook. La bande sonore brandie par le Procureur de la République du Tribunal du plateau, selon elle, n’est pas complète. Elle dénonce au passage un « feuilleton d’espionnage mal monté ».

Dans le pays ces brouilles Ouattara-Soro alimentent toutes les conversations.

Richard Yasseu

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