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RDC, retour sur 63 ans d’indépendance tumultueuse de l’ex-Zaïre

Mis à jour le 1 juillet 2023
Publié le 30/06/2023 à 12:00 , , ,

Jeudi 30 juin 1960, vendredi 30 juin 2023. Voilà exactement 63 ans que la République démocratique du Congo a arraché son indépendance à la Belgique. 63 ans de vie pendant laquelle ce jeune État a connu de longs moments d’instabilité. Retour sur une indépendance sous influence.

 

Le 27 janvier 1960, le musicien Grand Kallé et l’African Jazz annoncent les couleurs. Ils jouent pour la première fois à l’hôtel Plaza de Bruxelles, « Indépendance Cha Cha », pour rendre hommage aux leaders congolais présents à Bruxelles dans le cadre de la Table ronde. L’indépendance est fixée pour le jeudi 30 juin 1960. Ce jour-là, Patrice Eméry Lumumba, leader du Mouvement national congolais (MNC) prononce un discours au Palais de la Nation à Léopoldville (actuel Kinshasa).

« Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux, je vous salue au nom du gouvernement congolais. A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez. A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils à leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté (…). Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devons subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres (…) », proclame le Premier ministre Patrice Lumumba.

La Belgique, qui pensait conserver certains piliers institutionnels de son ex-colonie tels que : la Défense, les Affaires étrangères et le contrôle de l’économie, voit en ce discours du Premier ministre, une menace. Le cheminement idéologique et l’engagement politique de l’ancien directeur de ventes de la bière Polar, montrent à suffisance qu’il n’est pas un homme à manipuler.

 

Il faut vite agir

A peine les festivités de l’indépendance terminées, le lieutenant-général (général de corps d’armée) belge, commandant la force publique, Emile Janssens, écrit ceci le 5 juillet 1960 : « avant indépendance égale à après indépendance ».

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Pour l’officier général rien n’a changé. Son attitude suscite la colère de la troupe. Elle se mutine contre les officiers blancs. Un mouvement qui crée la panique au sein de la communauté européenne. Le lendemain 6 juillet, le Premier ministre et ministre de la Défense Patrice Eméry Lumumba retire le commandement de la Force publique au général Janssens, et le confie à l’ex-sergent Joseph Désiré Mobutu, promu colonel. La Force publique est rebaptisée Armée nationale congolaise.

 

L’ethnicité source de conflits

La stratégie trouvée par l’ex-colonisateur pour empêcher le bon fonctionnement de l’Etat congolais afin d’avoir la main-mise sur les richesses est : l’ethnicité. Le 11 juillet 1960, Moïse Tshombé, leader de la Confédération des ethnies du Katanga (CONAKAT), proche des hommes d’affaires belges, proclame l’indépendance de sa riche province. Le 8 août 1960, la Fédération des ethnies du Kasaï (FEDEKA), d’Albert Kalonji, suit les traces de Tshombe. Il proclame à son tour l’indépendance du Sud-Kasaï, puis consacre le règne des Luba (son ethnie) sur cette région. Démis de ses fonctions le 5 septembre 1960 par le président Joseph Kasavubu, Lumumba est arrêté le 1er décembre 1960 alors qu’il tentait de rejoindre son fief de Stanleyville (Kisangani). Torturé, il est assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga.

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La rébellion lumumbiste

En 1963, l’ex-ministre de l’Éducation nationale et fidèle compagnon de Patrice Lumumba, Pierre Mulele déclenche une rébellion. Certains de ses frères d’armes dont Christophe Gbenye, Laurent Désiré Kabila, le général Nicolas Olenga tiennent d’importants territoires. Plus de deux tiers du pays tombent aux mains des rebelles du Conseil national de libération (CNL). Les Occidentaux apportent leur soutien aux troupes du président Joseph Kasavubu. Un apport qui permet à l’ANC de reconquérir le territoire.

Deux ans plus tard, le général Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir le 24 novembre 1965. En 1977 et 1978, le Katanga se rebelle à nouveau. Grâce à l’aide des pays occidentaux, Mobutu réussit à conserver son pouvoir.

 

La résurgence des conflits ethno-politiques

Après la chute du mur en 1989, le Congo, baptisé le Zaïre, doit faire face à nouveau à la résurgence des conflits ethno-politiques. Une rébellion soutenue par l’Ouganda et le Rwanda, (Alliance des forces démocratiques du Congo), née de l’insurrection des “Banyamulenge“, Tutsi, congolais, dirigée par Laurent Désiré Kabila déclenche une guerre civile en 1996. Le 16 mai 1997, l’AFDL s’empare de Kinshasa, mettant fin à 32 ans de règne du maréchal Mobutu. Il rebaptise le pays République démocratique du Congo (RDC). Un an après sa prise du pouvoir, Laurent Désiré Kabila se brouille avec ses alliés ougandais et rwandais. Une autre rébellion baptisée RDC-Goma (Rassemblement des congolais pour la démocratie), animée principalement par des Tutsis, menace son pouvoir. Un conflit entre autochtones et allochtones du Kivu éclate. Depuis lors, cette région du Congo connaît une instabilité. La province du Tanganyika est aussi le théâtre d’affrontements entre Bantu (Luba) et Pygmée (Twa).

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Un rêve brisé

Le conflit en RDC est sûrement le plus meurtrier après la seconde guerre mondiale, avec plus de six millions de morts. Malgré les immenses richesses que regorge le Congo, ce pays fait partie des 5 nations les plus pauvres de la planète. Selon une étude de la Banque mondiale, en 2022, près de 62% de Congolais vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour. En 63 ans d’indépendance, la RDC reste une nation pauvre ou se perpétue, un système de gestion et de contrôle dictés par l’extérieur. Ce vaste pays d’Afrique centrale (2 345 410 km2), soit l’équivalent de tiers de l’Union européenne, soixante-trois ans après son indépendance, du 30 juin 1960, reste dépendant de l’extérieur. Brisant ainsi le rêve du père de l’indépendance Patrice Eméry Lumumba : faire du Congo une nation prospère où règnent l’unité nationale et africaine.

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