Politique

Que peut espérer l’opposition ivoirienne de la rencontre Macron-Ouattara ?

Mis à jour le 3 septembre 2020
Publié le 03/09/2020 à 9:13 ,

Plus quelques heures avant la rencontre entre les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara. Les deux chefs d’État français et ivoirien auront un tête-à-tête à Paris, et nul doute que des questions probablement liées au processus électoral en Côte d’Ivoire seront évoquées. Mais que pourrait-il sortir de cette rencontre en laquelle l’opposition ivoirienne fonde beaucoup d’espoir ?

Condamnera, condamnera pas ? La réaction du président Macron dans le dossier ivoirien est très attendue. Sur les bords de la lagune Ebrié à Abidjan alors que la mouvance présidentielle est peu bavarde sur la rencontre Macron-Ouattara prévue le vendredi 4 septembre à Paris, l’opposition politique elle, y fonde beaucoup d’espoir. À moins de deux mois de l’élection présidentielle dans le pays, les adversaires d’Alassane Ouattara estiment que le chef de l’exécutif français se doit de convaincre son homologue ivoirien de renoncer à sa troisième candidature, perçue comme une violation de la constitution. Et donc, source de troubles dans le pays.

Pour ce faire, de nombreuses alertes ont été lancées. L’ancien président Henri Konan Bédié, l’ancien premier ministre Pascal Affi N’Guessan et l’ex-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire Guillaume Soro, supplient chacun, dans des lettres ouvertes et des interventions dans des médias ; Emmanuel Macron de prendre position contre le projet d’Alassane Ouattara. Pour des observateurs, c’est une sollicitation qui semble contradictoire aux accusations d’ingérence dans les affaires intérieures, régulièrement portées à la France.

Dr Kipré Paul, Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan Cocody partage cet avis. « Les jours pairs nous injurions le président Macron et son pays, nous insultons son armée et ses institutions en les accusant d’un trop-plein d’interventionnisme, d’un trop-plein d’ingérence dans nos problèmes et ce matin un jour impair, nous le supplions d’intervenir dans notre cuisine interne », analyse pour 7info.ci, l’universitaire qui pense qu’une intervention de la France se fera à la lumière de ses intérêts.

Courant mars 2020, Alassane Ouattara annonçait qu’il ne prendrait plus part à l’élection présidentielle dans son pays. Il avait dans la foulée désigné son défunt premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat du RHDP son parti. Mais le 6 août dernier, il est revenu sur sa décision, prétextant la possibilité que lui donne la Constitution de se présenter. Il a par la suite joint l’acte à la parole en procédant lui-même au dépôt de son dossier de candidature à la Commission électorale de son pays le lundi 24 août 2020 avant de s’envoler quelques heures plus tard pour Paris.

Pour Dr Eddie Guipié, Enseignant-chercheur à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo dans le nord ivoirien, il s’agira d’une rencontre classique entre deux chefs d’État. « La question de l’élection sera certainement au menu, mais il n’y aura pas que cette question. Il y aura sûrement la question de la Covid 19. Il y aura aussi des questions d’ordre international comme la situation au Mali et la question de la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-sahélienne. Le reste est de la discrétion du président Macron. Et comme jusqu’ici nous n’avons pas signe qui puisse traduire son approbation ou son refus rien n’est gagné d’avance. Il faudra juste espérer qu’il y ait une solution qui satisfasse tous les camps et aboutir à des élections qui souscrivent aux standards internationaux en termes de transparence, d’ouverture et d’inclusion », analyse l’expert ivoirien joint par 7info.ci.

Le scrutin est prévu le 31 octobre 2020. À la Commission électorale indépendante, organe en charge de l’organisation des élections en Côte d’Ivoire, 44 dossiers de candidature sont réceptionnés.

Richard Yasseu
7info.ci 

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