Entretien

Marius Comoé (président association des consommateurs) « Ma solution pour mettre fin à la hausse du prix de riz »

Mis à jour le 14 septembre 2023
Publié le 14/09/2023 à 10:20 , , ,

Le prix du riz, produit de grande consommation connaît une hausse sur le marché mondial. Et cela ne manque pas d’impacter le pouvoir d’achat des consommateurs en Côte d’Ivoire. Quelles solutions pour y faire face ? Marius Comoé, le président du Conseil national des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire (CNOC-CI), donne sa recette.

 

 

Depuis quelques jours, le prix du riz connaît une hausse en Côte d’Ivoire. C’est une situation qui impacte la vie des consommateurs. Quel commentaire faites-vous en tant que défenseur des intérêts des consommateurs ?

Pour nous, c’est une situation qui, évidemment, n’est pas faite pour plaire. Mais pour être franc, elle ne nous surprend pas. Dans le cadre du riz, cela fait des années que nous ne cessons de répéter que la mise en place d’une politique d’importation d’un produit de grande consommation présente un danger pour la consommation locale. Mais on voit que nous ne sommes pas beaucoup écoutés.

L’importation du riz serait la cause de la hausse du prix de cette denrée au plan national ?

Pour nous organisation de défense et des intérêts des consommateurs, nous disons que l’Etat de Côte d’Ivoire a préféré confier la vente de ce produit à des pays comme la Chine, la Thaïlande, le Vietnam, l’Inde et autres. Mais lorsque ces pays connaissent des perturbations, il y a des répercussions sur nous. C’est le cas de l’Inde qui connaît présentement des perturbations en matière de disponibilité de riz pour la consommation de sa propre population. Pour préserver sa consommation locale, ce pays d’Asie du sud a pris une mesure à travers son gouvernement de limiter l’exportation de riz. Cela a créé des disproportions sur le marché mondial, puisque l’Inde détient plus de 40 % de l’approvisionnement du marché mondial.

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L’interdiction des autorités indiennes d’exporter du riz, est-elle la seule raison de la hausse du prix du riz sur le marché mondial ?

Le riz est produit en Chine, en Inde, Vietnam… avec de l’engrais. Et l’engrais vient de l’Ukraine. Nous savons tous qu’avec la guerre, ce pays connaît des perturbations économiques. Donc l’engrais qui sert à produire le riz se fait rare et donc devient plus cher.

La Côte d’Ivoire peut-elle s’engager dans la production intense de riz ?

Oui bien sûr. Notre nation a été gratifiée par dame nature. Nous avons des bas-fonds sur l’ensemble de notre territoire national. Nous avons une bonne pluviométrie. Avant-hier par exemple, il a plu un peu partout dans le pays. Il continue d’ailleurs de pleuvoir. En plus d’avoir une bonne pluviométrie, nous avons une population en majorité jeune donc valide. Qu’est-ce qu’il reste aux autorités d’engager le pays sur la voie de la production rizicole. Il faut tout simplement mécaniser notre agriculture. Car aujourd’hui, notre jeunesse ne peut plus travailler comme au temps de nos ancêtres avec les machettes et les dadas. La mécanisation de l’agriculture permettra aussi de résoudre le problème du chômage qui gangrène notre société. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest en passant par le Centre, il y a des bas-fonds partout.

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Si la Côte d’Ivoire bénéficie d’atouts naturels pour booster sa production, comme vous le dites, qu’est-ce qui explique que le pays se tourne vers l’extérieur pour satisfaire les besoins nationaux ?

A mon avis, c’est parce que l’Etat protège certains intérêts représentés par des groupes privés à qui l’importation de riz est confiée. Sinon, regardons le Niger, regardons le Mali, regardons le Burkina Faso. Ce sont des pays enclavés. Mais ces pays produisent du bétail en grande quantité. Et pourtant, ils n’ont pas assez d’eau comme en Côte d’Ivoire pour faire boire leurs animaux. Ils n’ont pas suffisamment d’herbe fraîche, mais ils arrivent à produire des bœufs et des moutons en grande quantité au point de venir nourrir un pays comme la Côte d’Ivoire qui a de l’herbe fraîche et de l’eau pour faire boire autant d’animaux. Il y a bien un ministère de l’Agriculture dans le pays.
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Concrètement, quelle solution proposez-vous pour que la Côte d’Ivoire parvienne à l’autosuffisance en riz et d’autres produits agricoles ?

La SODERIZ (société de développement du riz) sous Houphouët-Boigny, nous étions autosuffisants en tant que nation en riz. Avec la SODEPRA (société de développement de production animale), nous étions autosuffisants en production animalière. Pourquoi aujourd’hui face à l’augmentation du prix du riz sur le marché international, nous ne pouvons pas revenir à cette politique d’Houphouët-Boigny qui nous a donné satisfaction ? Si l’Etat s’engage dans la production rizicole, c’est le problème du chômage qui est résolu d’une part et d’autre part, des devises qui seront préservées dans les caisses de l’Etat. Car il ne sera plus question de faire sortir de l’argent pour aller chercher du riz sur le marché mondial. Même sur le plan local nous serons capables de vendre du riz sur le marché sous-régional.

Arnaud Houssou

 

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