Société

Journée mondiale de l’albinisme : Ornella Diallo : « Arrêtez de nous voir comme des êtres fantastiques »

Mis à jour le 13 juin 2022
Publié le 13/06/2022 à 11:46 , , ,

Elle est étudiante en licence de droit et mannequin grande taille à ses heures libres. Ornella Diallo, albinos sans complexe, s’est confiée à 7info à l’occasion de la journée internationale de l’albinisme, célébrée le lundi 13 juin 2022.

Vous sentez-vous différente des autres à cause de votre couleur de peau ?

Seule albinos de ma famille, j’ai grandi dans un environnement où je ne me suis jamais sentie différente en raison de ma couleur de peau. Vraiment jamais.

La stigmatisation à laquelle bon nombre d’albinos sont confrontés, l’avez-vous déjà vécue en dehors du cadre familiale ?

Du plus lointain de mes souvenirs je n’ai jamais été victime de stigmatisation ou de discrimination à cause de ma couleur de peau. J’ai toujours été focus sur moi donc ce que les autres font ou disent autour ne m’intéresse vraiment pas.

Une albinos qui n’est pas victime de stigmatisation, c’est vraiment atypique. Dites-nous comment vos parents ont-ils réussi à prendre soin de votre peau ?

Lorsque j’étais enfant, jusqu’à l’âge de 6 ou 7 ans, je me lavais avec du lait de vache et je dois toujours mettre de la crème solaire afin d’éviter les rougeurs. Après mes recherches j’ai découvert que le lait apporte une bonne teinte et fait ressortir l’éclat de la peau. Que vous soyez clair ou albinos le lait va favoriser la bonne santé de votre peau et son éclat.

 

Vous êtes mannequin et modèle de cinéma. Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

Le mannequinat je l’ai débuté suite un shooting photo que l’ami de ma sœur nous avait proposé. Après la publication des photos et des vidéos j’ai eu beaucoup de partenariats par la suite. De fil en aiguille le cinéma et les défilés ont pris le relais, ça s’est fait aussi simplement que cela. Je précise que je suis mannequin grande taille.

Un mannequin grande taille avec une telle couleur de peau. Est-ce que ça ne choque pas ?

 

Au contraire cela réjouit plus d’un parce que ce n’est pas commun de voir des mannequins avec ma teinte de peau parce qu’en général les albinos se cachent. Moi par contre, j’essaie de faire comme tout le monde et je me démarque de par ma peau. Ça fait l’exclusivité chaque fois.

Qu’est-ce qui vous a motivé à vouloir évoluer dans un métier où les projecteurs sont constamment braqués sur vous ?

 

C’est vraiment parce que les albinos ont tendance à se cacher. Donc je voulais être celle par qui ils allaient se reconnaitre, se dire moi aussi je peux faire ça, je suis joli, j’ai tout pour faire ce que je veux et je n’ai plus besoin de me cacher. Et par la grâce de Dieu mes actions ont porté des fruits. J’ai reçu de nombreux messages sur Instagram de jeunes filles albinos qui me disaient qu’elles ne se sentaient pas belles mais grâce à moi elles ont changé de regard sur elles-mêmes. Il y a même des filles qui ont ma corpulence qui m’ont révélé qu’elles étaient complexées par leurs formes mais aujourd’hui elles s’assument.

Etudiante et mannequin. Quelles sont vos rêves à présent et pensez-vous pouvoir les réaliser ?

 

Mon rêve c’est de terminer mes études et être stable financièrement donc je m’attèle à y arriver par l’école et à travers ma nouvelle passion, le mannequinat. Je reste donc focus sur mes objectifs et je les touche du doigt chaque fois que je réalise quelque chose.

Quel message avez-vous pour les albinos victimes de discrimination ?

 

Je leur dirais simplement de plus se concentrer sur eux et de ne pas prendre en compte ce que les autres disent. Cela n’apporte rien de rester focus sur l’avis des autres, il faut juste vivre pour soi et continuer sur sa lancée.

Un message également à l’endroit des parents d’enfants albinos et de la société en général ?

Aux parents je leur demande de prendre soin de la peau de leurs enfants dès le bas-âge car j’ai remarqué que ceux qui complexent sont ceux qui ont des tâches sur la peau. Une fois qu’il y a de l’entretien ça sera facile de s’assumer, je pense que ce serait plus compliqué pour moi si j’avais eu beaucoup de tâches. Que les parents traitent leurs enfants comme des enfants normaux et qu’ils les laissent vivre leur enfance et leur jeunesse.

A la société j’aimerais dire d’arrêter de nous voir comme des êtres extraordinaires ou fantastiques, nous sommes comme vous c’est juste la couleur de peau qui change.

Propos recueillis par Maria Kessé

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