Législatives 2021 Politique

Élections législatives, que fera l’opposition ivoirienne

Mis à jour le 15 janvier 2021
Publié le 15/12/2020 à 7:30 , ,

Après l’élection présidentielle qui a vu son apothéose le lundi 14 décembre avec l’investiture du président réélu, la Côte d’Ivoire va vers un autre rendez-vous électoral : les législatives. Quelle attitude adoptera l’opposition politique face à cet autre scrutin qui arrive à grands pas.

L’échéance était prévue pour se tenir dans le mois de décembre 2020. Mais les troubles qui ont marqué la présidentielle du 31 octobre 2020 ont fait reporter les élections législatives en Côte d’Ivoire. Ce sera en définitive au cours du premier trimestre 2021 que les électeurs se rendront à nouveau dans les urnes pour élire les candidats de leur choix, pour leurs circonscriptions. Pour ces joutes électorales à venir, la participation de l’opposition politique ivoirienne est en question.

Selon Mamadou Traoré, un proche de Guillaume Soro, toute participation de l’opposition doit être subordonnée à une réforme des organes en charge de l’organisation des élections en Côte d’Ivoire.  « L’opposition a contesté la neutralité de la Commission électorale indépendante (CEI) et du Conseil constitutionnel. Or ce sont ces mêmes organes qui, s’ils ne sont pas modifiés ou changés, vont organiser les élections législatives et c’est le Conseil constitutionnel qui va valider l’élection. Donc quelle serait la logique de participer à ces élections à venir?« , s’interroge-t-il.

À en croire ce proche de l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, la cohérence pour l’opposition politique serait qu’elle exige et obtient au préalable du chef de l’État, les réformes en profondeur de la CEI et du Conseil constitutionnel afin que ces structures aient la confiance des politiques.

L’ancienne ministre Danièle Boni Claverie, par ailleurs présidente de L’Union républicaine pour la démocratie (URD) partage cet avis. « Il est impératif que l’opposition démontre une nouvelle fois son unité et prenne une position commune. L’Urd souhaiterait que ce soit dans le sens où nous serions d’accord pour y participer tous. Mais il est évident que nous exigerons la réforme de la CEI et la révision de la liste électorale qui sont des réclamations objectives. On ne peut choisir ses députés avec une participation qui n’atteint pas les 10% ! Le Chef de l’État veut précipiter les choses – il avait envisagé la tenue des législatives au mois de décembre – mais la raison l’amène à envisager la fin du mois de mars. Je souhaite que la sagesse nous habite tous et que ces nouvelles élections ne soient pas l’occasion de se déchirer encore un peu plus. Tant que des discussions ouvertes ne nous auront pas permis de régler un certain nombre de problèmes urgents, ne tirons pas trop sur la corde de peur qu’elle ne se rompe. Le sable est une des armes dont se sert la nature pour combattre l’arrogance du béton », confie-t-elle à 7info.ci.

L’opposition politique significative en Côte d’Ivoire s’est depuis peu gardée de prendre part au processus électoral dans le pays. Certains de ses membres dont les candidatures ont été retenues pour la présidentielle du 31 octobre dernier, ont opté pour le boycott du scrutin et même appelé à la désobéissance civile contre la candidature du président Alassane Ouattara. Plusieurs manifestations en ont résulté avec des dizaines de morts et de nombreux dégâts matériels.

Dr Eddie Guipié est Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo au nord de la Côte d’Ivoire. L’attitude à avoir pour les législatives, la première hypothèse est une participation de l’opposition toutes tendances confondues pour essayer de rééquilibrer le jeu électoral, et la seconde serait de se maintenir dans la posture de non-participation.

Selon cet expert ivoirien des questions politiques, pour l’opposition tant que le jeu électoral n’est pas transparent, et pas ouvert, elle pourrait le cas échéant boycotter ces élections.

« L’opposition politique réclame des conditions qui, pour elle, ne sont transparentes. La logique voudrait que si les conditions n’ont pas varié, que l’opposition maintienne sa position de boycott quant au processus électoral. Pour l’opposition tant que le jeu électoral n’est pas transparent, et pas ouvert, elle pourrait le cas échéant boycotter ces élections« , analyse-t-il.

Mais il précise que dans un autre sens, les adversaires d’Alassane Ouattara pourraient aussi revenir dans le jeu électoral. « L’opposition pourrait opter pour une participation en se disant : il est vrai que nous ne sommes pas allés à la présidentielle, mais on peut obtenir une majorité à l’Assemblée nationale, en faisant une sorte d’union sacrée par exemple entre le FPI et le PDCI-RDA pour avoir une majorité au parlement. Et le cas échéant, contraindre le chef de l’État à une cohabitation », fait savoir Dr Eddie Guipié.

Si jusque-là aucune position commune ou individuelle n’est encore connue du côté de l’opposition, le RHDP, parti au pouvoir invite déjà ses cadres à préparer ces échéances électorales.

Richard Yasseu
7info.ci

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