Politique

Dialogue politique, l’application des recommandations se fait attendre

Mis à jour le 4 mai 2022
Publié le 04/05/2022 à 3:00 , , , ,

En principe, avec la signature par tous, des résolutions de la 5e phase du dialogue politique, l’application des recommandations devrait être accélérée. Mais ce n’est pas encore le cas. Deux mois après, des voix s’élèvent pour le décrier.

« Quelque chose cloche…et la route n’est pas bonne… », s’inquiète Jean Blé Guirao, le secrétaire général de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) dans une publication sur sa page Facebook, le mercredi 04 mai 2022. Le numéro 2 du parti que dirige l’ancien ministre Mabri Toikeusse réagit ainsi au silence observé dans la suite du dialogue politique deux mois après la signature du communiqué final.

Du 16 décembre 2021 au 04 mars 2022, le gouvernement, les partis politiques et des organisations de la société civile se sont réunis sur une table de discussions pour échanger sur des questions socio-politiques brûlantes du pays.

Après quatre mois de discussion, ils se sont accordé sur plusieurs points, certains sur la réconciliation nationale, le retour des exilés et d’autres sur l’organisation des élections dans le pays impliquant une réforme de la commission nationale électorale. Le communiqué final qui a sanctionné les rencontres a été signé par toutes les parties prenantes le 04 mars 2022. Mais deux mois après, l’application des résolutions prises tarde.

A LIRE AUSSI: Dialogue politique, les points d’accord entre gouvernement et opposition

« Nous sommes le 04 mai 2022 ; c’est-à-dire deux mois après la cérémonie de signature ; aucun acte arrêté n’a connu un début d’application ou de solution…même le début avec la mise en place du cadre de suivi…rien…Et pendant ce temps, tous crient et parlent de paix dans leurs prières…Et maintenant on s’apprête pour lancer l’organisation des journées nationales de la paix le 15 novembre 2022 pendant que l’on nargue son opposition…est ce mauvais ou un crime d’être une opposition citoyenne ; civilisée et résolument tournée vers la recherche de la paix et de la cohésion sociale ? », s’interroge Blé Guirao. Pour lui, « la route empruntée est mauvaise…la route n’est pas bonne… ».

Le secrétaire général de l’UDPCI n’est pas le seul à faire la remarque sur les conclusions du dialogue politique. Déjà le 16 mars 2022, Simone Ehivet Gbagbo, l’épouse de l’ancien président ivoirien était revenue sur le sujet. Elle dénonçait une absence de chronogramme pour l’application des conclusions. « Le mécanisme de suivi des recommandations de cette session du dialogue politique n’a pas été indiqué. Le rapport s’est contenté de mentionner la décision de mise en place d’un cadre de suivi des recommandations, sous l’autorité unilatérale du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité », avait fait remarquer l’ex-première Dame.

A LIRE AUSSI: Dialogue politique, Simone Gbagbo critique l’absence de mécanisme de suivi des recommandations

De l’avis des observateurs, le silence observé est opposable à l’exécutif. C’est aussi ce que pense Dr Eddie Guipié, enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo dans le nord de la Côte d’Ivoire.

« Il est vrai que l’exécutif n’a pas encore commencé à appliquer les conclusions du dialogue. Mais il faut remarquer que l’opposition ne se manifeste pas beaucoup sur la question. Il faut se demander si elle a communiqué les recommandations à ses militants pour que ces derniers se l’approprient. En tout état de cause, il faut savoir que tout est à la discrétion du pouvoir. C’est au pouvoir que la tâche incombe de faire bouger les choses par les moyens dont il dispose, à savoir les décrets, les ordonnances ou même faire des projets de loi sur la question. Mais ce qui serait intéressant et rassurant pour les Ivoiriens est d’établir un chronogramme d’application pour montrer qu’on tient à ces résolutions retenues pendant ces longs mois de discussion. Et même ne pas s’arrêter à un dialogue politique limité dans le temps. Il faudrait en faire un dialogue permanent puisqu’il contribue à décrisper l’environnement sociopolitique du pays. Rappelons-nous les promesses faites par les présidents Ouattara et Gbagbo lors de leur rencontre. Ils avaient indiqué qu’ils continueraient à se revoir et qu’ils allaient ajouter le président Bédié. C’est à cela qu’il faut tendre », préconise l’universitaire joint par 7info.

21 partis politiques et 26 organisations de la société civile avaient signé le communiqué final.

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE