Politique

Bédié et Affi se braquent, KKB déterminé à compétir, et maintenant ?

Mis à jour le 24 septembre 2020
Publié le 24/09/2020 à 5:57

Que pourrait-il se passer désormais en Côte d’Ivoire avec la décision prise par les candidats Henri Konan Bédié et Affi N’Guessan, de suspendre leur participation à l’élection présidentielle ? Selon des observateurs, plusieurs schémas s’offrent désormais à la Côte d’Ivoire.

La décision est tombée comme une surprise. Le dimanche 20 septembre 2020, au moment où des partis membres de l’opposition s’unissaient pour parler d’une même voix, le candidat Henri Konan Bédié annonçait la suspension de sa participation au scrutin prévu fin octobre prochain. La raison ? La candidature du président sortant Alassane Ouattara qui en fin de son second mandat, veut se succéder à lui-même.

48 h plus tard, c’est le président du Front populaire ivoirien (FPI) Pascal Affi N’Guessan dont le dossier de candidature a également été approuvé pour prendre part à la présidentielle qui emboîtait le pas au leader du PDCI-RDA. Tout comme Henri Konan Bédié, Affi N’Guessan dit agir ainsi pour empêcher la candidature d’Alassane Ouattara, perçue comme anticonstitutionnelle.

A lire aussi: GAGNOA, L’INSPECTRICE DEPARTEMENTALE DU PDCI ENLEVEE

Pour Dr Eddie Guipié, Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo dans le nord de la Côte d’Ivoire, trois hypothèses s’offrent désormais à la Côte d’Ivoire. « Plusieurs hypothèses peuvent être formulées. La première est que, le chef de l’État au vu des revendications de la quasi-totalité de l’opposition, reconsidère sa position. Qu’en lieu et place du fait qu’on organise les élections à la date constitutionnelle, il prenne une décision présidentielle, je dis bien une décision et non un décret, pour interrompre le processus électoral et remettre le compteur à zéro au vu de certaines circonstances exceptionnelles. Non pas pour satisfaire les revendications de l’opposition directement, mais pour s’entendre sur un minimum relativement à ce scrutin qui présente les signes d’un scrutin à risque« , analyse pour 7info.ci le politologue ivoirien.

Selon l’universitaire, la deuxième hypothèse serait que le candidat Kouadio Konan Bertin dit KKB, rallie l’opposition pour que cette dernière fasse l’unanimité autour des revendications. Car soutient-il, KKB a une « position assez ou peu enviable, car il peut tanguer dans un camp comme dans l’autre ».

S’agissant de la troisième hypothèse, Dr Eddie Guipié avance l’idée du refus du chef de l’État ivoirien quant aux revendications de l’opposition par rapport au maintien des dates constitutionnelles ainsi que le code électoral. Le scrutin alors, dit-il, « verrait soit Alassane Ouattara seul au cas où KKB finirait par rallier l’opposition, ou bien Alassane Ouattara face à KKB pour le scrutin présidentiel ».

 Ouattara face à KKB, quelle légitimité ?

« Une chose est la légalité qui est le strict respect des règles, et une autre chose est la légitimité. Le candidat Kouadio Konan Bertin, est l’objet de beaucoup d’interrogations sur sa candidature notamment les conditions dans lesquelles il a déposé son dossier. Des voix lui reprochent d’avoir déposé directement ses parrainages au Conseil constitutionnel et non à la CEI en plus des interrogations sur l’obtention de ses parrainages, là où des leaders de l’opposition bien représentatifs n’ont pu les obtenir ». Pour Dr Eddie Guipié, « aller aux élections avec un tel candidat qui n’a été élu qu’une seule fois député, il est clair que c’est par des scores soviétiques pour le candidat Ouattara. Ce serait gênant ».

En plus de suspendre leur participation au scrutin d’octobre prochain, ces leaders de l’opposition contestent aussi les conditions actuelles de l’organisation de l’élection. Les présidents du PDCI et du FPI appellent à la désobéissance civile. Dr Fofana Mémon Enseignant-chercheur en Sociologie craint pour la cohésion sociale. « L’on assiste à des positions tranchées qui ne sont pas rassurantes pour la cohésion sociale. C’est la paix sociale qui est ainsi mise à mal. La participation de Affi et Bédié allait aider à consolider des liens. Mais avec cette décision, l’on se rend compte que la paix est encore loin », se désole l’expert ivoirien.

Richard Yasseu

7info.ci

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE