Société

Suspension de RFI et France 24 au Mali, la France condamne une atteinte à la liberté de la presse

Mis à jour le 18 mars 2022
Publié le 18/03/2022 à 2:30 , ,

L’annonce de la suspension de France 24 et de RFI par Bamako, n’est pas du goût des autorités françaises, pour qui c’est le signe d’un avenir incertain au Mali.

C’est « le signe d’une course en avant vers le pire », a commenté Emmanuel Macron le jeudi 17 mars 2022. Le président français s’exprimait sur la décision des autorités maliennes d’engager des procédures pour suspendre l’émission sur leur territoire national, l’émission de la chaîne de radio RFI et la chaîne de télévision France 24.

Selon Macron, il s’agit d’une décision « grave » qu’il « condamne avec la plus grande fermeté ». Il estime en outre que c’est « une décision totalement contraire aux valeurs que portent le peuple malien et le Mali depuis son indépendance ».

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« J’en appelle à la Cédéao, l’organisation régionale, et à l’Union africaine pour prendre les décisions qui conviennent, et que la France appuiera comme nous l’avons fait à chaque fois…pour que, à la fois les violences et…la fermeture, le déni de l’information et du droit des journalistes à librement informer puisse cesser », a ajouté Emmanuel Macron.

Bamako reproche à ces médias la divulgation de fausses allégations faisant état d’exactions commises par les Forces armées maliennes (FAMa) contre des civils, de violation des droits de l’homme et du Droit international humanitaire. Des accusations ‘’sans fondement’’ qui ont été diffusées courant le mois de mars 2022, mais à différentes occasions. La première date du 08 mars à Genève, à l’occasion d’une déclaration de Michelle Bachelet, Haute commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme. « J’exhorte à nouveau les autorités maliennes à briser le cycle de l’impunité et à mener des enquêtes rapides, approfondies, impartiales et efficaces sur toutes les allégations de violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits, y compris celles commises par l’armée », déclarait déjà le 29 juin 2021 à Genève, la responsable des Droits de l’homme aux Nations Unies.

Par la suite, le 14 mars 2022, dans un reportage, RFI aurait donné la parole à des victimes présumées d’exactions qui auraient été commises par l’armée malienne et le groupe russe Wagner. Un angle de traitement de l’information qui n’a pas été du goût du gouvernement d’Assimi Goita. Pour terminer, un rapport de Human Right Watch, publié le 15 mars, faisait état d’une « vague d’exécutions de civils » et de pillages opérés par les FAMa et les djihadistes, faisant « au moins 107 morts civils » depuis le mois de décembre 2021. Autant de faits qui portent à croire en tout cas pour la junte malienne au pouvoir, qu’une cabale préméditée viserait à déstabiliser la Transition, démoraliser le peuple et par la même occasion discréditer l’armée.

Selon le communiqué du gouvernement malien, ces agissements de RFI et France 24 ressembleraient trait pour trait à ceux joués par la radio ‘’Mille collines’’ dans le déclenchement du génocide au Rwanda en 1994.

Au ministère des Affaires étrangères français, l’on estime que la décision de Bamako est une atteinte à la liberté de la presse. « Ces mesures constituent des atteintes graves à la liberté de la presse. La France condamne fermement, par respect pour la mémoire des victimes du génocide des Tutsis au Rwanda, l’amalgame inacceptable et irresponsable fait par les autorités de transition avec la Radio Mille Collines, dans leur communiqué officiel du 16 mars 2022. La France réaffirme son engagement constant et déterminé en faveur de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de la protection des journalistes et de tous ceux dont l’expression concourt à une information libre et plurielle et au débat public, partout dans le monde. Elle exprime par ailleurs son inquiétude face aux graves allégations d’exactions qui auraient été commises dans le centre du pays, qui ont été documentées de manière indépendante, et qui ne sauraient être passées sous silence », mentionne un communiqué du quai d’Orsay.

Les relations entre la France et le Mali ne sont plus aux beaux fixes. Elles se sont détériorées depuis 2020 avec la prise du pouvoir par les militaires après un coup d’État d’abord contre feu le président Ibrahim Boubacar Kéita, puis un autre coup contre le gouvernement de transition mis en place en vue d’un retour rapide du pays à l’ordre constitutionnel.

L’un des clous de cette dégradation des relations Paris-Bamako est l’expulsion de l’ambassadeur français au Mali par les militaires au pouvoir. Un acte qui a été suivi de l’exigence la junte de retrait du territoire malien de la force Barkhane engagée au sahel contre le terrorisme.

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