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LIBRE EXPRESSION / DECRYPTAGE DU VIè CHOISEUL AFRICA SUMMIT QUI SE TIENDRA LES 4 ET 5 MAI 2018 A ABIDJAN, EN CÔTE D’IVOIRE

Mis à jour le 27 mai 2018
Publié le 27/05/2018 à 4:29

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Aujourd’hui, chacun le reconnaît, la Côte d’Ivoire, depuis avril 2011, a retrouvé le chemin de la croissance et, malgré la crise du cacao, tous les indicateurs économiques sont au vert. Les indicateurs sociaux n’affichent pas la même couleur. Une grogne sociale perdure depuis le début de l’année 2016 avec, en particulier, les émeutes de l’électricité et les revendications de certains militaires. La BAD annonce, en Côte d’Ivoire, entre 70 et 90 % de chômage, si l’on inclut l’économie informelle et les emplois précaires. Pourtant, le gouvernement a créé près de 2 millions d’emplois depuis 2011. Une évidence constatée par la Banque mondiale et le FMI, la croissance n’est pas suffisamment inclusive. Pour beaucoup d’observateurs, les ponts et les routes qui se construisent ne donnent pas à manger aux assiettes des Ivoiriens, alors que s’affiche l’enrichissement insolent de certains. Les orientations néolibérales décidées par Ouattara ont permis à la Côte d’Ivoire de retrouver le chemin d’une croissance forte et durable. Le pays est redevenu le fer de lance de l’économie de l’Afrique de l’Ouest. Un état d’esprit entrepreneurial commence à imbiber la société ivoirienne, un leadership féminin, dont témoigne un magazine comme Blamo’O créé par une Ivoirienne, s’affirme. Mais, la Côte d’Ivoire, comme l’Afrique francophone, et elle est très en retard en cela par rapport à l’Afrique anglophone, reste encore prisonnière de l’état d’esprit du vieux monde. Nombreux sont encore ceux qui pensent que l’on ne peut faire carrière et s’enrichir qu’à travers la politique ou l’administration.

            Une urgence : la promotion de l’entreprise.

      Afin de faire face à l’immense défi de la création d’emplois en Afrique, il est urgent, selon les bailleurs de fonds,  de faire la promotion de la création d’entreprises. Le directeur Afrique de l’Organisation internationale du travail (OIT), Aeneas Chuma,  affirmait : « Au cours de la prochaine décennie, les principaux débouchés économiques viendront des Africains qui montent des entreprises, créent des emplois et de la richesse, et saisissent des opportunités de croissance ». On considère qu’en Afrique subsaharienne, 60 % des 18-35 ans pourraient monter leur entreprise et créer ainsi un réseau dense de PME, à la fois créatrices d’emplois et en capacité d’assurer la transformation de la matière brute (bois, cacao, or, diamant, etc.).Si l’esprit entrepreneurial existe chez les jeunes africains, en réalité, la création d’une entreprise est surtout perçue comme une stratégie de survie et non pas comme un véritable projet pour faire des affaires. D’ailleurs, les obstacles qui se dressent devant le créateur d’entreprise sont nombreux : les freins administratifs, la difficulté à accéder à des financements, l’absence de services d’accompagnement. Tout se passe comme si le vieux monde, encore aux mains des aînés, refusait d’accompagner les jeunes générations dans ce qu’il convient d’appeler une véritable révolution culturelle : ne pas choisir d’entrer dans la fonction publique ou en politique pour aller dans le secteur privé et vers la création de sa propre entreprise. Les grandes orientations du gouvernement doivent aller vers la libération des initiatives et des énergies à travers la libéralisation de l’économie, ce qui suppose la création d’un environnement et d’un climat favorables aux affaires. L’entrepreneuriat est, en effet, l’arme antichômage pour les Africains, jeunes et moins jeunes.

            Le faux problème du hiatus entre le système éducatif

            et les besoins du secteur privé

            Ibrahima Guèye, secrétaire général du ministère sénégalais de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, souligne que « les jeunes diplômés sont les plus touchés par le chômage du fait de l’incohérence entre les filières proposées et les besoins des employeurs, ainsi que par le manque de stimulation des capacités entrepreneuriales dans les cursus ». Il faut surtout retenir, dans les propos d’Ibrahima Guèye, « le manque de stimulation des capacités entrepreneuriales dans les cursus », c’est-à-dire l’acquisition des compétences qui font de chaque étudiant, peu importe son cursus, – littéraire, scientifique ou technique -, un futur chef d’entreprise capable de créer des emplois. Le vrai problème se situe du côté du manque de moyens dont disposent les systèmes éducatifs africains, en particulier l’université publique et l’enseignement professionnel.

            Le secteur privé au service de la promotion de l’entrepreneuriat

            Les États africains, et tous les secteurs sont concernés, doivent mettre en place des PPP (partenariats publics privés) dans le secteur de l’éducation, non pas pour construire des universités, mais pour financer des formations « professionnalisantes » destinées au développement d’un écosystème de PME et de PMI. Déjà, de nombreuses sociétés, comme Orange, accompagnent des start-up du monde digital ou financent des incubateurs. Des mécènes privés, comme les milliardaires nigérians Tony Elumelu et Alhaji AlikoDangote, à travers leurs fondations, accompagnent des centaines de projets. Des institutions comme la BAD multiplient les initiatives, afin de favoriser l’esprit entrepreneurial. Les contrats obtenus par les entreprises étrangères doivent inclure systématiquement des obligations de transfert de compétences et de technologies vers les sociétés africaines.

            Le VIè Choiseul Africa Summit à Abidjan

        C’est dans ce conteste de promotion de l’esprit entrepreneurial que va se dérouler, à Abidjan, les 4 et 5 mai 2018, le VIè Choiseul AfricaSummit. L’Institut Choiseul est un think tank indépendant dédié, entre autre, à l’analyse de la gouvernance économique mondiale. La notoriété de l’Institut Choiseul lui permet de publier, chaque année, un classement qui fait autorité des acteurs de l’économie africaine de moins de 40 ans : le Choiseul 100 Africa, devenu un véritable identificateur de talents. L’Afrique évolue, son économie change sous l’impulsion des nouvelles générations reconnues au plan international, comme en témoignent les Choiseul AfricaSummits organisés chaque année (Paris, Marrakech, Le Caire, Alger). LeVIè Choiseul AfricaSummit réunira à Abidjan plus de 300 acteurs de l’économie africaine. Tous s’attachent à bâtir l’Afrique d’aujourd’hui et à imaginer celle de demain, une Afrique désormais imbibée de l’esprit d’entreprise et connectée à la planète entière.

Christian Gambotti


Agrégé de l’Université, Christian Gambotti a été le Directeur général de l’Institut Choiseul. Il est aujourd’hui le Conseiller spécial du Président de l’Institut Choiseul, Pascal Lorot, en charge de l’Afrique. Il a rejoint, comme Directeur général, la société Easy Concept For You, spécialisée dans l’accompagnement de projets innovants en Afrique. Il préside le think tank Afrique & Partage et dirige la collection L’Afrique en marche. Il est aussi chroniqueur dans de nombreux journaux et magazines et conseiller éditorial (L’Intelligent d’Abidjan, Afriki Presse, Pôle Afrique.Infos, Blamo’O).

 Il publiera dans les prochaines semaines deux livres sur l’Afrique : L’Afrique aujourd’hui – Au-delà des clichés et Chroniques africaines du Lundi (en co-édition avec L’Intelligent d’Abidjan).

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