Société

La Banque mondiale sanctionne un pays pour une loi anti-homosexualité, des observateurs dénoncent

Mis à jour le 24 août 2023
Publié le 09/08/2023 à 4:00 , , , ,

Plus de nouveaux financements de projets. Dans ce pays, la Banque mondiale a décidé de couper les vivres. En cause, l’adoption d’une loi contre la pratique de l’homosexualité sur son territoire. La décision de la Banque mondiale suscite des réactions.

 

 

« Nous estimons que notre objectif d’éradication de la pauvreté dans une planète vivable n’est atteignable que s’il inclut tout le monde, quelle que soit l’ethnie, le genre ou l’orientation sexuelle. Cette loi remet en question ces efforts », lit-on dans un communiqué de la Banque mondiale publié le mardi 8 août 2023.
Le pays visé par cette interruption de nouveaux financements de projets est l’Ouganda. Ce pays africain dirigé par le président Yoweri Museveni, et situé dans la région des Grands lacs a adopté le 29 mai 2023, une loi contre la pratique de l’homosexualité sur son territoire. Selon le texte appelé ‘’loi anti-homosexualité 2023’’, de lourdes peines sont prévues à l’encontre des personnes qui ont des relations homosexuelles ou qui font la promotion de la pratique. La peine de mort peut même être appliquée dans le cas « d’homosexualité aggravée » qui est crime dans ce pays.

Pour l’institution financière mondiale, cette loi est considérée comme l’une des plus répressives au monde en la matière. Aussi, décide-t-elle qu’aucun nouveau financement public pour l’Ouganda ne sera présenté à son conseil d’administration. Sur le continent africain, la position de la Banque mondiale contre l’Ouganda fait réagir.

Abdoulaye Villard Sanogo, est un journaliste ivoirien. Selon lui, les cultures occidentales et africaines ne sont pas les mêmes et ne sauraient donc admettre certaines pratiques, chacune en ce qui les concerne.

« La Banque mondiale regroupe toutes les cultures. Il n’y a pas que la culture occidentale. À la Banque mondiale, on trouve aussi des pays africains. Pourquoi on tient à faire prévaloir la culture européenne, la culture occidentale sur la culture africaine ? Il faut aujourd’hui que dans les nouvelles relations, qu’on tienne compte des spécificités des uns et des autres. En Afrique, notre spécificité nous dit de ne pas s’adonner à la pratique de l’homosexualité. Nous ne sommes pas là pour ça. De la même façon qu’en occident il n’est inconcevable qu’un homme soit polygame, c’est de cette même manière que chez nous en Afrique, on ne peut pas accepter qu’un homme aille avec un homme ou qu’une femme aille avec une femme. C’est un problème culturel. Je suis africain et dans ma culture, on ne peut pas laisser un homme aller avec un autre homme », commente le confrère pour 7info qui l’a joint.

 

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La loi n’est pas du goût de nombreux pays occidentaux. Notamment des Etats-Unis. Le pays du président Biden avait demandé fin juillet 2023 au président de la Banque Mondiale de suspendre tout prêt actuel et à venir » en direction de l’Ouganda jusqu’au retrait de la loi.

Dr Yao Albert est enseignant-chercheur en Sociologie à l’université Lorougnon Guédé de Daloa, dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire. « La décision de la Banque mondiale ne saurait se justifier », fait-il remarquer.

« Cette décision de la Banque mondiale ne saurait se justifier avec l’argument que cette institution a avancé. Pour notre part, à moins d’une imposition d’une pratique occidentale au monde entier, on ne saurait soutenir un tel argument. Au nom de quels principes sociologiques une institution devrait-elle imposer sa vision du monde à un pays ? » , analyse-t-il pour 7info.

Selon l’universitaire ivoirien, l’Ouganda dont il est question, a plus de 85 ℅ de sa population qui est chrétienne. Si ce principe est pris en compte, dit-il, on dira que l’acte de l’Ouganda ne vise qu’à appliquer les textes Bibliques.

« Le pays cherche à se régir à partir des lois issues de la Bible comme c’est le cas dans les pays arabes qui utilisent les principes coraniques pour régir leurs nations. C’est vrai que le monde aujourd’hui n’est qu’un grand village. Mais un principe anthropologique reconnaît la spécificité de chaque peuple. Le peuple Ouganda a sa spécificité… Même si nous restons dans un principe hors des lois et des principes religieux, chaque pays a le droit et le devoir d’organiser la vie de ses citoyens selon des orientations qui lui sont propres », conclut Dr Yao Albert.

 

Richard Yasseu 

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