Politique

Interview / Lacina Karamoko, président de Lider : « Les opposants au RHDP sont des mythomanes opportunistes »

Mis à jour le 9 septembre 2019
Publié le 09/09/2019 à 5:21 , , , , ,

Moins d’une semaine après la formation du nouveau gouvernement ivoirien, critiqué par une partie de l’opposition, le président de Liberté et démocratie pour la République (LIDER), Lacina Karamoko, proche du RHDP, sort de sa réserve dans cette interview.

La Commission électorale indépendante (CEI) a connu certaines reformes mais une partie de l’opposition avec à sa tête le Parti démocratique de Côte d’Côte (PDCI) d’Henri Konan Bédié et Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) d’Armand-Ouégnin, soutient que ces réformes ne garantissent en rien la tenue d’élections crédibles. Qu’en pensez-vous?

La CEI dans son ancienne formule avait été mise en place sous le président Laurent Gbagbo. L’EDS et le PDCI émettent des critiques aujourd’hui, alors que ces mêmes critiques étaient valables hier. Lorsque le président Gbagbo usait de son pouvoir discrétionnaire pour nommer les présidents de la CEI, ils étaient muets comme une carpe. Pour mémoire, il y a une affaire dans laquelle Beugré Mambé à l’époque président de la CEI était impliqué, le président Gbagbo l’avait alors fait remplacer par Youssouf Bakayoko. C’était le président de la République en son temps qui avait nommé Youssouf Bakayoko sans que personne ne bronche. Aujourd’hui, passées à l’opposition, à nouveau, certaines personnes se réclamant de lui, notamment celles militant à l’EDS commencent à émettre des doutes en ce qui concerne la recomposition de la CEI.

L’opposition affirme que l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples n’a pas été entièrement exécuté. N’est-ce pas là le vrai problème ?

L’arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples a été exécuté entièrement, et tous les partis politiques ont pris part aux discussions. Nous ne comprenons pas cette opposition qui veut qu’on fasse toujours ce qui est bon pour elle. Elle veut toujours imposer sa façon de voir et de fonctionner aux autres. Bon ! Ils jouent leur rôle d’opposants mais le pourvoir a quant à lui le devoir de faire ce qui est bon pour la nation. L’opposition peut dire ce qu’elle veut. Mais, la preuve de l’exécution de cet arrêt se situe dans le fait que l’Union Africaine a félicité la Côte d’Ivoire pour les réformes. Si ceux qui ont demandé ces réformes sont satisfaits, pour nous, c’est l’essentiel. Je demande à cette opposition de se rendre sur le terrain pour prouver sa soi-disant majorité.

Vous insinuiez donc que l’opposition est minoritaire ?

L’opposition n’est pas majoritaire. Dans un passé récent, j’étais dans cette opposition. J’étais assis autour de la table de toutes les réunions en son temps. Si elle avait une majorité signifiante, elle se serait opposée par la voie des urnes à la tenue du référendum. Cette opposition est en train de s’effriter et chaque jour elle perd des membres importants. C’est pourquoi aujourd’hui elle fait dans la délation. Il faut qu’elle ait le courage de dire qu’elle n’est pas majoritaire au lieu de prendre la CEI comme bouc émissaire de ce qui pourrait arriver à la Côte d’Ivoire.

A vous entendre, on a l’impression que l’honnêteté manque  dans la vie politique ivoirienne.

Oui, l’honnêteté manque d’ancrage. Nous connaissions le mode de fonctionnement de cette opposition à laquelle nous appartenions dans un passé récent. Lorsqu’on met une stratégie en place et qu’on n’arrive pas à atteindre son objectif, on change de stratégie en dénonçant certaines choses. C’est faire preuve de mauvaise foi.  C’est ce qui a motivé l’entrée de Lider au RHDP.

Vous qui êtes si engagé pour la victoire du RHDP à l’élection présidentielle de 2020, n’avez-vous pas été frustré suite la publication des membres du nouveau gouvernement dans lequel votre formation politique n’occupe aucun portefeuille ministériel ?

On ne crée pas un parti politique rien que pour devenir ministre. On crée un parti politique pour prendre le pouvoir d’Etat. Nous, nous appartenons à un groupement politique appelé le RHDP. Tous les ministres du gouvernement sont presque tous issus de là. Mais nous ne disons pas qu’il faille forcement être au gouvernement pour pouvoir apporter quelque chose à son pays. On peut le faire à tous les niveaux. Ce n’est pas en étant ministre qu’on peut forcement servir son pays.

Certains opposants et des organisations de la société civile estiment pléthorique le nombre de ministres. Quel est votre avis ?

J’ai vu un ancien président de l’Assemblée Nationale (Mamadou Koulibaly 2000-2012) se prononcer sur le nombre de ministres. Ce n’est pas à lui de le faire, lui qui a gardé par devers lui 100.000.000FCFA sans avoir injecté un radis dans le parti. Il est mal placé pour donner des leçons. Moi à sa place cet argent, je l’aurais donné au peuple. J’ai aussi  vu un ancien ministre qui était au RHDP se prononcer sur le nombre des ministres. Je dis que ceux sont des mythomanes opportunistes. Ces gens sont des opportunistes qui saisissent la balle au bond pour distraire les Ivoiriens et surtout remonter nos populations contre le Président Alassane Ouattara. Ils doivent lire le communiqué qui a précédé la publication des membres du gouvernement. Il a été dit que c’est un gouvernement de mission et de combat.

En son temps également, en 2003 après les accords de Marcoussis, on a vu le nombre pléthorique de ministres dans le gouvernement. Tous les partis politiques y avaient une place. Le Premier Ministre n’était plus choisi par Laurent Gbagbo, ce sont les circonstances qui ont imposé cela. Aujourd’hui, le gouvernement a été formé en fonction des objectifs sociaux, économiques, politiques, à atteindre par le Président Ouattara. Une fois que ce programme social sera terminé, et que les objectifs seront atteints, vous verrez que nous aurons moins de ministres. C’est en fonction des objectifs qu’on nomme les ministres.

Prenez le cas de la République Démocratique du Congo, ce pays sort d’une longue crise; raison pour laquelle le gouvernement est composé de 60 ministres.  Quant à ceux qui critiquent le gouvernement, particulièrement l’ancien directeur général des douanes (Gnamien Konan), il a été au gouvernement et nous l’avons tous vu à l’œuvre. Qu’a-t-il apporté de plus ? Il s’est retourné contre son bienfaiteur Laurent Gbagbo après s’être enrichi à la direction générale des douanes.

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Arnaud Houssou

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