Analyses

EDITO/ Couverture maladie universelle, difficile enrôlement ! / Par Adam’s Régis SOUAGA

Mis à jour le 20 janvier 2020
Publié le 20/01/2020 à 12:40 , , , , ,

Bouaké, centre culturel Jacques Aka, une longue file de personnes pour l’enrôlement à la couverture maladie universelle est visible. Les agents en charge de cette opération technique sont dans un trois pièces, sur le bâtiment du BURIDA, dont une petite salle d’attente qui ne prend que six à huit requérants. La grande salle sert aux trois opératrices d’enregistrement.

A Korhogo, c’est la préfecture de région qui offre des bureaux à l’équipe déployée dans le Poro. A Man, c’est dans les locaux de la sous-préfecture. Odienné a le complexe socio-culturel comme centre d’enrôlement de la population avec quelques rondes organisées de temps en temps. A quand les sous-préfectures et villages rattachés ?

A Abidjan, c’est la même galère avec des centres disposés uniquement dans des mairies et autres sites à peine connus. Pour s’y rendre, il faut souvent se lever de très bonne heure pour s’entendre dire que les fiches sont finies.

« Au départ, les dimanche, il y avait des équipes tournantes qui sillonnaient les quartiers » fait savoir un jeune des Deux Plateaux.

« En vérité, il y a un déficit de matériel » soutient une source administrative qui préconise une « multiplication » des sites avec un accroissement du matériel.

Après les atermoiements ministériels, administratifs, pour tenter de gripper la machine sociale proposée par Alassane Ouattara dans son projet de société, il a fallu la prise en mains du dossier par le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly pour produire des avancées sur la CMU.

Bamba Karim n’en demandait pas mieux, lui qui depuis des années était confronté aux doutes et petits tacles de ses hiérarchies ministérielles et conseil d’administration. Il a pu pousser un ouf de soulagement. Mais, la machine est encore lente quoique les ivoiriens, qui hésiteraient, ont pris à bras le corps le projet.

Les tentatives de dissuasion, de diabolisation du projet, tout y est passé. Et maintenant que des bénéficiaires se rendent compte que la couverture maladie universelle est bien réelle et bénéfique, difficile de s’enrôler.

La CMU n’a pas la main sur le volet technique ni sur la communication autour de ce projet novateur et ambitieux dont la pleine réussite sera un bon point pour Alassane Ouattara. Ce n’est plus l’opposition qui tente de freiner l’initiative, les freineurs démasqués ayant été éjectés du système, mais les opérateurs techniques.

A l’allure de ce fonctionnement, il faudrait bien des années pour enrôler tous les potentiels bénéficiaires. Quand le gouvernement confie une opération à une expertise extérieure, c’est le branle-bas de combat chauviniste ! Or, sur des enjeux de gouvernance, avec des résultats immédiats à atteindre, il faut bien pouvoir faire la part des choses et confier le job à celui qui est bien capable de mener la barque à bon port. A court terme. Pour le moment, ce n’est pas le cas avec des centres uniques pour de grandes villes.

Pour l’heure, pour une grande ville comme Bouaké, un seul centre d’enrôlement démontre soit un sabotage soit un manque de sérieux dans la conduite opérationnelle de l’enrôlement.

L’INS, l’institut national de la statistique, avec son expérience dans le recensement, aurait pu conduire cette opération vite fait bien fait avec de l’emploi à la clé pour des milliers de jeunes.

Le constat est implacable, il est difficile de s’enrôler tandis que la maladie, elle n’attend pas. Le Premier Ministre et son conseiller technique désigné pour le suivi de la politique de la couverture maladie universelle, gagneraient à fouetter l’opérateur technique pour plus de dynamisme. Il faut aux équipes sortir du fonctionnariat et travailler au maximum tous les jours comme lors des opérations RGPH.

La communication elle aussi, laisse à désirer pour une opération d’envergure nationale. Tous les supports possibles à disposition devraient être mis à contribution pour ne pas laisser un habitant de ce pays, les ivoiriens en premier, en rade. Il y va de leur santé et bien-être.

Aujourd’hui, c’est le bénévolat des ivoiriens qui concourt à sauver des vies dans des cliniques et hôpitaux du pays. Que fait l’Etat alors ? Pour toucher tous les ivoiriens des villes, villages et hameaux les plus reculés, comme les politiciens savent si bien le faire pendant les élections, il faudrait que l’Etat se donne les moyens pour ne pas laisser un seul ivoirien hors du système de prise en charge de la couverture maladie universelle. Pour l’heure, l’enrôlement pour la CMU ressemble à la montée d’une pente très raide et glissante.

Par Adam’s Régis SOUAGA

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