Société

Des élèves de Man volent au secours des agents des Eaux et Forêts

Mis à jour le 31 mai 2019
Publié le 31/05/2019 à 6:52 , , ,

La direction régionale des eaux et forêts sensibilise la population du Tonkpi sur la déforestation et les effets du changement climatique.

Le thème de cette rencontre populaire était ‘’la déforestation et le changement climatique : mythe ou réalité, enjeux et perspectives’’.

Un projet intitulé « un élève, un arbre »  conçu par le fils du Directeur Régional, Wilfried Djan a  été lancé au collège moderne des jeunes filles Dominique Ouattara en présence des élèves, autorités administratives, politiques, militaires et coutumières. Pour l’initiateur du projet, c’est pour aider les agents des eaux et forêts à lutter contre la déforestation et le changement climatique. « Les agents des eaux et forêts sont les seuls à mener cette lutte. Nous sommes l’avenir de ce pays et si nous restons les bras croisés pour regarder les seuls agents se débattre, c’est nous qui allons souffrir demain. J’ai dit à mon père que je voulais faire planter par un élève, un arbre pour permettre à la forêt d’être reconstituée. Je suis content que ce projet que j’ai nourri soit lancé aujourd’hui », se réjouit le jeune homme de la classe de seconde au Lycée Jean de La Menais.  A l’instar des apprenantes sous sa coupole, la principale du collège moderne des jeunes filles Dominique Ouattara, Diarra Kadidiata Badji, a marqué toute sa reconnaissance à la direction régionale des eaux et forêts qui contre vents et marrées se bat pour restaurer la forêt dans la région du Tonkpi en général et surtout du partenariat avec son établissement qu’elle ambitionne transformer en une éco-école où les élèves participent à l’entretien de l’environnement. Pour cela, « nous devons activer le tam-tam parleur pour lutter contre la déforestation », a-t-elle dit, tout en plaidant la création d’un jardin botanique au sein de son établissement. Pour le lancement du projet, ce sont au total 400 plants de teck qui ont été plantés.

Le Directeur Régional du ministère des Eaux et Forêts de la région du Tonkpi, le Lt/Colonel Djan Yapo Evariste a indiqué que la forêt ivoirienne est véritablement en danger, après avoir projeté un film institutionnel sur la forêt de la SODEFOR.

Dans l‘objectif de contribuer à la mobilisation et à l’implication de tous les acteurs, à savoir autorités et population de la région du Tonkpi dans le processus de préservation, de la réhabilitation et d’extension des forêts en vue de la reconstitution du couvert forestier, la direction régionale des eaux et forêts du Tonkpi a organisé une conférence publique ce mercredi 29 mai à la salle des conférences de la préfecture de Man.

Pour le Directeur Régional des Eaux et Forêts, l’agriculture extensive, l’exploitation forestière incontrôlée, la pression démographique et l’urbanisation anarchique, l’exploitation minière clandestine, les feux de brousse et le sciage à façon constituent les causes majeures de la déforestation. Toutes ces causes évoquées par le lieutenant-Colonel, ont pour facteurs indirects, selon lui, l’absence d’un plan régional d’aménagement du territoire, le manque de sécurité forestière, la faible gouvernance forestière et la pression démographique et l’urbanisation anarchique. Poursuivant son exposé, le représentant du ministère des Eaux et Forêts dans le Tonkpi a révélé les conséquences de la déforestation tant au plan socioéconomique, environnemental que local.

La faiblesse de la gouvernance forestière a été ainsi dénoncée au cours de la rencontre entre les responsables de l’administration des Eaux et Forêts et la population de Man.

Au plan social et économique, la déforestation baisse la fertilité des sols et des rendements agricoles, fait disparaître les habitats des mammifères avec résurgence des conflits homme-faune. Elle augmente la fréquence et l’ampleur des inondations, des tempêtes, des sécheresses et des feux de brousse. Elle entraîne l’érosion et la dégradation des bassins versants et la baisse du niveau d’eau et de la nappe phréatique.  Au plan environnemental, il est remarqué la perte de la biodiversité et des espèces endémiques telles l’éléphant, le makoré et le rotin, l‘augmentation des gaz à effet de serre, entraînant le changement climatique, le réchauffement de la planète, le changement des saisons culturales, la pullulation des insectes et vecteurs de maladies, l’augmentation du niveau des mers et enfin la perturbation de la pluviométrie  et de la période d’harmattan. Invitant, les autorités coutumières à s’impliquer davantage dans la lutte contre la déforestation, le Directeur Régional a fait savoir qu’au plan local, les conséquences sont inquiétantes. Ce sont entre autres, la perte de ressources forestières sur les flancs des montagnes, l’amenuisement des ressources en eau de la nappe phréatique d’où le manque d’eau à certaines périodes de l’année, la dilatation thermique des roches et le développement du concassage des blocs rocheux, la baisse des rendements de la filière bois et la désacralisation et la dégradation des forêts sacrées qui sont au sont au nombre de 6293 dont 101 dans le Tonkpi. Selon le Lt/Col Djan Yapo Evariste, pour atteindre l’objectif de l’Etat ivoirien qui envisage remettre un couvert forestier de 20%, il faut appliquer la stratégie de mise en œuvre de la politique forestière (PPREF). A savoir la préservation de la biodiversité, la préservation d’un climat propice aux activités agricoles et à la qualité du cadre de vie, le respect des engagements internationaux en faveur du climat, la préservation des avantages socioéconomiques, avec les principes de volontarisme, de réalisme de la séquestration du carbone et de la culture de l’arbre.

 Olivier Dan, Correspondant Ouest

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