Politique

Découpage administratif, des politiques réagissent au maintien de celui de 2018

Mis à jour le 27 juin 2023
Publié le 27/06/2023 à 5:00 , ,

Ce ne sera plus le découpage territorial de 2010 qui va être appliqué pour les élections municipales et régionales de 2023. En lieu et place de cette décision annoncée par la Commission électorale indépendante (CEI) le 20 juin 2023, et sur recommandation du ministère de l’Intérieur, c’est le découpage de 2018 qui reste en vigueur. La nouvelle a fait réagir des responsables politiques.

 

La classe politique ivoirienne n’est pas restée muette à la décision de revenir au découpage administratif de 2018, contrairement à ce qui avait été annoncé par la CEI. Le lundi 26 juin 2023, dans un communiqué, l’institution chargée des élections en Côte d’Ivoire qui a été saisie par le ministère de l’Intérieur a fait cette annonce.

« Ce 26 juin 2023, la Commission électorale indépendante a été saisie par monsieur le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité qui lui a fait part des interrogations et inquiétudes qui ont germé dans l’opinion publique, et, singulièrement, dans les états-majors des Partis politiques et des potentiels candidats, relativement aux ressorts territoriaux des Communes. Ceux-ci craignent de voir adopter un nouveau découpage administratif pour les prochaines élections municipales du 02 septembre 2023, alors même que depuis de longs mois, ils se préparent à participer auxdites élections sur la base des ressorts territoriaux ayant servi pour les élections locales de 2018. En raison de ces interrogations et inquiétudes, le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, dont relève la détermination des ressorts territoriaux, a demandé à la Commission électorale indépendante de bien vouloir reconduire le découpage territorial qui a prévalu en 2018 », lit-on dans le document de la CEI.

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La nouvelle de la reconduction du découpage de 2018 a suscité des réactions au sein de la classe politique.

« Il n’est pas commode de changer les règles du jeu au cours d’un match qui a déjà commencé. Or c’est ce que la CEI voulait faire. Et il est heureux qu’après la levée de bouclier de tous les tous les partis politiques que le ministre de l’Intérieur intime l’ordre à la CEI de remettre les pendules à l’heure. C’est un bon signe. Si la CEI peut écouter les gens et non faire ce qu’elle veut, c’est un bon signe. Nous au PPA-CI, nous sommes respectueux des règles et nous sommes dans le respect des règles. Nous souhaitons que la CEI en tout, soit respectueuse des règles », fait savoir Ayité Kouassi Noël, coordonnateur régional PPA-CI du Bélier, joint par 7info.

« Le président de la CEI peut avoir des souhaits. Il peut avoir des discussions avec le gouvernement mais tant que ce n’est pas finalisé par une décision matérialisée par un décret présidentiel, cela demeure des discussions. Et je pense que le gouvernement a des éléments d’appréciation qui lui permette de faire en sorte qu’on puisse dire qu’on maintient ce découpage dans le cadre de ces élections locales et que des réformes après les élections de 2025 soient initiées pour qu’il y ait une harmonisation de la disparité entre les régions en Côte d’Ivoire. Il ne faut pas crier au loup. Il faut permettre aux Ivoiriens de faire en sorte que les élections du 2 septembre se passent bien, et que les nouvelles autorités puissent s’installer et que 2025 ouvre une nouvelle page de notre histoire », réagit pour sa part Adjourofou Clément, un cadre du RHDP.

Le 20 juin 2023, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, le président de la Commission électorale indépendante qui rencontrait les partis politiques, annonçait que pour les élections locales 2023, un changement allait être opéré. Il informait de ce que les scrutins se feraient sur la base du découpage territorial de 2010. Toute chose qui occasionnerait la réduction ou l’élargissement selon des régions ou des espaces communaux.

Pour certains, la décision de la CEI visait à donner plus de chances à certains candidats pendant les scrutins.

« Nous sommes à deux mois des élections et c’est à ce moment que la CEI est venue dire qu’il y a des villages qui ne font plus partie de certaines communes. Nous avons plusieurs exemples. A Nassian, sur 12, 8 villages ont été enlevés dans la commune. A Daoukro, 4 ou 3 villages ont été retirés sur 6. Pareil à Bonon et à Aboisso. Tout cela avait été fait pour exclure les villages favorables à l’opposition, puisque la plupart des militants du RHDP se retrouvent dans les communes. Heureusement le ministre de l’Intérieur qui dispose de vraies informations, a pris ses responsabilités pour maintenir le découpage de 2018 pour nous permettre d’aller à des élections apaisées. Au soir du 2 septembre 2023, nous allons juger la transparence de la CEI », commente Innocent Yao, le président de la jeunesse PDCI rurale joint par 7info.

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« On n’est pas dans des petits calculs politiques pour dire qu’on aurait pas gagné beaucoup de régions ou de communes avec le découpage de 2010. Notre système administratif est l’objet de plusieurs réformes. Lorsque le président Ouattara accédait au pouvoir, on n’avait pas la régionalisation. On parlait de conseils généraux. Aujourd’hui, nous sommes allés à la régionalisation. On a couronné le tout par ministres gouverneur de districts. Il y aura des réformes profondes sur la communalisation qui vont se faire en 2025 je pense. Pour l’heure ce n’est pas une urgence. Nous au RHDP, on n’a pas peur des élections. Nous sommes bien partis pour remporter le maximum de communes à ces élections. Et cela se fera avec l’onction des ivoiriens qui mesurent le travail accompli par le président de la République et son gouvernement. Cela n’a rien à voir avec une quelconque peur des élections », réagit Adjouroufou Clément.

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