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Burkina Faso: 8 coups d’État en 61 ans d’indépendance

Mis à jour le 25 janvier 2022
Publié le 25/01/2022 à 2:05 , ,
Le président Roch Marc Kaboré, réélu en 2020, n’a pas terminé son mandat. Le chef de l’État burkinabè a été renversé le lundi 24 janvier 2022 par une junte militaire. Son éviction par l’armée porte à huit le nombre de coups d’État depuis l’accession de ce pays d’Afrique de l’Ouest à l’indépendance. Chronologie d’une série de coups d’État de 1966 à 2022.

Des premières années de l’accession à l’indépendance au lundi 24 janvier 2022, le pouvoir d’État, à trois exceptions près, a vacillé dans les mains de militaires au Burkina Faso. Le dernier à avoir suspendu l’ordre constitutionnel, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, un officier supérieur de 41 ans.

Huit présidents tous victimes de coups d’État
Alors qu’on croyait définitivement tournée la page des régimes militaires au pays des hommes intègres, un groupe de mutins, dirigé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a renversé le président de la République le lundi 24 janvier 2022. Motif, « l’impuissance » du président Kaboré à endiguer les attaques terroristes. Mais le Burkina Faso n’est pas à son premier régime militaire. La Haute-Volta, actuel Burkina Faso, accède à l’indépendance le 5 août 1960. Le premier président est Maurice Yaméogo, un civil. À la fin de l’année 1965, il met sur pied un plan d’austérité qui suscitera la colère des opposants. Des milliers de Voltaïques envahissent la rue pour protester contre les mesures du chef de l’État. Le lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana, chef de l’armée, en profite pour s’emparer du pouvoir.

Auto promu général le 22 avril 1967, l’ex-élève de l’école des officiers africains du Sénégal gère le pays d’une main de fer. Dans les années 1970, les terribles sécheresses plongent la Haute-Volta dans une situation d’insécurité alimentaire. Le général Sangoulé Lamizana fait face à des mouvements de contestation, dirigés par des enseignants. La situation devenue intenable, au matin du 25 novembre 1980, il sera renversé par son ancien ministre des Affaires étrangères, le colonel Saye Zerbo. Le colonel-président va suspendre toutes les activités politiques. Il ne fera que deux ans à la tête du pays. Le 7 novembre 1982, il sera à son tour évincé du pouvoir par le médecin commandant Jean-Baptiste Ouédraogo. Le commandant Jean-Baptiste Ouédraogo va vite se brouiller avec les jeunes officiers qui l’ont porté au pouvoir. Leur chef, le capitaine Thomas Sankara, nommé Premier ministre, sera emprisonné. Mais ce dernier, étant populaire auprès de la troupe, sera libéré. Dans la nuit du 4 août 1983, Jean-Baptiste Ouédraogo est arrêté puis conduit au camp commando de Pô. Le pouvoir d’État vient ainsi de changer de camp.

Capitaine Sankara, le plus aimé

De tous les militaires qui ont dirigé ce pays sahélien, le capitaine Sankara aura été celui qui a marqué les esprits. Homme peu protocolaire, il entreprend des réformes à tous les niveaux. La Haute-Volta est rebaptisée Burkina Faso (pays des hommes intègres). Il va imposer des mesures drastiques aux officiels, obligés désormais de voyager en classe économique, annule les privilèges des hauts fonctionnaires, redistribue les terres aux paysans pauvres. Des campagnes de vaccination de masse auront pour effet de faire disparaître certaines maladies. Tribun hors pair, il harangue les foules tant au Burkina Faso que dans les sommets internationaux. Ce qui lui valut d’être adulé par la jeunesse des pays du tiers-monde. Il incarne l’espoir de tout un continent face au néocolonialisme.

Dans l’après-midi du jeudi 15 octobre 1987, alors qu’il est en réunion avec des collaborateurs, un commando dirigé par le lieutenant Gilbert Diendéré attaque le Conseil de l’entente. Le père de la Révolution burkinabé sera criblé de balles. Quelques heures après, son ami et « frère », le capitaine Blaise Compaoré s’autoproclame président du Burkina Faso et procède à une « rectification » de la révolution burkinabé entamée 4 ans plutôt. Il renoue avec l’Elysée dont les relations avec l’ancien régime étaient exécrables.

La rectification en marche

Durant 28 ans, Blaise Compaoré va diriger le Burkina Faso. Si ses détracteurs lui imputent une gestion de main de fer, sous ce dernier, le pays connaîtra une transformation spectaculaire avec la sortie sous terre de joyaux architecturaux dont les quartiers résidentiels Ouaga 2000, les salaires des fonctionnaires, les conditions de vie des burkinabés connaîtront une amélioration. En automne 2014, suite à sa volonté de modifier la Constitution afin de briguer un 3e mandat, il est évincé du pouvoir par une insurrection populaire. Il trouve refuge en Côte d’Ivoire, le pays de son épouse Chantale. Après la chute de Blaise Compaoré, le diplomate, Michel Kafando, sera chargé de conduire le pays vers des élections démocratiques. Le 17 septembre 2015, il est renversé par des militaires. Détenu quelques jours, il sera libéré grâce à une contre-offensive menée par Paul-Henri Sandaogo, capitaine au moment des faits.

Premier scrutin démocratique après l’ère Compaoré

Roch Marc Kaboré remporte le premier scrutin démocratique avec 53,5 %. En novembre 2020, il réussit à se faire réélire, mais la situation sécuritaire marquée par la menace djihadiste va de mal en pis. Cela servira d’argument au lieutenant-colonel, Paul-Henri Sandaogo, commandant de la 3e région militaire de faire le putsch du lundi 24 janvier 2022.

 

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