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Sommet UA-UE, Métro… – La marque Ouattara se dessine, l’opposition, « réconcilie d’abord les ivoiriens », André Silver Konan,  » c’est un coût réaliste »

Mis à jour le 20 septembre 2018
Publié le 04/12/2017 à 12:20

Un sommet UA-UE tenu en terre ivoirienne, et bientôt, une ligne métro à Abidjan. Deux faits nouveaux que l’ivoirien n’avait encore vu dans son pays. Mais aussi deux faits qui sont différemment appréciés. En Côte d’Ivoire, le récent rendez-vous des chefs d’Etats et de gouvernement de l’Afrique et de l’Europe, et le métro à venir sur les bords de la lagune Ebrié, suscitent des réactions divergentes.

« Il était impensable qu’Abidjan, ville de plus de 5 millions d’habitants, n’ait pas son métro pour améliorer sa mobilité et son dynamisme », déclarait en substance le chef de l’Etat Alassane Ouattara le 30 novembre alors qu’il co-lançait les travaux de la construction de ce moyen de transport urbain à venir avec Emmanuel Macron, le président français. Faisant ainsi remarquer sans doute le retard accusé par la Côte d’Ivoire dans la réalisation d’un tel ouvrage.

De l’avis des observateurs, le sommet UA-UE, le métro et bien d’autres actions sont une marque que le chef de l’Etat ivoirien veut imprimer. « Oui, il a démontré par ces actions et projets qu’il est un leader sur qui il faut compter. Il imprime par ces faits sa marque de grand homme du monde et sa marque de bâtisseur », commente à Poleafrique.info Mamadou Traoré conseiller régional RDR dans la Bagoué (Boundiali au nord de la Côte d’Ivoire).

André Silver Konan est journaliste écrivain et analyste politique ivoirien. Lui également va dans le même sens en apportant son soutien à la construction du métro. Dans une libre opinion qu’il diffuse sur compte Facebook ce samedi 2 décembre, il écrit : «  Il faut bien qu’un jour, ce projet vieux de 40 ans, voit le jour. Et si nous partons du postulat qu’il y a une insuffisance en matière de transport de masse, on ne peut pas maudire ce projet, quand bien même il aurait été lancé par Alassane Ouattara (parce que c’est bien là le fond du problème, nul n’est dupe) ».

Les 29 et 30 novembre 2017, pour la première fois de son histoire, Abidjan a accueilli le 5ème sommet UA-UE. Ce rendez-vous a vu sur le sol ivoirien 83 chefs d’Etat et de gouvernement africains et européens. L’événement battait encore son plein que les présidents Alassane Ouattara et Emmanuel Macron procédaient au lancement des travaux de la construction d’une ligne du prochain métro d’Abidjan.

Dans l’opposition politique, l’on a une appréciation différente de ces actions du président ivoirien. « Le grand coup que le chef de l’Etat aurait dû marquer c’est de réconcilier les ivoiriens dans leur ensemble plutôt que de s’enorgueillir de vouloir rassembler le monde entier en Côte d’Ivoire. La construction du train urbain d’Abidjan est un projet du président Bédié qu’il n’a pu mener à bon terme en raison du coup d’Etat de 1999 et que le président Gbagbo n’a pu réaliser à cause de la rébellion de 2002. Alors qu’initialement ce projet devait être réalisé dans le cadre d’un partenariat public privé, c’est le trésor français qui financera ce projet surévalué dont le remboursement incombera aux ivoiriens durant des décennies. C’est dommage car on aurait pu réaliser la même chose pour beaucoup moins cher. Au final, les premiers bénéficiaires de ce projet en terme de retour sur investissement ce sont les entreprises françaises et l’Etat français », réagit Kouadio Jean Bonin, secrétaire général adjoint chargé de la communication du Front populaire ivoirien (FPI), joint par Poleafrique.info.

Le métro d’Abidjan est un ouvrage long de 38 Km et doit relier la commune d’Anyama au nord d’Abidjan à celle de Port-Bouët au sud, pour un coût de près de 1000 milliards F CFA. Un montant jugé trop élevé en comparaison à d’autres projets du même type dans la sous-région ouest-africaine. Notamment au Nigéria où la construction d’une ligne de métro de 45 Km coûtera 452 milliards F CFA. « Pendant qu’on dépense près de 1000 milliards pour un projet de métro à Abidjan, les IVOIRIENS ont de sérieux problèmes pour se déplacer d’une ville à une autre ville, d’un village à un autre village, d’un campement à un autre campement. Peut-être en 2020 Abidjan sera une ville émergente, mais pas toute la Côte d’Ivoire », poste ce 4 décembre sur Facebook Koné Bema dans le groupe de discussion Côte d’Ivoire : République- Patrie-Nation (RPN).

« A travers ces critiques il faut retenir une chose. C’est que les ivoiriens ont l’impression d’avoir été arnaqués dans ce projet qui pour eux devrait coûter moins cher que le prix qui a été fixé. Cela traduit un malaise dû à une crise de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Bien que le Président de la République fasse un travail formidable à la tête du pays », souligne Mamadou Traoré.

Le journaliste André Silver Konan, lui, trouve logique le coût de l’entreprise. « Le coût ne me semble pas excessif. Le métro de Lagos, c’est 45 km pour 12 stations. Coût : 452 milliards FCFA. Le métro d’Abidjan, c’est 37.5 km pour 20 stations. L’un est plus long mais comporte moins de stations, or ce sont les stations qui donnent tout leur sens au métro. Mais ce n’est pas tout. Le métro d’Abidjan, c’est surtout un viaduc (si tu ne comprends pas français, ça veut dire que c’est un ouvrage d’art ferroviaire qui passe sur une vaste étendue d’eau #JeDeconne) qui sera construit sur la lagune Ebrié. C’est aussi 40 passerelles piétonnes. Le métro d’Abidjan vaut donc très bien ces 918.34 milliards FCFA », analyse le politologue ivoirien.  

Richard Yasseu

Source : rédaction Poleafrique.info 

 

 

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