Où va le Mali, et quel est le but à atteindre pour les actuelles autorités de ce pays ? Les dernières déclarations de Bamako suscitent des interrogations.

Ce n’est pas l’Organisation des nations unies (ONU) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest qui diront le contraire. Le samedi 24 septembre 2022 à la 77e Assemblée générale de l’ONU, le Mali a surpris plus d’un par son intervention. Le colonel Abdoulaye Maiga, le Premier ministre par intérim n’est pas pris de gants pour porter des critiques très acerbes contre certains chefs d’Etat et des personnalités présentes à l’ONU.

Le président ivoirien Alassane, dont le pays est en crise avec le Mali, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU… personne n’a été épargnée. Le président du Niger, Mohamed Bazoum, a également été la cible du chef de gouvernement malien. Idem pour la France et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).

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Qualifié de discours audacieux et osé, voire historique par certains médias, l’intervention du Premier ministre malien continue de faire parler d’elle. De l’avis d’observateurs, le Mali va mal.

Dr Geoffroy Julien Kouao, est un politologue et essayiste ivoirien. Il a un avis différent.

« Le Mali et les maliens sont les seuls à savoir ce qui est bon et ce qui n’est pas bon pour eux. La non-ingérence dans les affaires internes d’un Etat est un principe sacro-saint des relations internationales », analyse-t-il pour 7info qui l’a joint.

Entre le Mali et la Côte d’Ivoire spécialement, les relations ne sont plus aux beaux fixes. Depuis le 10 juillet 2022, des militaires ivoiriens sont emprisonnés à Bamako qui les accuse de mercenariat. Chose que Abidjan rejette et parle plus tôt de soldats envoyés dans le cadre d’une mission internationale de soutien aux forces de la MINUSMA. Exaspéré par la détention de ses militaires malgré l’intervention de plusieurs chefs d’Etat, Abidjan a demandé et obtenu un sommet extraordinaire de la CEDEAO le 22 septembre à New York. Un rendez-vous à l’issue duquel l’organisation sous-régionale a pris fait et cause pour la Côte d’Ivoire, et demandé « la libération immédiate » des 46 militaires. Non sans décider d’envoyer une mission de haut niveau à Bamako pour rencontrer les autorités maliennes.

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« La CEDEAO est une association d’Etats, c’est-à-dire une organisation internationale et non un Etat fédéral. Le Mali par contre est un Etat, donc souverain. Il reste libre d’accepter ou non les recommandations de la CEDEAO. Au besoin, le Mali peut quitter la CEDEAO de façon unilatérale comme l’avait fait la Mauritanie en 2000 », précise l’auteur de « Côte d’Ivoire, une démocratie sans démocrates ? La ploutocratie n’est pas la démocratie, de 1960 à 2020 ».

Selon l’expert ivoirien, le Mali et la CEDEAO doivent mettre balle à terre, user de la justesse, d’habileté et de modération pour faire face à des défis communs.

« Le Mali et la CEDEAO ont un adversaire commun, le terrorisme. La lutte contre le terrorisme doit être la priorité de la CEDEAO et du Mali. La question institutionnelle est marginale », conclut Geoffroy-Julien Kouao.

Richard Yasseu

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