Culture

Lutte anti-coloniale : les femmes résistantes, les grandes oubliées de l’histoire ?

Mis à jour le 31 janvier 2022
Publié le 31/01/2022 à 3:00 , ,

Anne-Marie Raggi, Aline Sitoé Diatta, Anne Zingha, Kimpa Vita et bien d’autres résistantes ont tout donné pour résister à la colonisation. Ce pan de notre histoire reste inconnu du grand public. Or le combat de Samory Touré, de Kadjo Amangoua et d’autres résistants est bien connu et inscrit dans les manuels d’histoire.


Désirée Deneo a décidé de les faire connaître. C’est pour elle un moyen de rectifier une injustice à leur endroit.  Jardins du siège de l’UNESCO, samedi 29 janvier 2022 à Abidjan. Devant un parterre d’invités, la militante féministe s’interroge. « Pourquoi les femmes politiques et les résistantes anti-coloniales sont-elles si peu connues ? Ont-elles été invisibilisées ? La société les a-t-elle oubliées ? »

Et de poursuivre: « Le seul livre que nous ayons sur les femmes résistantes, c’est la marche des femmes de Grand-Bassam en 1949 ». C’est Henriette Dagri Diabaté qui relate ce fait important de l’histoire coloniale de la Côte d’Ivoire dans le livre intitulé « La marche des femmes de Grand-Bassam »

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En 1949, après 10 mois d’incarcération sans procès de leaders politiques du PDCI, les femmes décident de marcher pour réclamer leur libération. C’est en décembre 1949. Ils seront libérés provisoirement en mars de l’année suivante.

Il n’était pas uniquement question d’épouses qui agissaient pour leurs maris. Selon l’activiste, ces femmes étaient des femmes politiques à part entière qui avaient aussi d’autres revendications.

Pourquoi les femmes sont-elles aussi invisibles dans l’histoire des peuples africains ? Et si elles n’écrivaient pas assez leur propre histoire ? On pourrait le comprendre avec la maxime énoncée par le professeur Jean Noël Loucou. Il assurait la modération des interventions. Le professeur a cité, un brin provocateur, « tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne peuvent que chanter la gloire du chasseur ».

Cela signifierait que si les femmes avaient écrit abondamment, leur apport dans l’histoire serait connu et mis en avant. C’est un argument auquel n’adhère pas Carelle Laetitia, fondatrice de l’académie politique des femmes, présente ce jour-là dans l’assistance. « On ne peut pas demander aux femmes d’écrire leur propre histoire. L’histoire n’a pas de genre. Elle est la même pour notre pays et en tant que telle, elle devrait être restituée dans son entièreté sans omettre personne. Par ailleurs, il n’est pas juste de demander aux femmes de restituer leur histoire dans un contexte où encore au 21e siècle, on doit lutter pour scolariser la petite fille« .

Le mouvement Black History Month a été célébré pour la première fois aux USA en 1976, institué par le président Gérald Ford. Depuis, le mois de février est consacré à l’histoire du peuple noir. En Côte d’Ivoire, cet événement sera célébré et le lancement des festivités a eu lieu le samedi 29 janvier 2022, dans les jardins de l’UNESCO.

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