COVID-19

Les plaies du confinement à l’ivoirienne dans la lutte contre le Covid-19

Mis à jour le 31 mars 2020
Publié le 31/03/2020 à 12:55 , , , ,

Toutes les personnes atteintes du coronavirus sont confinées et suivies chez elles. Il n’y a pas encore de sites aménagés pour les traiter sur place » a fait savoir le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique. Une stratégie qui peine à freiner la progression du virus. Le nombre de cas augmente chaque jour et la prise en charge à domicile présente de nombreuses failles.

Les autorités ivoiriennes ont été prises de court dans la gestion de la maladie à coronavirus. Elles  essaient tant bien que mal d’apporter une réponse cette crise sanitaire. Confronté pour la première fois à une situation d’une telle ampleur, le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, a pris certaines dispositions pour faire face à la maladie notamment le suivi médical des patients et leur confinement à domicile. Concrètement dans la pratique, lorsque vous constatez les symptômes du coronavirus, vous informez les services de santé à partir d’un numéro vert (143), pour être rapidement pris en charge. Cependant plutôt que d’être transporté dans un hôpital spécialisé dans le traitement du covid-19, vous restez confiné à domicile. Véritable faille dans la gestion de la pandémie.

Comment être sûr que les personnes suivies sont effectivement confinées chez elles ? Comment savoir si elles ne profitent pas de l’inattention des autres membres de la famille pour sortir et faire des courses ? Des familles ne sont-elles pas complices de personnes infectées et non déclarées ? Autant de questions que suscite ce confinement à l’ivoirienne basé sur la bonne foi des patients. Car dans cette première stratégie adoptée par les autorités sanitaires, les déplacements, faits et gestes des malades ne sont pas contrôlés. Ce qui serait forcément le cas dans un établissement hospitalier dédié à la crise. Des sites ont certes été identifiés pour la prise en charge des personnes infectées par le covid-19, mais n’ont pas encore été aménagés. Pendant ce temps, le virus court et la psychose gagne du terrain.

Ce lundi 30 mars, des individus suspectés d’être porteurs du coronavirus, ont été interpellés sur le pont De Gaulle. Un confrère rapporte qu’une famille dans la commune de Cocody, bien consciente du fait qu’un de ses membres avait le covid-19, a préféré différer l’information jusqu’à la contamination de toute la maisonnée. N’eut été l’alerte du personnel de maison, les autorités n’auraient jamais découvert le foyer contaminé. Avec combien de personnes ont-ils été en contact dans le quartier ou même dans la ville avant d’être tous pris en charge ? Leurs déplacements étaient-ils surveillés ? Des interrogations qui en disent long sur les dangers auxquels sont exposés les Ivoiriens.

Conscient de la dégradation de la situation, le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique s’active. Il a réceptionné ce mardi 30 mars, un important lot de matériel médical pour faire face à la pandémie. 300 lits d’hospitalisation ont aussi été apprêtés pour la prise en charge des patients qui présenteraient des formes sévères du coronavirus. Mais pour l’heure, aucun site identifié à cet effet n’est fonctionnel. Pendant ce temps, le covid-19 est dans l’air et le nombre de contaminés augmente chaque jour. Les autorités sanitaires annoncent  mi-avril, pour connaître le nombre total de contaminés après l’isolement de la ville d’Abidjan, foyer de l’épidémie. Reste à savoir si des personnes touchées n’ont pas transporté le virus dans les villes de l’intérieur du pays dans leur fuite de l’isolement d’Abidjan avec leurs familles respectives et les contaminer à leur tour. Et ainsi de suite pour une propagation que l’on veut éviter.

Eric Coulibaly

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