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La CEDEAO et les Bissau Guinéens se guettent sur la paix

Mis à jour le 14 novembre 2019
Publié le 14/11/2019 à 10:31 , , ,

La CEDEAO ravive le feu en Guinée-Bissau. Une réunion d’urgence portant sur la crise politique que traverse ce pays s’est tenue le 8 novembre dernier à Niamey. L’organisation sous-régionale a pris la décision d’envoyer un renfort aux troupes militaires déjà présentes sur place alors que le pays est sous tension à l’approche des élections présidentielles prévues le 24 novembre prochain. Siaka Coulibaly, activiste de la démocratie, des droits humains et de l’environnement burkinabè, livre son analyse de la situation à 7info.

Le 8 novembre à Niamey, s’est tenue une réunion d’urgence portant sur les derniers soubresauts politiques à Bissau. La CEDEAO a décidé d’envoyer des troupes supplémentaires sur place pour assurer le bon déroulement des élections présidentielles programmées le 24 novembre prochain. La mesure est vivement contestée dans le pays, mais le Président de l’institution, le nigérien Mahamadou Issoufou a été ferme lors du sommet d’Abuja en juin dernier : « La CEDEAO ne peut tolérer pour quelque raison que ce soit, la déstabilisation d’un État membre ». 

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Une crise que l’organisation sous-régionale et l’ONU peinent à résoudre, semble-t-il, car « elles la traitent superficiellement, sans tenir compte des paramètres socio-politiques qui la génèrent » commente l’analyste politique, Siaka Coulibaly.

Les multiples interventions de la CEDEAO et de l’ONU sonnent comme des échecs au vu de la situation actuelle de la Guinée Bissau, soulignant la nécessité d’une nouvelle conceptualisation de leurs rôles afin de faire face à des problèmes internes au pays, et non plus seulement de traiter celui des élections présidentielles. « L’instabilité politique provient des rapports conflictuels entre différents groupes culturels du pays et une certaine conception de la société, de l’État et de la politique » autour de laquelle les bissau guinéens peinent à se ressembler estime Siaka Coulibaly.

« Globalement, l’appropriation des valeurs républicaines et démocratiques est très faible par les acteurs en présence. D’autres modes de conduite influencent le jeu au fil de l’action politique » assure l’analyste burkinabè.

Le constat est que José Mário Vaz, qui avait fait renaître l’espoir en avril 2014 en remportant l’élection présidentielle, n’a pas tenu sa promesse.

Le pays a cru à un retour progressif de la légalité constitutionnelle, mais le rêve a été de courte durée : l’instabilité a persisté, avec les multiples décisions (incomprises) et manoeuvres politiques du président pour se maintenir à une place qui ne lui revient pourtant plus depuis la fin légale de son mandat présidentiel le 23 juin dernier.

« La seule chance de la Guinée Bissau d’échapper à la guerre civile est l’action de la communauté internationale qui l’a compris il y a quelques années déjà  et oeuvre en permanence à stabiliser le pays. Les mesures prises par le Président Vaz ne devraient pas influencer grandement le cours de la politique en Guinée Bissau, tant que la communauté internationale garantira la tenue des élections du 24 novembre prochain. Élection qui désignera, espère-t-on, un président dont la légitimité permettra la poursuite de la reconstruction des institutions et de la société bissau guinéennes » soutient Siaka Coulibaly.

Manuela Pokossy-Coulibaly

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