Analyses

Bouaké, une ville abandonnée et oubliée, depuis 2015 l’alerte à l’eau sans écho / Adam’s Régis SOUAGA

Mis à jour le 20 juin 2018
Publié le 11/04/2018 à 11:58

La deuxième ville ivoirienne, capitale de la région de Gbèkè est orpheline. Et c’est peu dire. Après avoir été le fief de l’ex-rébellion des Forces Nouvelles, désertée par une bonne partie de sa population durant 8 ans, pilonnée par l’aviation ivoirienne, balafrée par les zestes de la rébellion, secouée par des règlements de compte d’anciens rebelles incorporés au sein des Forces armées de Côte d’Ivoire, Bouaké vit une nouvelle ère de sa souffrance.

La ville, sans unité industrielle, car toutes fermées depuis des dizaines d’années sans que les promesses de réouverture soit une réalité, est maintenant privée d’eau potable. Oui, le précieux liquide manque et là, point question de rationnaliser, il n’y a plus d’eau.

Le barrage de la Loka, vaste étendue d’eau servie par les génies, sortie d’un petit accès sous une montagne à l’arrière du village d’Angoua-Yaokro, est asséché. Mais, l’information est que depuis 2015, la sonnette avait été tirée sur le risque que la ville soit privée d’eau potable. On était en ce moment trop préoccupé par les joutes électorales et la procrastination a opéré.

Depuis, toutes les promesses pour Bouaké se sont évanouies avec l’évaporation de l’eau de la Loka. Que pouvait attendre Bouaké de son président de comité de suivi des promesses du Chef de l’Etat, actuel président du Sénat, alors président du conseil régional du Bélier qui n’a donc rien à voir avec Bouaké ? Rien, sinon donner l’impression au Président Alassane Ouattara qu’il est le porte-voix de tous les cadres Baoulé. Et ça a marché ! Il n’y avait aucun cadre digne de ce nom dans cette région de Gbèkè pour rappeler à Alassane Ouattara que les établissements Robert Gonfreville, l’ex-Trituraf raccommodée par un financier aux fonds fictifs, Ivoirembal et d’autres unités industrielles, n’ont toujours pas rouvertes.

Et que toutes les rues n’ont pas été bitumées, sinon à la sauvette comme la voie du quartier zone industrielle. Dans cette galère indicible, la ville se retrouve sans eau ! Et là, seules les réunions sont au menu alors que chaque jour, dans un contexte d’insécurité, femmes, hommes, enfants, se ruent vers les rares puits dès 4h30 du matin. Il n’y a plus d’eau minérale dans les centres commerciaux. Qu’a fait Bouaké pour subir ce sort ? Bastion du parti au pouvoir, le RDR, Bouaké est à la peine et la déception y est perceptible. Il est évoqué un raccordement au fleuve Bandama, au débit irrégulier. Mais, ce serait déjà une solution.

Seulement, à quand la fin de cette opération de sauvetage ? Une année pour chercher le financement, une autre au moins pour les travaux lourds et une autre pour le raccordement, pas moins de 3 ans. Entre temps, que fait la population ? Que peuvent servir comme eau à Bouaké, quelques camions citernes de l’Onep ? Bouaké ne peut et ne saurait continuer à ainsi souffrir dans une totale indifférence. Depuis cette disette hydraulique, point de passage du ministre des Infrastructures Economiques, Amédé Kouakou, le président du conseil régional, prompt à faire sa publicité sur des grandes pancartes, est signalé aux abonnés absents.

Le maire Djibo Nicolas a effectué une visite sur le site de traitement d’eau de la Loka. A la population électrice, aucun compte rendu. Dans l’attente d’une solution d’urgence qui soulage un peu la population, il est à craindre que le paiement des prochaines factures d’eau, ne soit problématique. Comment payer pour un service non assuré ? Au gouvernement de trouver réponse au fil des conseils des ministres qui se suivent et se ressemblent sans que Bouaké ne soit traitée comme un cas, très, très sérieux de conscience politique.   

Adam’s Régis SOUAGA

Source : Rédaction PôleAfrique.info

 

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