Côte d’Ivoire

Avortement sécurisé, ce qu’il faut savoir sur la pratique en Côte d’Ivoire

Mis à jour le 29 septembre 2023
Publié le 29/09/2023 à 11:00 , , , ,

En Côte d’Ivoire, selon l’enquête Procréation médicalement assistée (PMA) 2020, la Côte d’Ivoire enregistre 230 000 cas d’avortements chaque année, (soit 4% des femmes en âge de procréer dont l’âge est compris entre 15 et 49 ans). 06 sur 10 sont des avortements à risque, car impliquant des procédures peu conventionnelles et non recommandées.

Malgré la pratique des interruptions volontaires de grossesse (IVG) qui pilule dans le pays, le gouvernement ivoirien a décidé de n’autoriser l’avortement qu’en cas de viol ou de mise en danger de la santé physique de la femme. Une intervention qui nécessite l’aval d’un collège de trois médecins.

« L’avortement est autorisé dans deux cas : lorsque la vie de la mère est gravement menacée après constat du médecin. Le deuxième cas est celui du viol. L’avortement intervient à la demande de la victime. La victime de viol est dans ce cas protégée, tout comme le médecin », explique la chargée de programme au sein de l’Association des femmes juristes de Côte d’Ivoire (AFJCI).

Pour la société ivoirienne, le cadre légal restrictif de l’avortement a pour conséquence de « faire prospérer les avortements clandestins avec tous les risques encourus. De plus, la stigmatisation sociale et l’accès limité aux services de santé reproductive sont autant d’obstacles qui persistent ».

L’AFJCI et la SOGOCI « appellent donc à une action concertée » en vue de « faire respecter les droits des Femmes en veillant à ce que les lois et les politiques protègent leur liberté de choix et leur dignité », soutient Agathe Blanc.

Pour contourner les restrictions, beaucoup de femmes sont contraintes de recourir à des avortements clandestins : soit par voie médicamenteuse à l’aide de plantes médicinales ou de « comprimés chinois » (des pilules abortives ; soit par des moyens dits « chirurgicaux », à savoir des curetages réalisés souvent par des “médecins” assermentés ou non.

Conformément à l’ancienne loi, l’avortement était légal uniquement pour sauver la vie de la mère. Cette réforme du code pénal a permis d’élargir l’accès à l’avortement et d’inscrire davantage le pays dans la lignée du Protocole de Maputo.

Dans le même temps, de très nombreuses sage-femmes ont été formées à la technique de l’aspiration manuelle intra-utérine, une méthode « plus moderne [que le curetage], sécurisée et non invasive », en ce qu’elle permet d’autres grossesses futures », explique un spécialiste des questions de santé sexuelle et de reproduction. C’est en général cette technique qu’utilisent les agents de santé dans les cas d’avortements non prévus par la loi.

Selon une étude menée par Médecins du monde en partenariat avec la chaire Unesco de bioéthique de l’université Alassane-Ouattara de Bouaké et le Centre population et développement (Ceped, Université de Paris/IRD), 80 % des femmes qui avortent sont « élèves » à l’école ou « n’exercent aucune profession ». Et 83 % admettent être célibataires.

Tristan Sahi

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