Politique

Billon défend Bédié, Bonin et Joël N’guessan l’acculent et demandent des preuves

Mis à jour le 11 juin 2019
Publié le 11/06/2019 à 6:15 , , ,
Les propos de l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié continuent de susciter des réactions dans la classe politique nationale. Du RHDP au PDCI en passant par le FPI, les regards sont multiples et partagés.
« C’est un repli identitaire », ou, ce sont des déclarations aux « conséquences et implications graves pour la cohésion sociale en Côte d’Ivoire » quand l’ex-président « n’a fait que porter à l’attention de l’opinion … des faits troublants et récurrents, vécus par les populations ivoiriennes ». Sur les propos tenus le 5 mai dernier à Daoukro par Henri Konan Bédié, les commentaires et avis se multiplient. Des cadres des formations politiques, personnellement ou au nom de leurs partis, s’expriment sur cette sortie de Bédié.

A lire aussi: LE GOUVERNEMENT MET BEDIE FACE A SES RESPONSABILITES ET AUX SANCTIONS PENALES

Dans une déclaration dont copie est parvenue ce mardi 11 juin à 7info.ci, Joël N’guessan, vice-président du RDR de la région du Bélier, s’insurge contre la sortie de l’ex-chef ivoirien dont les propos pourraient avoir des « conséquences et implications graves pour la cohésion sociale en Côte d’Ivoire. »

« Monsieur Bédié, auteur et acteur de l’ivoirité  qui a conduit à la déchirure du climat social ivoirien revient encore sur son thème politique favori: prôner la haine de l’étranger. Il a semé, pendant sa gestion hasardeuse du pouvoir d’Etat, la haine de l’étranger après la mort de notre illustre Père fondateur de la nation ivoirienne, feu le Président Felix Houphouët-Boigny. La suite on la connait », dénonce Joël N’Guessan dans sa déclaration.

Alors qu’il recevait des visiteurs acquis à sa cause à Daoukro sa ville natale, Henri Konan Bédié avait évoqué des cas de fraudes sur l’identité. Le leader du PDCI avait déclaré que sous le prétexte de l’orpaillage, des étrangers armés sont dans des villages en vue d’opérer un hold-up sur la Côte d’Ivoire. « on fait venir des étrangers, armés, qui sont stationnés dans beaucoup de villages… le moment venu nous agirons, pour empêcher ce hold-up sur la Côte d’Ivoire, sous le couvert de l’orpaillage… Il faut que nous réagissons pour que les ivoiriens ne soient pas étrangers chez eux… », avait dit substance Henri Konan Bédié.

A en croire Joël N’Guessan, l’ex-président ivoirien veut remettre le couvert d’un concept ‘’d’ivoirité’’qui lui est reproché depuis sa gestion des affaires de l’Etat. « Au soir et au terme de sa vie politique, il tente d’opposer, une fois de plus, les ivoiriens en relançant son concept d’ivoirité », fait-il savoir. Non sans estimer que le moment serait venu de « contraindre au silence » le leader du vieux parti ivoirien.

Au PDCI le parti de Henri Konan Bédié, le Secrétariat Exécutif chargé de la communication et de la propagande, Jean Louis Billon, n’est pas resté silencieux face aux différentes réactions suscitées par les propos de son leader, notamment celui du gouvernement qui les condamne. Selon Jean Louis Billon, la sortie de l’ex-président ivoirien est une interpellation sur une question sécuritaire. Henri Konan Bédié, dit-il au cours d’une conférence de presse animée ce lundi 10 juin, «n’a fait que porter à l’attention de l’opinion … des faits troublants et récurrents, vécus par les populations ivoiriennes ».  Et de soutenir que « les ivoiriens aiment les étrangers ».

L’opposition politique n’est pas restée muette sur cette sortie du leader du PDCI. Dans un post publié sur les réseaux sociaux, Jean Bonin, Secrétaire général adjoint du FPI, voit dans ces propos de l’ex-président ivoirien, une volonté de récupération politique de la question de l’orpaillage clandestin. « Soit le président ignore ce qu’est la réalité de l’orpaillage (clandestin) en Côte d’Ivoire soit il fait du sophisme. Le sujet de l’orpaillage illégal est bien trop sérieux pour qu’on laisse les politiciens le dévoyer à des fins politiciennes, au risque de remettre en scelle le RHDP qui n’en demandait pas autant de ses adversaires politiques », fait-il remarquer. Selon lui, le PDCI durant sa gestion, a « pour des visées électoralistes, abondamment et complaisamment distribué dans les années 90 des Cartes Nationales d’Identité ivoiriennes à des centaines de milliers d’étrangers pour faire barrage au FPI de Gbagbo » a-t-il rappelé.

« Il est donc faux et injuste, maintenant que le PDCI n’est plus en odeur de sainteté avec le RHDP, d’accuser ce dernier de faire venir « des étrangers armés sous le couvert de l’orpaillage clandestin », ajoute Jean Bonin pour qui, en Côte d’Ivoire, « Ce n’est pas l’étranger qui s’impose mais c’est l’ivoirien, principal partenaire ou client de l’étranger qui l’impose dans de nombreux secteurs d’activité commerciale ».

Dans ses propos, Henri Konan Bédié pointe du doigt la commune d’Abobo dirigée par Hamed Bakayoko, haut cadre du RHDP proche d’Alassane Ouattara. Une localité où, à l’en croire, sont octroyés des documents d’identité nationaux à des étrangers.
« Ces accusations sont suffisamment graves pour qu’elles ne restent pas sans suite. M. Bédié qui est devenu si prolixe depuis la fin de la lune de miel avec le RHDP devrait nous en dire un peu plus. Il ne peut pas priver les ivoiriens et en particulier ses électeurs de leur légitime droit d’être informés du supposé complot contre les ivoiriens et élections de 2020. Il y va de sa crédibilité personnelle et politique. À ce niveau de responsabilité politique, la parole doit être précieuse et juste », s’insurge le SGA du FPI dans son post.
Les preuves sont donc attendues pour le bonheur des ivoiriens qui aspirent à la paix, après plus de 10 ans de crise politique dont le point culminant aura été la rébellion conduite par Guillaume Soro, de septembre 2002 à mai 2011, avec l’arrestation de Laurent Gbagbo et son transfèrement à la Haye devant la Cour pénale internationale.

Richard Yasseu

7info.ci

7info.ci_logo

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter 7info

L’INFO, VU DE CÔTE D’IVOIRE