Société

Travail des enfants, des projets ruraux développés pour éradiquer le fléau

Mis à jour le 5 mai 2023
Publié le 06/05/2023 à 9:00 , , , ,

Rendre les femmes de producteurs autonomes afin de réduire considérablement le travail des enfants dans les champs de cacao, c’est l’objectif de certaines organisations internationales. 7info a suivi l’une d’elles à Soubré, au sud-ouest de la Côte d’Ivoire.

Il est 9h lorsque nous quittons Abidjan, la capitale économique ivoirienne, pour la région de la Nawa, le lundi 17 avril 2023. Après 5h de route, nous arrivons à Soubré pour une série d’activités avec la fondation International Cocoa Initiative, un organisme international qui lutte contre le travail des enfants dans les plantations de cacao.

Dans cette région, plusieurs projets ont été mis en place par cette organisation, notamment dans les zones les plus reculées. Après une nuit passée à notre hôtel, nous décidons le lendemain de reprendre la route, cette fois en direction de Bledou Kangakro, petite localité située à une trentaine de kilomètres de Soubré.

Dans ce village qui vit essentiellement de la culture du cacao, plusieurs projets y ont été développés. Et un en particulier attire notre attention. Il s’agit de la Cellule féminine de renforcement économique appelée CFREC. Le système permet aux femmes de cotiser un montant fixe par mois.

L’argent est par la suite remis sous forme de prêt à celles qui en expriment le besoin. Ceci, afin de leur permettre de créer une activité génératrice de revenu. Elles peuvent ainsi se prendre en charge et aider leurs époux dans les dépenses domestiques.

C’est le cas de Kindo Salimata que nous retrouvons dans son magasin de vente de matelas et de produits cosmétiques. La jeune dame qui n’avait que 15 ou 20.000 FCFA comme fonds de commerce a bénéficié d’un prêt grâce au programme.

« C’était difficile. Même pour avoir de l’argent pour faire un petit commerce, on n’en trouvait pas. C’est ainsi qu’une femme est venue nous inviter à prendre part au projet. Au début j’étais sceptique, car je pensais que c’était une forme d’escroquerie. Mais quand j’ai vu d’autres femmes y adhérer, j’ai décidé d’essayer. Nous avons commencé les cotisations, petit à petit avec 500 F puis 1000 F ensuite 2000 F. Aujourd’hui, j’ai pu ouvrir ce magasin », a-t-elle confié au micro de 7info.

Aujourd’hui après l’ouverture de son magasin, Salimata se rend à la réunion sous un préau situé à l’entrée du village. Sur place, une trentaine de femmes se sont rassemblées pour s’acquitter de leurs droits de cotisation. Et elle n’est pas la seule à avoir bénéficié de ce programme.

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Kouamé Ahou, une veuve qui s’occupe seule de ses enfants depuis le décès de son mari, peut désormais avoir le sourire. Elle réussit à les scolariser.

« Mon dernier fils a passé deux fois le BAC sans succès. Cette année j’ai réussi à l’inscrire dans un collège à Tanda avec l’argent que je gagne ici. Pareil pour mon neveu qui vit avec moi. J’ai pu le scolariser du CP1 au CM1. Cette initiative nous a vraiment aidées », a-t-elle révélé.

La vie en association, base d’une inclusion financière réussie

La cellule fonctionne comme une association. Les femmes ont même désigné une présidente. Cette dernière est chargée de veiller à la bonne marche du projet et surtout de les encourager à ne pas perdre le fil.

« Nous cotisons un montant fixe par semaine sur 3 mois. Ensuite, nous donnons des prêts à celles qui en expriment le besoin. Elles remboursent avec un faible taux d’intérêt. L’argent est mis dans une caisse qui ne peut être ouverte sans la présence d’au moins trois personnes. À la fin du cycle qui dure 12 mois, l’argent est partagé au prorata entre les membres de l’association. À cela s’ajoute la somme de 200 FCFA par mois cotisée par les membres, pour le social », explique Kouamé Aya, la présidente des femmes de Bledou Kangakro.

Ces résultats ont été rendus possibles grâce à l’encadrement des agents terrain de la fondation ICI. La stratégie 2021-2026 vise en effet à catalyser le développement des systèmes de prévention et de remédiation, afin d’atteindre tous les enfants et adultes exposés au travail.

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L’organisation appelle à une expansion massive des efforts de tous les acteurs du secteur du cacao pour y parvenir. À Soubré, nous avons rencontré le premier responsable du bureau régional.

« Le choix des communautés se fait après avoir mené des enquêtes sur le terrain. Ce qui va permettre de faire ressortir un certain nombre d’éléments qui vont nous permettre de proposer le projet qui s’adapte au mieux à la localité. Tout se fait autour des enfants. Nous les formons dans la vie associative et les organisons de manière légale. Nous choisissons par la suite des coachs qui vont assurer le suivi et l’évaluation du travail jusqu’à sa réalisation », éclaire Camara Jérôme, Assistant programme fondation International cocoa initiative (ICI).

Des projets de ce genre ont été implémentés à travers toute la Côte d’Ivoire, notamment dans les zones cacaoyères. Ce qui a permis au pays d’obtenir d’importants résultats dans la lutte contre le travail des enfants, dans le cacao dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial.

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