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Transport du cacao, les planteurs de Bledou Kangakro appellent à l’aide

Mis à jour le 28 avril 2023
Publié le 28/04/2023 à 8:51 , , , , , ,

Il faut parcourir environ 33 kilomètres, dont 18 sur piste à partir de la ville de Soubré, pour atteindre la petite localité de Blédou Kangakro dans la région de la Nawa. Cette localité qui vit essentiellement de la culture du cacao n’arrive plus à écouler ses produits.

Des routes dégradées et des véhicules qui peinent à circuler normalement. C’est le spectacle qui s’offre aux voyageurs qui souhaitent effectuer une halte dans la ville de Soubré, localité du sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Cette région est aussi considérée comme la boucle du cacao, produit de rente dont la Côte d’Ivoire occupe le premier rang mondial dans la production.

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Pour s’imprégner des difficultés des planteurs, il faut se rendre dans les hameaux reculés du centre-ville. Nous avons donc décidé, dans la journée du mardi 18 avril 2023, de faire un tour dans l’une de ces communautés qui vivent de l’or brun.

Si l’état de la route à l’intérieur de la ville de Soubré, met les reins à rude épreuve, celui de la piste menant à Bledou Kangakro, exige une parfaite condition physique, tant tout le corps est mis à contribution. L’équipe parcourt les 18 km qui séparent le bitume dégradé du village, en 45 minutes.

La voie étroite héberge des nids de poule et des faussées par endroit qui pourraient s’avérer dangereux à la moindre imprudence. Une situation qui n’effraie guère les taxis-brousse et autres tricycles qui font régulièrement le trajet. La hauteur de la végétation de part et d’autre de la route donne très peu de possibilités de manœuvre.

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Il faut klaxonner à chaque virage pour éviter de se retrouver nez à nez avec un véhicule venant dans le sens contraire. C’est donc avec le cœur bien serré que nous parvenons enfin au petit village de Bledou kangakro. Tôt ce matin, les femmes que nous trouvons sur place se préparent pour le champ. Elles doivent trier les cabosses de cacao rassemblées sous les arbres, après la cueillette effectuée par les hommes.

« Notre rôle en tant que femmes de planteurs, c’est d’aider nos maris dans la production. Pendant la période de récolte, nous allons tous les jours au champ pour transporter les cabosses d’un endroit à un autre à l’aide de grandes cuvettes sur la tête », explique à 7info, Kouamé Aya, la présidente des femmes du village.

Le champ de cacao se trouve à proximité du village. Une trentaine de femmes s’y engouffre rapidement. Une fois sous les cacaoyers, le travail commence. Elles doivent trier les bonnes cabosses puis les transporter dans un autre espace aménagé. C’est là-bas que les hommes viendront les cabosser pour en extraire les fèves.

« Une fois le tri fini, nous attendons que les hommes finissent de les cabosser avant de revenir chercher les fèves pour les ramener au village afin de les sécher », réagit Koua Gnissan, une femme de planteur.

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Chaque année, une quantité importante de fèves séchées de cacao sort de cette localité, direction le port de San-Pedro. Pourtant, les planteurs de Bledou Kangakro ont de plus en plus du mal à écouler leurs produits à cause du mauvais état de la route. Ils travaillent à perte. Une situation qui affecte profondément les familles du village, qui ne vivent que de l’or brun.

« On a eu mille problèmes pour vendre notre cacao. Il y a eu beaucoup de dépôts-ventes et le paiement était très lent. Jusqu’à aujourd’hui, il y a beaucoup de planteurs qui ne sont pas encore rentrés en possession de leur argent. À cela s’ajoute la route. Vous avez vous-mêmes vu l’état de dégradation avancée de la route. Comment peut-on évacuer le cacao dans de telles conditions ? », s’interroge Diby Blédou Séverin, chef du village.

Selon lui, plusieurs démarches ont été entreprises auprès de la direction régionale du Conseil café-cacao sans succès. Le découragement a gagné les cœurs.

« Nous avons invité le directeur du conseil café-cacao de Soubré ici. Il est venu, il a vu l’état de la piste, mais jusque-là rien n’est fait. On nous dit que la route précède le développement et c’est ce qui nous manque ici. Nous souffrons et c’est difficile », confie Diby Blédou Séverin, impuissant face à la situation.

Ces planteurs se sentent abandonnés comme beaucoup d’autres dans la région. Au-delà des pistes à reprofiler, c’est la route du sud-ouest à partir la ville de Gagnoa, qui a besoin d’être réhabilitée à l’image de la côtière. Car faut-il le rappeler, la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao et une grande partie de ce produit de rente provient du sud-ouest du pays.

 

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