Côte d’Ivoire Société

Revalorisation salariale : grève annoncée des travailleurs du privé, la meilleure formule pour avoir gain de cause ?

Mis à jour le 14 novembre 2022
Publié le 12/10/2022 à 11:30

Tiendra, tiendra pas ? À partir du mercredi 12 octobre 2022, l’opinion sera située sur la volonté des travailleurs du secteur privé ivoirien de se faire entendre quant à l’amélioration de leurs conditions de vie.

 

Depuis le samedi 8 octobre, à Yopougon dans la ville d’Abidjan, réunis au sein du Collectif des secrétaires généraux des délégués du secteur privé de Côte d’Ivoire, ils ont fait savoir leur volonté de voir à la hausse le salaire minimum à verser à tout travailleur exerçant sur le territoire ivoirien. Pour se faire entendre, ils annoncent un arrêt de travail dès le mercredi 12 octobre.

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Pour les initiateurs de cette grève, l’action à poser est la meilleure des formules au regard de l’enjeu.

« C’est normal que les travailleurs du privé se fassent entendre. Si le SMIG ne change pas et que nous les travailleurs du privé, nous ne faisons rien, nos conditions de vie ne vont pas changer.  En Côte d’Ivoire, le privé joue un grand rôle dans l’économie ivoirienne. Mais, ses travailleurs ont été oubliés. Mais le 6 août 2022 dans son discours à la Nation, le président de la République a appelé à ne pas oublier les travailleurs du privé. Il a attiré l’attention du patronat sur la situation des acteurs du privé. Cela est significatif. Mais nous constatons qu’il n’y a en réalité personne pour faire notre palabre. Nous sommes donc obligés de prendre les choses en main », insiste auprès de 7info, Koudou Gnahoua Ambroise, le secrétaire général national du Collectif des secrétaires généraux des délégués du secteur privé de Côte d’Ivoire.

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Ce collectif exige en Côte d’Ivoire un salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de 200 000 FCFA, et un salaire minimum agricole garanti (SMAG) de 100 000 FCFA.

L’espoir est-il permis pour eux ? Oui, répond Dr Romain Boyé, mais à une condition.

« Contrairement aux fonctionnaires, les travailleurs du privé reçoivent « un salaire », alors que les agents et fonctionnaires de l’État reçoivent ‘’un traitement’’. Donc vous comprenez que le salaire d’un travailleur du privé va dépendre de la prospérité de l’entreprise elle-même. En somme, nous sommes dans une économie où le marché du travail existe d’une manière ou d’une autre, l’État ne peut pas intimer l’ordre à une entreprise de payer plus un travailleur », analyse pour 7info cet expert en macro-économiste, et modélisateur et chercheur à la cellule d’analyse de politiques économiques du Centre ivoirien de recherche économique et sociale (CIRES).

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Selon l’expert ivoirien, l’espoir pour cette catégorie de travailleurs dépend de la rentabilité du secteur privé et de la régulation du marché du travail, dont l’État a la charge. Pour ce qui est du prix à payer pour obtenir une amélioration du niveau de vie des travailleurs du privé, Dr Roméo Boyé ajoute qu’il faudrait que l’État crée un environnement propice aux affaires et assure la régulation du marché du travail de façon efficace.

Le collectif des secrétaires généraux des délégués du secteur privé de Côte d’Ivoire croit en ses chances.

« Nous croyons que notre action va porter. L’article 82 alinéa 2 du Code du travail dispose que si les travailleurs ne sont pas contents, ils peuvent observer un moment de grève. C’est un droit. Dès cet instant, je pense que les gens seront plus regardants sur nos conditions de vie », conclut Koudou Gnahoua Ambroise.
Richard Yasseu

 

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