Côte d’Ivoire

Procès d’Amadé Ouérémi, pourquoi les seigneurs de guerre cités n’étaient pas à la barre ?

Mis à jour le 15 avril 2021
Publié le 15/04/2021 à 3:12 , , , ,

Losséni Fofana dit Loss, Koné Daouda, des ex-seigneurs de guerre, cités par Amadé Ouérémi, présumé coupable des tueries (817 morts) de mars 2011 à Duékoué, comme étant les donneurs d’ordre, n’ont pas été invités par le tribunal du Plateau pour se présenter à la barre. De quoi à susciter des interrogations.

 

« Je suis allé à Duékoué avec le rebelle Coulibaly de Kouibly. J’étais un simple élément. Et l’ordre de commandement venait du commandant Losseni Fofana dit Loss (devenu colonel). C’est lui qui a donné l’ordre d’aller chasser tous les miliciens de Duékoué (…). Ce n’est pas parce que c’est mélangé qu’ils vont mettre tout sur moi (…). Je n’ai pas fait ça moi seul ». Telles ont été les déclarations du chef milicien burkinabé, Amadé Ouérémi.

Mais, le président du tribunal Charles Bini a jugé non nécessaire leur présence à la barre, car, « ils auraient été auditionnés » au cours des enquêtes préliminaires et tous auraient prétendu ne pas connaître Amadé Ouérémi.

Il n’a pas agi seul

Le mercredi 14 avril 2021, à l’issue de trois semaines de procès, le procureur a requis la « prison à vie » contre l’ex-chef milicien Amadé Ouérémi. Me Roselyne Aka Sérikpa, avocate de la défense soutient que l’affaire de son client doit être « portée à la racine dans ces tenants et aboutissants ». L’avocate a mentionné que son client durant tout le procès a cité des officiers de l’armée ivoirienne comme étant ses chefs.

Il s’agit de Karamoko Ouattara dit Coulibaly ou Coul de Kouibly, Losseni Fofana dit Loss. Me Sérikpa s’est demandé : « Pourquoi veut-on porter le chapeau à cet homme frêle, analphabète ? Un seul homme peut-il commettre un génocide ? Un génocide est le fait d’une multitude de personnes ».  Et de s’interroger : « Où Amadé Ouérémi a-t-il eu ses armes, les tenues militaires estampillées FRCI (Forces républicaines de Côte d’Ivoire) quand les autorités militaires prétendent ne pas le reconnaître ? Il faut dénicher les responsables de la rébellion et les commanditaires tapis dans l’ombre ».

Un homme abusé

Selon Me Sérikpa, son client qui exerçait le métier de réparateur de vélo à Duékoué avant la crise postélectorale (2010-2011) a été instrumentalisé.

« Ce procès m’a laissée sur ma faim, un goût d’inachevé comme bien d’autres personnes. Amadé dit qu’il a été trompé. Il a été instrumentalisé. Les victimes demeurent et les commanditaires demeurent. Amadé était bel et bien un élément de l’armée de Côte d’Ivoire. Amadé Ouérémi recevait bel et bien des ordres, des instructions », a indiqué l’avocate.

L’ancien patron du Mont Péko sera situé sur son sort dans les heures à venir. Le président du tribunal Charles Bini a renvoyé l’audience le jeudi 15 avril 2021 pour délibérer.

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