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Ouattara, les deux fronts / Philippe Di Nacera

Mis à jour le 4 mars 2021
Publié le 24/09/2017 à 7:09 , , , , ,

L’agenda politique du Président de la République à son retour de Washington, où il participait à la traditionnelle Assemblée Générale des Nations Unies, est copieux.

Il devra, avec l’aide de la fidèle Henriette Dagri Diabate, élue à la tête du RDR par les militants réunis en congés il y a quinze jours, travailler sur les deux fronts politiques ouverts depuis le début de cette année : la gestion du cas Soro, qui a boudé le 3eme congrès ordinaire de son parti au prétexte qu’il n’a pas été associé à sa préparation par l’ancienne direction, et celle des relations avec le PDCI, dont le Président, Henri Konan Bedié, a rappelé avec force, le weekend dernier, lors de la commémoration de son appel de Daoukro, l’exigence d’alternance en 2020. « Je bloque ces termes! », a -t-il dit. Fermez le banc!

D’aucuns estiment que deux front politiques au sein de sa propose majorité quand l’opposition, les étudiants, la grogne sociale, les revendications des militaires et anciens combattants, ne font déjà pas de son second mandat un promenade de santé, c’est trop. Il faudra au Président déployer des trésors de subtilité et de génie politique, comme ceux qui lui ont permis de renverser la table du RDR lors de son dernier congrès, et toute l’autorité morale de la Présidente du RDR, pour redonner un semblant de calme et de cohésion à la majorité, avant les grandes échéances.

Sur le front Soro la problématique est simple : comment garder l’enfant terrible du RHDP au RDR? Quels mots, quels gestes, pourront faire rentrer dans le rang celui qui estime que l’ancienne direction du parti l’a maltraité et que les accusations plus ou moins ouvertement portées contre lui à propos des mutineries du premier semestre sont diffamatoires?  Les jours qui viennent nous diront si le Président Ouattara, qui pour l’instant a rompu le contact, voudra prononcer ces mots et poser ces gestes à son endroit. Il restera au PAN, qui n’a de cesse de publier des messages d’apaisement sur les réseaux sociaux, à saisir la balle ou non. Car, c’est plutôt à la création d’un parti politique à sa main que la multiplication récente des mouvements se réclamant de son nom (les soroistes, les parlementaires du 4 avril, l’association des anciens des Forces Nouvelles), et le spectaculaire boycottage du congrès de son parti, faisaient penser ces derniers temps.

Sur le front du PDCI, tout le monde, observateurs, responsables du RDR, militants PDCI même, a été surpris par la fermeté du Président Bedié lors du discours qu’il a prononcé pour commémorer le 3eme anniversaire de l’appel de Daoukro. S’arc-boutant sur les termes de « l’accord », estimant avoir rempli sa part, il a fait savoir que l’alternance, cette idée que le prochain candidat du RHDP à la présidentielle de 2020 devra être issu de son parti, n’est plus négociable, ni discutable. Sans attendre forcément une réponse formelle à court terme puisqu’il a pris le soin de préciser qu’il fallait laisser Ouattara travailler et ne plus polluer l’atmosphère avec cette question, certes  brûlante, mais selon lui déjà tranchée. Il n’empêche que tout le monde attendra, à son retour,  un signe du Chef de l’Etat pour connaître la tendance. Un simple louvoiement de sa part risquerait d’être mal interprété par Bédié, avec qui, dit-on, il ne parle plus non plus depuis plusieurs mois. Difficile équation à résoudre pour éviter de mettre en danger la coalition même.

Sur ces deux fronts, la Grande Chancelière de Côte d’Ivoire et nouvelle Présidente du RDR, Henriette Dagri Diabaté, l’arme fatale d’Alassane Ouattara, aura un rôle déterminant. Les semaines qui viennent risquent d’être passionnantes.

Philippe Di Nacera
Directeur de là publication

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