Côte d’Ivoire

Menace sur la paix- Imam Yao : « Le signal est rouge », Frère Akobé : « Les religieux cherchent l’argent des politiciens », la presse sollicitée

Mis à jour le 6 février 2019
Publié le 06/02/2019 à 4:23 , ,

La Plateforme des leaders croyants pour la paix, la réconciliation, la cohésion sociale et le développement présidée par Madeleine Yao a invité guides religieux, politiciens et hommes de la presse et des médias à poser un diagnostic sur la dérive vers laquelle on assiste en Côte d’Ivoire.

« Agir ensemble, maintenant pour l’Unité, la Paix et la Cohésion sociale » est le thème qui a rassemblé au siège de la Communauté chrétienne catholique du Divin Amour, un panel d’hommes et de femmes épris de paix pour sonner le tocsin de la mobilisation en faveur de la paix.

Pour cet exercice de ce mercredi, Madeleine Yao, fille de Diabo-Adiékro, ex-conseillère régionale dans la région de Gbèkè en charge du pool économique et social a recommandé de dire « la vérité sans stigmatiser ». Le ton est donné.

Avant le grand rassemblement des croyants dans un stade de la place et à une date à définir, l’Imam Yao Diarrassouba Mohamed de la mosquée Al Imane de koumassi Remblais a estimé que « le signal est au rouge » face à la montée des antagonismes. Pour ce faire, « il faut que les religieux se départent du matériel pour se rapprocher du spirituel, il faut mener de actions, faire asseoir les hommes politiques pour leur dire que la nation ne leur appartient pas, faire en sorte qu’il n’y ait plus d’effusion de sang » a-t-il recommandé.

Le guide musulman a indiqué que « les grandes nations ne peuvent être bâties que sur des fondements de la foi », recommandant la formation des fidèles et « créer un environnement paisible dans la vision du seigneur. »

Il intervenait dans le cadre du panel 1 avec pour thème « Bâtir une nation forte, la contribution de la foi en Dieu » en compagnie du frère Clément Akobé, créateur de la Communauté mère du Divin Amour. Celui-ci estime qu’une nation forte ne peut se construire qu’autour de « valeurs, de l’égalité des chances, la suppression des privilèges. » Pour le frère catholique, « c’est toute la société ivoirienne et non seulement les politiciens qui crée la psychose dans le pays. »

« Avant ce sont les hommes politiques qui cherchaient les religieux, maintenant, ce sont les religieux qui cherchent les hommes politiques pour l’argent » a-t-il dénoncé, réalisant que « les fondements de la société sont ébranlés » et préconisant « le retour vers Dieu » comme socle de la paix.

L’imam Yao a suggéré la diffusion des « messages de la fraternité humaine, de la culture de la tolérance à la différence et promouvoir l’impartialité. » « Le malheur de la Côte d’Ivoire, c’est le fait que le religieux ne joue pas son rôle, c’est la crédibilité des hommes de Dieu qui est en jeu » a enfoncé le Frère Clément Akobé.

« Comment et pourquoi agir ensemble maintenant pour l’unité, la paix et la cohésion sociale » a été le second thème avec pour orateurs l’imam Dosso Mamadou et le pasteur Gilbert Yaba.

« En Occident, le Président est vu sous son angle moral. Nos politiques surfent sur la division car il y a un déficit de culture à la citoyenneté » a analysé l’Imam Dosso. « On vote plus par appartenance ethnique et régionaliste » que par rapport au programme social qui n’inclut pas la culture à la citoyenneté a dénoncé le guide musulman. Aux médias, l’imam Dosso a recommandé de ne pas « diluer » leur pouvoir dans les autres. Le pasteur Yaba estime que « nous, religieux, sommes le sel de la société. Si nous prenons conscience, nous pouvons influencer cette société, nous avons une responsabilité à assumer » a-t-il préconisé.

Présents, les hommes de médias ont fait leur analyse de la situation et émis leur solution par la voix de Lazare Aka Sayé et Michel Koffi de Fraternité Matin.

Pour le PCA de l’AIGF, Lazare Aka Sayé, « il faut une presse responsable pour la promotion de la paix » car, reconnaît-il, « les médias peuvent représenter un grave danger » au regard des intérêts de leurs financiers. Michel Koffi, lui estime que cette presse de construction comme celle existant du temps du parti unique, ne pourrait être que par la conjonction des efforts des hommes de médias, de la société civile et du lectorat. « A partir de 1999, les journalistes sont devenus des sofas » a-t-il dénoncé. Il a mis l’accent sur le non-respect de l’éthique et la déontologie par des journalistes qui se comportent en caisse de résonance des chapelles politiques.

La présidente de la plateforme des leaders croyants pour la paix, la réconciliation, la cohésion sociale et le développement, composée de tous les fils ivoiriens, sans distinction repose sur le « patriotisme, le dialogue et la solidarité » selon Madeleine Yao et se veut « un instrument de veille, de renforcement de la cohésion sociale. »

120 messagers spirituels, sociaux, professionnels et politiques la composent et aident « à pacifier l’environnement » politique ivoirien qui s’est une fois de plus dégradée. « Nous voyons des signes avant-coureurs perceptibles. Toutes les prophéties fabriquées ou préfabriquées empoisonnent » le quotidien des ivoiriens, a-t-elle dénoncé. Elle suggère que « redescendre sur terre » car, « la diversité est source de richesse, nous sommes condamnés à vivre ensemble » a-t-elle insisté. Une belle initiative qui mérite de mettre au fauteuil blanc les politiciens du pays. Le Général Michel Gueu, Angéline Kili, plusieurs guides religieux et des anonymes épris de paix et soucieux de la préservation du tissu social sont ainsi à l’œuvre. Un tour dans les casernes avec les aumôniers militaires ne serait pas de trop pour mieux former les ivoiriens à la paix.

Adam’s Régis SOUAGA

Source : rédaction Pôleafrique.info

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