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La Zlecaf et ses avantages expliqués par experts et chef d’entreprise

Mis à jour le 9 juillet 2019
Publié le 09/07/2019 à 6:47 , , ,

En juillet 2020, l’Afrique sera sans frontière. Cette ambition qui s’inscrit dans l’agenda 2063 de l’Union africaine est arrivée à un tournant décisif. Avec l’entrée du Nigéria, seul pays Ouest africain qui n’avait pas encore signé ce projet et qui l’a enfin paraphé dimanche dernier à Niamey. Le projet est presque prêt. Des spécialistes en économie, au micro de 7info.ci, expliquent l’impact de cette suppression des frontières pour les pays africains.

L’Afrique poursuit son processus d’intégration économique avec le Zlecaf, la Zone de libre échange continentale africaine. L’intention est saluée, la volonté exprimée par tous mais des inquiétudes légitimes demeurent face à la disparité du développement entre les pays africains.

Dr Koné Salif, économiste et spécialiste de la Zlecaf trouve ce moment bon pour la mise en place de la Zone de libre échange continentale africaine. « Il n’y a pas de bon moment pour la mise en place d’une zone de libre échange. Tout moment est bon. Parce que la zone de libre échange continentale africaine contient deux dimensions qui peuvent être profitables pour des pays qui ont un niveau de développement plus faible », assure le spécialiste.

La première dimension se situe déjà dans « un cadre de complémentarité », selon notre spécialiste. Pour Dr Koné Salif, les pays les plus avancés vont entraîner les autres qui induit que par mimétisme institutionnel et par diffusion de savoir et de savoir-faire, à travers la libre circulation des marchandises et des service, ainsi que des personnes, la suppression des frontières par le mécanisme de la ZLECAF peut permettre aux pays qui sont moins avancés de rattraper une part de leur retard.

La deuxième dimension, selon Dr Koné relève de la solidarité. « Il y a un certain nombre de mécanismes d’assistance qui peuvent être mis en évidence dans le cadre cette zone. Par exemple des systèmes de compensation. De ce point de vue, le fait qu’il ait des pays moins développés peut ne pas constituer un problème. Mais là où en tant que spécialiste on peut se poser la question de savoir si le moment est propice, va se constituer à deux niveaux. Le premier en rapport avec le niveau de développement, c’est surtout la nature du système de production. Les pays africains globalement pris, produisent presque les mêmes matières. Leur industrialisation reste limitée de façon générale. Ce qui signifie qu’on produit et on vend à peu près les mêmes biens. On peut dire que c’est un peu tôt. Même là aussi on peut nuancer cette problématique en disant que la zone de libre échange va aider à la mise en place d’avantages comparatifs au niveau du continent africain qui va permettre aux pays de se spécialiser dans les biens qu’ils produisent. Aussi pendant que les hommes circulent librement, la technologie aussi-t-elle va prendre socle en Afrique », explique cet économiste.

La troisième dimension, « est purement institutionnelle et juridique », fait-il savoir. Il explique cette dimension par le fait que la création de la zone de libre échange continentale africaine soit partie des cinq (5) piliers que constituent les regroupements économiques régionaux à savoir la CEDEAO, l’Union du Maghreb Arabe, le Marché commun de l’Afrique de l’Est, la SADEC, et la communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale. « Et l’avantage est que les négociations devraient être plus faciles », indique t-il.

Cette zone de libre échange continentale africaine peut être « un risque à prendre », selon Lamine Bakayoko, jeune chef d’entreprise ivoirienne dans la transformation et la production de café soluble. Pour lui, la Zlecaf mérite d’être saluée aussi sur plusieurs points. Il estime que la zone de libre échange est une nouvelle volonté politique affichée par les Chefs d’Etats africains. Des propositions de produits, surtout agroalimentaires, en phase avec les habitudes alimentaires et les pouvoirs d’achats des populations africaines, seront renforcées, croit-il savoir. De plus, cette ouverture des frontières facilitera une main d’œuvre relativement qualifiée et encore moins chère.

L’enseignant-chercheur d’Economie à l’université Alassane Ouattara, Dr Séraphin Prao Yao, soutient que « c’est un bon moment » pour la création de la zone de libre échange continentale africaine. Car selon lui, « C’est la volonté des pays africains d’augmenter le commerce extra régional ». Il explique que ce commerce extra régional est très développé aujourd’hui en Afrique. Avec cette zone de libre échange continentale, les pays africains seront en compétition entre eux pour développer la coopération Sud-Sud. Cette zone de libre échange continentale va rendre les produits africains plus compétitifs. Monétariste, Dr Séraphin Prao Yao va encore plus loin pour entrevoir à travers cette zone de libre échange, la création d’une monnaie unique. « Après cette zone de libre échange continentale, il y a un projet de création de monnaie unique africaine. D’ici 10 ans comme la zone Euro, l’Afrique aura aussi sa monnaie unique », a-t-il confié.

Le projet de la Zlecaf a été lancée le 21 mars 2018, au cours de la 25ème session ordinaire de la réunion des Chefs d’Etats et de gouvernement de l’Union africaine, à Kigali. A sa création, plusieurs pays africains ont signé l’accord sur la mise en place d’une zone économique commune. Sur les 54 pays que compte le continent, 22 avaient ratifié l’accord dont le Maroc, l’Égypte ou encore la Côte d’Ivoire.

En Afrique de l’Ouest, le Nigéria qui a hésité, demandant des garanties pour son industrie, signé le document commun ce dimanche 7 juillet lors du 31ème sommet des Chefs d’Etats et de gouvernement à Niamey, au Niger.

 La première étape de la mise en œuvre de l’accord de libre-échange va consister à réduire les droits de douane sur les marchandises en provenance des pays de l’Union Africaine. Mais aucun calendrier n’a encore, pour l’heure, été fixé.

DIANE Drissa

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