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Kenya: William Ruto, l’héritier déchu s’installe à la présidence (portrait)

Mis à jour le 16 août 2022
Publié le 16/08/2022 à 8:42 , , , ,

A 55 ans, l’ambitieux William Ruto, malgré son statut de vice-président, faisait figure de challenger durant la campagne électorale face à Raila Odinga. A 77 ans, le vétéran soutenu par le président sortant a essuyé une nouvelle défaite au scrutin présidentiel.

La vie de William Ruto, commencée dans les zones rurales de la vallée du Rift, dans l’ouest du Kenya, est tout un enseignement. Un modèle de courage et de détermination pour quiconque veut passer de la rue à la Présidence de la République.

C’est à l’âge de 15 ans qu’il va porter sa première paire de chaussures après avoir été à l’école primaire pieds nus. Il a également vendu des poulets et des arachides au bord de la route dans les zones rurales de la vallée du Rift.

Ce jeune homme téméraire, convaincu que la misère n’est pas une fatalité, va se donner les moyens de changer le visage du Kenya. Réinventer un pays où le taux officiel de chômage des personnes âgées de 18 à 34 ans est de près de 40 %.

William Ruto va donc inventer l’expression « Hustler nation » pour désigner les jeunes qui ont du mal à joindre les deux bouts.

Il se lance dans la politique en 1992, après avoir été encadré, dit-il, par le président de l’époque, Daniel Arap Moi. Il faisait partie des militants chargés de mobiliser les électeurs pour les premières élections multipartites du pays, organisées la même année.

Il se taille la réputation d’être un orateur puissant qui attire des foules immenses lors des rassemblements, et d’être très performant lors des interviews avec les médias.

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Il commence souvent son discours en disant « Mon ami », ce qui l’aide à établir un rapport avec les électeurs et à désarmer les critiques.

Ruto a promis une approche ascendante de l’économie, affirmant qu’elle bénéficierait aux pauvres qui supportent le poids de la crise du coût de la vie qui a frappé le monde.

Uhuru – Ruto, une histoire de raison

L’histoire s’écrira finalement avec Uhuru Kenyatta. En 2012, la Cour pénale internationale (CPI) annonce des poursuites à l’encontre des deux hommes pour les violences postélectorales de 2007-2008, qui ont principalement opposés Kalenjin et Kikuyu et qui ont fait 1200 morts. Candidat à la présidentielle suivante, en 2013, Ruto s’allie alors à Kenyatta.

Les deux ennemis scellent ainsi une paix fragile entre leurs ethnies respectives et font bloc face à la CPI. Le ticket « UhuRuto » rafle la magistrature suprême, les charges contre Kenyatta sont abandonnées en décembre 2014, celles contre Ruto en avril 2016, non sans que plusieurs témoins aient subi une campagne d’intimidation.

A l’occasion de la présidentielle d’août 2017, la victoire à l’élection de Uhuru Kenyatta et son colistier William Ruto à un second mandat est invalidée par la Cour suprême face à Raila Odinga.

Kenyatta sera finalement réélu à l’issue d’un remake controversé et boycotté par Odinga. Une séquence durant laquelle Ruto est apparu comme l’un des seuls en mesure de tenir la maison présidentielle. Au sortir du scrutin, le « colistier » fait plus que jamais figure d’héritier

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Cinq ans plus tard, alors qu’il s’était d’abord engagé à soutenir son colistier à la présidentielle de 2022, le président sortant a finalement choisi de se ranger du côté de son ancien opposant, Raila Odinga.

Au risque de réveiller le spectre des violences post-électorales de 2007-2008.

L’alliance contre nature tourne au ridicule. William Samoei Ruto devient le cinquième président du Kenya.

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