Côte d’Ivoire

Depuis Bouaké- Le Général Michel GUEU : Aux militaires : « Quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer », aux politiques : « Asseyez-vous et parlez-vous, nous n’avons que la Côte d’Ivoire »

Mis à jour le 14 mars 2019
Publié le 14/03/2019 à 5:42

De son allure calme, le Général Michel Gueu, avare en sorte médiatique n’en demeure pas moins prolixe quand il s’agit de parler de « ses enfants » qui gravissent les échelons de l’armée ivoirienne. A Bouaké pour la prise de commandement du Colonel Fofana Lossény, il a bien voulu répondre à Pôleafrique.info.

Tous lui demandaient la bénédiction avant tout acte solennel au cours de cette cérémonie de prise de commandement ce jeudi en fin de matinée au 3è bataillon d’infanterie de Bouaké. Même le chef d’état-major de l’armée de terre, le Colonel-major Dem Ali Justin n’a pas dérogé à la règle. C’est que la nouvelle classe d’officiers supérieurs de l’armée ivoirienne est constituée de ses poulains. « Ce sont mes pures produits, ce ne pas mes jeunes ce sont surtout mes enfants. Je me devais d’être présent à cette cérémonie pour soutenir Lossény Fofana qui prend le commandement du 3è bataillon pour non seulement faire des bénédictions pour lui mais en plus lui donner des conseils parce quand on a commandé pendant près de 40 ans et qu’on est sorti tranquillement de l’armée, je pense qu’on a quelques petites expériences qu’on doit partager avec ceux qui prennent le commandement » indique le Général à la retraite. « Partout où je serai invité à ce genre de cérémonie, je serai présent. C’est cela aussi la fraternité d’arme. On est à la retraite mais on se sent toujours militaire » précise-t-il.

Dans le bureau du chef de corps de ce bataillon, qu’a-t-il pu prodiguer comme conseils à Hervé et Loss ? « Je leur conseille d’être en communion avec leurs hommes, partager leur quotidien. Houphouët-Boigny disait que le capitaine est un poisson qui est dans l’eau, hors de l’eau il n’est plus un capitaine. Le chef militaire est aussi un capitaine et son eau c’est sa troupe composée de ses officiers et de ses sous-officiers, ses militaires du rang. Ils doivent être en permanence avec leurs hommes. Là au coup de doigt, ils sont disponibles » révèle Michel Gueu.

« Bien sûr la discipline, la symbiose, être constamment avec leurs hommes, c’est ce que je leur demande. Il leur faut surtout parler plus à leurs hommes, les sensibiliser. La punition oui mais elle doit venir en second plan » recommande cet homme effacé qui n’en demeure pas moins  un militaire de caractère comme durant la rébellion des ex-Forces Nouvelles dont il aura été une figure de proue militaire. Aussi, fait-il savoir que « Aujourd’hui on parle de discipline mais il y en a de deux catégories, la discipline active qui fait appel à la réflexion de l’homme et la discipline passive où on se conduit comme un mouton. Avant d’aller quelque part, vous rassemblez vos hommes et vous leur expliquez pourquoi cette mission. Dans cette mission, il faut que ces hommes puissent faire preuve de discernement, faire la part des choses, l’esprit de la mission et la lettre de la mission. Comme le disait un Chef d’Etat, « quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer » soutient le membre actif de la plateforme des leaders croyants pour la paix, la réconciliation, la cohésion sociale et le développement (PLCRD).

Pour lui, rien ne vaut plus que « la communion avec leurs hommes. Leurs hommes doivent être au centre de leur préoccupation et ils doivent être au centre des préoccupations de leurs hommes. »

Engagé dans la sensibilisation à la paix en Côte d’Ivoire, il lance un appel aux politiciens de tous bords. « Aux politiques, je leur demande de se parler, de s’entendre, la Côte d’Ivoire c’est notre seule mère à tous et c’est la seule mère. On doit donc la préserver de toute aventure. Ces hommes politiques, quels qu’ils soient, se parlent. La politique d’accord mais d’abord l’entente, la compréhension avant tout. Qu’ils se retrouvent pour se parler, quelqu’un disait aussi s’asseoir pour discuter mais qu’ils s’asseyent pour se parler. C’est des incompréhensions et il faut pouvoir aller au-delà et il faut pouvoir aller dans le sens de la paix, de l’harmonie, dans le sens de la cohésion. » Parole de général d’armée qui connaît les conséquences des postures rigides des politiciens.

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Adam’s Régis SOUAGA, envoyé spécial à BOUAKE

Source : rédaction pôleafrique.info

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