Société

Circulation des véhicules poids lourds à Abidjan, la loi est-elle respectée ?

Mis à jour le 3 mars 2022
Publié le 03/03/2022 à 8:33 , ,

Des accidents de la circulation impliquant des poids lourds et des victimes qui se comptent par dizaines. Pourtant, depuis le 27 décembre 2019, le mouvement des véhicules poids lourds dans la ville d’Abidjan est soumis au respect de plages horaires dédiées. Qu’en est-il de son application sur le terrain deux ans après ?

C’est une interrogation urgente, au regard de la récurrence des accidents de la route impliquant ce type d’engins.
Les usagers de la voie express Yopougon-Adjamé ont eu un début de matinée très difficile le mercredi 02 mars 2022. La raison, un embouteillage monstre dû à un carambolage impliquant plusieurs véhicules dont de gros camions. On s’en souvient une semaine auparavant soit le 23 février dernier, une scène pareille se produisait et engageait encore des engins de type poids lourds. Des incidents qui font partie d’une longue série d’accidents de la circulation et son corollaire, au grand damne des habitués de cet axe.

Pourtant face à ces événements malheureux qui engagent parfois la vie des populations, la loi est sans équivoque en la matière.

Le 27 décembre 2019, le ministère des Transports a procédé à la révision de l’arrêté N°0210 du 20 juillet 2005 portant instruction de plages horaires pour la circulation des véhicules poids lourds dans la ville d’Abidjan. « Les véhicules poids lourds, dont le poids total a charge, excède 10 tonnes, sont interdits de circuler sur toute l’étendue de la ville d’Abidjan, tous les jours ouvrables, le matin de 6 heures à 9 heures et dans l’après-midi de 17 heures à 21 heures. La vitesse maximale admise sur ce tronçon est de 30km/h pour lesdits véhicules », précise le texte. La mesure visait à fluidifier la circulation et ainsi éviter d’éventuels accidents de la route.

 

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Malheureusement l’application de ce décret a manqué de fermeté.
De l’avis de Koné Tiéoulé, responsable d’auto-école joint par 7 info, les responsabilités sont partagées. « La plupart des conducteurs de poids lourds sont très jeunes et n’ont pas de permis de conduire. Lorsqu’ils sont sur la route, ils ne considèrent pas les petits véhicules. Ces conducteurs imprudents ne respectent pas le Code de la route non plus et font preuve d’incivisme. De leur côté, les forces de l’ordre ne font pas leur travail parce que ces poids lourds circulent en dehors des heures réglementaires au nez et à leur barbe », insiste-t-il.

Pourtant des balises avaient été posées pour la mise en œuvre effective et le respect de l’arrêté relatif aux restrictions horaires. « En vue d’assurer l’effectivité de cette mesure qui vise à sauver les vies humaines, les éléments des forces de l’ordre procèderont à des patrouilles régulières et les contrevenants seront soumis à la rigueur de la loi », précisait le texte de 2019.

Koné Tiéoulé invite pour sa part les différents acteurs impliqués à prendre leurs responsabilités afin de mettre un terme à ce phénomène qui peut encore être endigué. « Avant les deux accidents récents, à Yopougon près de la MACA une benne a percuté un gbaka et l’a projeté dans un ravin faisant douze morts. Il est grand temps que les autorités prennent leurs responsabilités pour qu’il y ait une professionnalisation de ce secteur. N’importe qui ne doit pas conduire ce genre de véhicules », a-t-il ajouté.

À qui donc la faute ? Au ministère des Transports qui devrait assurer le suivi, à l’Office de sécurité routière qui devrait amplifier la sensibilisation afin d’accroître la sécurité des usagers de la route, aux forces de l’ordre pour leur laxisme, ou aux propriétaires de véhicules poids lourds pour leur manque de professionnalisme ? En attendant de trouver des réponses à ces questions, la route continue à endeuiller des familles en Côte d’Ivoire.

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