Côte d’Ivoire

Après le discours de Ouattara- La génération FESCI dans le rêve, Analystes: « ce n’est pas gagné d’avance »

Mis à jour le 20 juillet 2018
Publié le 20/07/2018 à 8:11
« Le Président Bédié et moi devons travailler pour transférer le pouvoir à une nouvelle génération en 2020 », cette déclaration du chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara continue de susciter des réactions dans le pays. A la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), le plus influent syndicat du milieu éducatif du pays, on estime que le clin d’œil est adressé aux cadres sortis de ce syndicat dont le plus en vue est Guillaume Soro, le président de l’Assemblée Nationale. 
 
L’espoir est plus que grand à la FESCI au lendemain de la promesse du président ivoirien d’œuvrer à transférer le pouvoir d’Etat à « une nouvelle génération ». Car pour des anciens leaders de cette organisation, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’ils représentent cet avenir avec lequel le pays doit compter.
 
« Cette nouvelle Génération dont parle avec insistance le Président de la République, Président du RHDP et pour laquelle il appelle avec insistance de tous ses vœux son aîné le Président Henri Konan Bédié à le rejoindre n’est pas une Génération imaginaire, elle n’est pas sur les planètes Jupiter ou Mars. Elle existe bel et bien dans notre pays. C’est la GENERATION 90…elle est plurielle. C’est la Génération 90 des anciens de la FESCI et du MEECI… », révèle le 18 juillet dernier dans un post sur sa page Facebook, Jean Blé Guirao, lui-même ancien secrétaire général de la FESCI et cadre de l’UDPCI.
 
L’idée est aussi partagée par son prédécesseur à la tête de cette organisation, Eugène Djué. « Nous nous sentons concernés même si ce n’est pas forcément nous qui sommes visés. Nous sommes tout à fait prêts. Toute la génération 90 est prête. Aujourd’hui nous sommes au-dessus de la cinquantaine en termes d’âge. Or il est remarqué de part le monde entier que des nations puissantes comme la France ont des présidents de 40 ans. Du point de vue politique nous sommes aussi prêts car après la génération des années 40 qui s’est battu pour l’indépendance, nous sommes ceux qui  se sont battus pour la démocratisation du pays. Nous côtoyons le pouvoir depuis 1990. Nous avons appris à gérer », renchérit Eugène Djué, joint par Poleafrique.info.
 
Le lundi 16 juillet dernier, alors qu’il mettait fin à l’Assemblée générale constitutive du parti unifié RHDP, le président ivoirien par ailleurs président de cette formation politique mentionnait son désir de voir se réaliser une alternance politique dans son pays. Selon lui, une nouvelle génération devrait accéder au pouvoir d’Etat dès 2020. Aussi invite-il le président du PDCI Henri Konan Bédié à le soutenir pour la réalisation de ce projet. « Le Président français à 40 ans. Le premier ministre de la Belgique a 38 ans, Le premier ministre  Autrichien a 31 ans. Les Temps changent… Le Président Bédié et moi devons travailler pour transférer le pouvoir à une nouvelle génération en 2020 », avait indiqué Alassane Ouattara, ouvrant ainsi le débat sur la question des générations.
 
Au RDR, le parti au pouvoir, l’idée de transfert du pouvoir d’Etat à une nouvelle génération enchante. Mais, l’on estime qu’il ne faut pas se tromper de génération. Mamadou Traoré est Conseiller régional RDR dans la Bagoué au nord de la Côte d’Ivoire, et analyste politique. Il faudrait que chacun garde son calme après cette déclaration du chef de l’Etat, estime-il. « Si l’on doit parler de génération après celle de Ouattara, c’est bien celle d’Amadou Gon Coulibaly et de Ahousou Jeannot. Affi N’Guessan en a parlé une fois en disant qu’après la génération des Bédié, Ouattara, Gbagbo, c’est leur génération. C’est après cette génération qu’il y a celle des années 90. C’est ce qui me fait dire que parler de nouvelle génération comme le fait le président de la République, c’est un flou. Il laisse une possibilité à chacune de ces générations de se battre », pense-t-il.   
 
Si la déclaration d’Alassane Ouattara suscite de l’espoir chez les « fescistes », l’idée d’alternance en leur faveur n’est pas nouvelle. Courant 2016 déjà, des anciens de ce syndicat estimaient que leur heure était en train de sonner. Martial Ahipeaud le tout premier secrétaire général de ce syndicat confiait à PôleAfrique.info que la FESCI avait formé des cadres qui occupent des postes de responsabilités à tous les niveaux administratifs ou politiques de la Côte d’Ivoire.
 
Dr Geoffroy-Julien Kouao est juriste écrivain et analyste politique. Il est d’avis. « Oui la FESCI a les personnes ressources pour diriger le pays. Il y a monsieur Guillaume Soro qui est ancien Premier ministre, ancien ministre et est actuellement président de l’Assemblée nationale. Il a la stature pour être Président de la République. Je pense même que c’est autour de cette personnalité que toutes les actions se font » ; analyse-t-il pour Poleafrique.info.   
 
Toutefois, le politologue ivoirien rappelle que l’accès au pouvoir dans un pays démocratique ne se fait pas par transfert, mais par des lois qui réglementent le mode d’accession. « Nous ne sommes pas dans une monarchie pour que le pouvoir se transmette d’une main à une autre. Il appartient donc à la génération FESCI si elle veut vraiment le pouvoir de s’activer, être plus visible et audacieuse. Il faut travailler davantage car le pouvoir ne se donne pas, ne se transmet pas. Il s’arrache. Et dans l’espèce, il faut l’arracher par la conquête électorale», dit-il. Non sans reconnaître que la FESCI est loin d’être favorite dans la conquête du pouvoir par les élections.
 
Richard Yasseu
Source : rédaction Poleafrique.info     
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