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49 militaires arrêtés, le film d’une affaire qui semble s’emballer entre Abidjan et Bamako

Mis à jour le 12 juillet 2022
Publié le 12/07/2022 à 5:00 , ,

Entre la Côte d’Ivoire et le Mali, les relations semblent davantage s’embrouiller avec l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés à Bamako.

 

Comment ces soldats ont-ils été interpellés ? Que s’est-il passé depuis leur interpellation ? Flash-back sur ces dernières 72 heures qui ont encore mis à mal les relations entre la Côte d’Ivoire et le Mali.

Des posts de cyberactivistes et des articles de médias proches des autorités de la transition au Mali. Dimanche 10 juillet 2022, en début de soirée, les réseaux sociaux commencent à distiller les premières informations sur la présence de militaires ivoiriens sur le territoire malien.

« Les forces armées maliennes viennent d’arrêter à l’aéroport international Modibo Kéita Senou, un groupe de 49 soldats armés d’équipements lourds. Ces individus seraient des éléments de l’armée ivoirienne comprenant 31 soldats des forces spéciales et 18 de l’armée régulière », mentionne un cyberactiviste malien sur le réseau social Facebook.

Dans la même soirée, une source militaire ivoirienne, reprise par 7info, donne quelques informations sur la raison de la présence en terre malienne de ces soldats en question.

« C’est le 8e détachement dans le cadre de la National Support Elements (NSE) dont la mission est d’assurer la garde sur les emprises de la MINUSMA à Bamako. Il sera basé à l’aéroport de Bamako », confie cette source tout en précisant qu’il s’agit d’une simple rotation d’un effectif militaire et que les militaires Ivoiriens « n’ont pas été arrêtés ».

Tout semblait dès lors clair et rassurant. Mais côté malien, l’affaire ne s’arrête pas là. Le lendemain, lundi 11 juillet à la mi-journée, une vidéo sur les réseaux sociaux présente une file de militaires, bien encadrés, qui se déplacent entre deux bâtiments. La légende du post indique qu’il s’agirait des soldats ivoiriens arrêtés à Bamako. L’image laisse donc croire que ces derniers ne sont pas sur le point de les laisser libres de leurs mouvements.

Des mercenaires, selon Bamako

Confirmation dans la soirée du même lundi. Dans un communiqué lu à la télévision nationale, les militaires au pouvoir au Mali donnent officiellement leur version. Ils indiquent que les militaires ivoiriens ont atterri à l’aéroport international Modibo Kéita Senou à bord de deux avions dont l’un était spécialement chargé d’armes de guerre. Ils portent des accusations à la fois sur les soldats ivoiriens et sur les autorités de Côte d’Ivoire. Selon les collaborateurs du colonel Assimi Goita, les militaires interpellés seraient arrivés sans ordre de mission et leur état de militaires camouflé. Ils révèlent en outre que la MINUSMA, la mission onusienne au Mali auprès de laquelle la Côte d’Ivoire est engagée, ne serait pas informée d’une quelconque relève de son effectif. En conséquence, Bamako considère que les militaires Ivoiriens « sont des mercenaires ».

 

« Des premiers constats effectués, il ressort que…la profession réelle des militaires était pour la plupart dissimulée. Sur la majorité des passeports des militaires interpellées, les professions inscrites étaient les suivantes : étudiants, chauffeurs, maçons, mécaniciens, vendeuses, électriciens, vigiles, peintre, etc…au regard de ces manquements et infractions commis dans le cadre du déploiement de ces quarante-neuf (49) militaires ivoiriens, le gouvernement de la transition les considère comme des mercenaires tels que définis par la Convention de l’OUA sur l’élimination du mercenariat en Afrique », lit-on dans le communiqué.

 

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La MINUSMA donne des précisions

Dans la foulée, la MINUSMA, la mission onusienne au Mali donne une explication qui ne colle pas à la version de Bamako. Selon Olivier Salgado, le porte-parole de cette mission, il est certes vrai que les soldats ivoiriens interpellés à Bamako ne font pas partie de l’effectif de la MINUSMA, mais leur mission existe depuis des années et ils interviennent pour le compte de l’un des contingents de la mission onusienne au Mali.

« Les soldats interpellés dimanche à l’aéroport de Bamako ne font pas partie de l’un des contingents de la MINUSMA. Ces soldats sont déployés depuis plusieurs années au Mali dans le cadre d’un appui logistique pour le compte de l’un de nos contingents. D’après nos informations, leur relève du 10 juillet aurait été préalablement communiquée aux autorités nationales. Les Éléments Nationaux de Soutien (NSE) sont des effectifs nationaux déployés par les pays contributeurs de Troupes, en soutien à leurs contingents. Il s’agit d’une pratique communément appliquée dans les Missions de maintien de la paix. Ils ne sont pas comptabilisés dans les effectifs de la MINUSMA. Les relèves des contingents de la MINUSMA sont planifiées et s’effectuent en accord avec les autorités maliennes. Nous œuvrons à ce que les relèves de contingents originaires d’Afrique de l’Ouest, qui accusent un retard du fait de l’absence des autorisations requises, puissent intervenir au plus tôt », explique Olivier Salgado sur son compte tweeter.

 

Pour l’heure, silence total à Abidjan. Aucune réaction officielle des autorités vers qui tous les regards se tournent.

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