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4 coups d’État en 2 ans, la CEDEAO toujours maître de son espace ?

Mis à jour le 3 février 2022
Publié le 03/02/2022 à 4:17 , , , ,

Quatre en deux ans, soit une moyenne de deux coups d’État l’année. L’Afrique de l’Ouest est passée maître dans le délitement de l’ordre constitutionnel.

 

D’abord le Mali par deux fois, puis la Guinée et ensuite le Burkina Faso. Ces pays de l’espace sous-régional ouest-africain sont désormais dirigés par des militaires qui ont pris le pouvoir après des mouvements de ‘’mécontentement’’ contre des présidents mandatés par le peuple à la suite d’élections.

Le phénomène interpelle. « C’est difficile de comprendre qu’il y ait des présidents élus et même réélus à des pourcentages assez intéressants comme Roch Marc Christian Kaboré ou feu Ibrahim Boubacar Kéita. Qui se retrouvent certes en position de faiblesse de leadership, ou accablés par quelques scandales ou qui se retrouvent face au fait qu’ils n’aient pas pu remplir leurs engagements. Mais on ne doit pas oublier que la démocratie a ses sanctions, ses propres contre-pouvoirs pour sanctionner un pouvoir qui a failli à ses engagements, à savoir le refus de vote d’une reconduction de mandat.  « Nous sommes dans une sorte d’impasse politique, une impasse militaire, une impasse stratégique, mais aussi une impasse au niveau même de la discipline qu’est la science politique », analyse pour 7info Dr Eddie Guipié, enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo.

Le phénomène des putschs s’étend. Après le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, la Guinée-Bissau a aussi été secouée mardi 1er février 2022. Mais avec plus de chance que les autres chefs d’État, le président Umaro Emballo a pu s’en sortir indemne.

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À la différence du cas bissau-guinéen, les militaires, désormais aux commandes dans les pays touchés, ont avancé des arguments sécuritaires et la mauvaise gouvernance des affaires de l’État pour justifier leurs actes. C’est une position qui n’est pas exempte de critique selon l’universitaire ivoirien Eddie Guipié.
« Les militaires sont des techniciens de la guerre et de la paix. Mais, ils ne leur incombent pas de prendre la toge politique pour guider les devants de la scène. Qui plus est, quand leur mission prend du temps à travers une transition dont on ne connaît pas la durée, c’est dangereux », soutient-il.

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La recrudescence de coups contre les présidents élus fait réagir. Les condamnations sont multiples. Dans la sous-région, la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) va plus loin. Elle a décidé la suspension de ses instances et de ses activités, les pays concernés. Dans le cas malien, des mesures plus drastiques et contraignantes qui se résument en un embargo sont prises depuis le 9 janvier 2022. L’objectif étant de dissuader d’éventuels initiateurs de projets de coups d’État. Mais cela n’a pas empêché l’action des militaires dans un autre pays voisin. Le 24 janvier 2022, à la suite d’une mutinerie, des militaires renversent le président Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso et prennent le pouvoir.

« La CEDEAO est également dans une impasse. On voit bien que la doctrine selon laquelle elle faisait monter les enchères du tout répressif avec un embargo, des sanctions économiques et autres n’est pas intéressante. Elle n’est pas respectée, et l’institution est confrontée à cette impasse. Maintenant que faut-il faire lorsque le tout répressif échoue ? Du tout permissif ? », s’interroge Dr Eddie Guipié.

Pour le politologue ivoirien, la CEDEAO est aussi au pied du mur et surtout dans la quadrature du cercle au serpent qui se mord la queue.

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