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Voici les détourneurs de la BHCI, Westbridge dément une reprise de la banque par l’Etat.

Mis à jour le 19 novembre 2019
Publié le 19/11/2019 à 7:12 , ,

Ce lundi 18 novembre, apprend 7info.ci de bonne source, le président du conseil d’administration de BHCI, James Clayton a, par une lettre adressée à l’ensemble de ses collaborateurs, assuré que le Gouvernement ivoirien n’a jamais entamé quelque discussion que ce soit avec les actionnaires pour la reprise de la banque.

Par conséquent, aucune rétrocession n’est à l’ordre du jour. Désaveu de taille que la réponse du conseil d’administration de BHCI au communiqué rendu public le mercredi 13 novembre dernier et qui ressemble fort à un acte isolé et non assumé (voir fac-similé). Mercredi dernier, dans le silence de la nuit, alors que le conseil des Ministres s’est tenu ce même jour sans aborder la question, tomber le communiqué suivant :  « Suite aux conclusions des travaux de la Commission Bancaire et des Commissaires aux Comptes relativement à la gestion de la BHCI et face aux difficultés persistantes que connaissent les déposants et partenaires de l’Etablissement dans l’accomplissement de certaines opérations courantes, le Gouvernement a décidé, d’un commun accord avec le repreneur, la société Westbrige Mortgage Reit, d’annuler l’opération de cession de ses parts, et de reprendre en main, le contrôle de la Banque. » Après vérification, bien qu’il soit sans en-tête et sans signature, ce document sort bien du cabinet du ministère de l’Economie et des finances. 7info relaie l’information.

« Chers collègues, tout comme vous, c’est avec une certaine surprise, que j’ai appris que Westbridge aurait conclu un accord à l’amiable avec l’Etat de Côte d’Ivoire pour annuler le contrat de cession à travers lequel Westbridge a acquis plus de 51% de parts dans BHCI ». C’est en ces termes que ce lundi matin James Clayton, le PCA de BHCI, vient apporter un cinglant démenti au communiqué précédent, dans une lettre adressée au personnel et dont 7info a pu se procurer copie.

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Il poursuit pour dire que « d’emblée, je tiens à dire que ni Westbridge ni aucun des autres actionnaires de la Banque, n’a conclu d’accord récent avec le gouvernement. » Il reconnaît que « Westbridge a bel et bien écrit au Gouvernement le 28 octobre dernier pour solliciter l’aide de la Primature à clarifier la situation de prise en otage dangereuse dans laquelle, la Banque, ses employés et ses actionnaires se trouvaient. »« Les actionnaires ont aussi demandé à ce que l’Etat puisse justifier sa présence continue dans les réunions de conseil d’administration de la Banque. Il n’y a, à notre connaissance, aucune banque à actionnariat privé qui vit cette expérience d’immixtion d’une entité ou de personnes qui ne sont ni actionnaires ni dirigeants nommés par les Actionnaires-propriétaires », peut-on lire dans la lettre aux travailleurs.

James Clayton fait savoir que « Nous avons dans notre lettre du 28 octobre 2019, demandé une audience auprès du Premier Ministre pour éventuellement entamer la discussion sur les modalités de rachat ou celles de notre prise de contrôle effectif de la Banque. Nous étions, et sommes toujours dans l’attente de cette audience qui n’a malheureusement pas encore pu avoir lieu, du fait de l’agenda très chargé de Son Excellence Monsieur le Premier Ministre. »Et de clarifier une bonne fois pour toutes que « Il n’y a cependant pas « d’accord à l’amiable » entre Westbridge ni un autre actionnaire et l’Etat de Côte d’Ivoire à propos de rachat d’actions ou d’annulation de Cession » soutient-il.

Pour une des rares fois, le PCA a consenti à mieux informer le personnel, révélant sur la gouvernance de la Banque que « Les actionnaires à qui on demande des contributions en capital de plus en plus élevées sont effectivement exclus de la gestion de la Banque. »Et de rassurer le personnel que « le conseil d’administration que je préside va se réunir dans les jours à venir et prendre les dispositions juridiques que la situation impose, et je vous tiendrai au courant. »James Clayton soutient que « La question de la liquidité et celle de la recapitalisation requièrent que ce problème d’immixtion étrangère soit résolu d’abord. Et nous pensons être en mesure dans les jours à venir, de trouver une solution raisonnable qui rassure les clients, protège les emplois et garantit aux investisseurs locaux et étrangers la protection de leurs droits. »

Or, le fameux communiqué, émanant, rappelons-le du ministère de l‘Economie et des Finances, et envoyé dans la nuit de mercredi dernier à quelques organes triés sur le volet, loin du regard du Conseil des Ministres, assurait que « Le Gouvernement tient à rassurer les déposants et l’ensemble des usagers de la Banque, de la continuité des activités de la BHCI. Le Gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires, en vue de préserver les intérêts de la clientèle et de permettre à la BHCI de retrouver son fonctionnement normal. »

Pourquoi cette agitation ?

James Clayton, le PCA de BHCI, est monté au créneau pour « casser les papots » comme on le dit de façon trivial en Côte d’Ivoire. Des manœuvres sont menées pour empêcher le nouvel actionnaire de prendre le contrôle de la banque, comme s’en est plaint James Clayton, au Président de la République, dans une  lettre du 20 septembre dernier que 7info s’est procurée.

 « De nombreux efforts sont faits pour empêcher Westbridge de prendre un contrôle effectif de la Banque. »« Après les menaces physiques sur nos personnes, les campagnes de dénigrement dans la presse, les descentes de gendarmes dans ma maison, les enquêtes policières jusque dans nos maisons au Canada, nous sommes aujourd’hui confrontés à l’hostilité grandissante du régulateur instrumentalisé par un dirigeant récemment congédié (…) qui se trouve être un ancien cadre de la BCEAO » lit-on dans ce courrier adressé à Alassane Ouattara.

« Nous pensons que les enquêtes d’audit que nous avons diligentées sur la gestion passée sont en partie à la source de ce récent surcroît de harcèlement » est-il convaincu. Et de raconter en long et en large au Président de la République, les déboires subis depuis avril 2019, date de l’entrée en possession effective de l’agrément pour la prise de la BHCI. Selon une source proche du dossier, toute cette agitation, orchestrée par les prébendiers, voleurs et pilleurs des deniers de la banque, n’aurait d’autre objectif que d’obliger le nouvel actionnaire majoritaire, Westbridge, à rembourser à leur place les quelques 26 milliards FCFA de créances douteuses. C’est le refus des Canadiens de s’exécuter qui leur attirerait ces coups de fouet préjudiciables aux clients de la banque.

Toutefois, acculés par le régulateur, c’est à dire la commission bancaire, qui a émis « 357  constats et observations », le PCA soutient dans sa lettre au Président Ouattara que les responsables actuels de la banque « n’ont pas eu l’opportunité de s’expliquer ou de répondre aux accusations formulées », alors que l’ancien dirigeant de la BHCI, « a eu l’opportunité de lire un discours de quatre pages. Pour rappel, Monsieur… a été congédié sur un vote unanime des membres du conseil d’administration le 18 juillet 2019 », explique le PCA James Clayton au Président de la République de Côte d’Ivoire.

Rappelons qu’en 2015 cette banque présentait un bilan négatif «  6 milliards FCFA de fonds propres et 10 milliards FCFA de créances douteuses » lit-on dans un courrier adressé à une autre autorité ivoirienne. A cette époque, il est clair que la banque ne respectait aucun ratio prudentiel admis par la BCEAO qui exige au moins 10 milliards FCFA de fonds propres. De bonne source, 7info a appris que les créances douteuses sont en fait l’instrument de gros détournements de deniers publics, estimés à 26 milliards FCFA, puisque BHCI était jusqu’en avril 2019, une banque publique.

Qui en sont les bénéficiaires? 7info a pu consulter une liste de noms. Ainsi y trouve -t-on celui d’une haute personnalité bénéficiaire  d’un « prêt » de 404 millions FCFA, jamais remboursés; ceux d’un groupe de cadres qui a eu accès à  54 millions FCFA, ainsi que celui d’une mutuelle de commerçants de Treichville, sans adresse connue, pour un montant s’élevant, selon les auditeurs, entre 1.5 et 1.8 milliards FCFA ! C’est cet argent des ivoiriens, brigandé par des satrapes locaux de l’économie, qui fait courir ces prébendiers d’un autre âge.

Un gangstérisme d’Etat qui devrait émouvoir le Parlement ivoirien, la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance, les services de sécurité, tant cette banque peut être une bombe à déflagration. Cette affaire commence malheureusement à connaître un retentissement international, par la saisine du tribunal de Commerce la Banque Mondiale par le nouvel actionnaire, Westbridge, apprend 7info auprès d’une source à Washington DC,  ternissant l’image de la Côte d’Ivoire aux yeux des  investisseurs internationaux. Qui arrêtera le massacre?

Adam’s Régis SOUAGA

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