Côte d’Ivoire

Usagers de la drogue, plaidoyer contre leur stigmatisation ; « Les criminels, ce sont les trafiquants »

Mis à jour le 19 juin 2018
Publié le 19/06/2018 à 1:10 ,

Un atelier de Médecins du Monde (MDM) sur le traitement de l’information relative à la réduction des risques VIH/TB et autres comorbidités et promotion des droits humains auprès des consommateurs de drogues en Côte d’Ivoire se tient à Grand-Bassam les 18 et 19 juin 2018. L’objectif est, entre autres, de donner des rudiments aux journalistes pour accompagner le plaidoyer de l’accès au traitement.

La stigmatisation des usagers de drogue est indexée comme un frein à leur prise en charge sanitaire. « Dans nos activités dans les ghettos, nous soignons beaucoup d’usagers de la drogue blessés. Ils ne veulent pas partir à l’hôpital pour ne pas être remarqués. Ils ont des plaies à cause des bastonnades », relève Dr Lucien N’Zi de Médecins du Monde (MDM) Côte d’Ivoire.  

Il a fait cette sortie ce 18 juin 2018 au cours d’un atelier sur le traitement de l’information relative à la réduction des risques VIH/TB et autres co-morbidités et promotion des droits humains auprès des consommateurs de drogues en Côte d’Ivoire. Une initiative de MDM et ses partenaires.

Selon le spécialiste, « toute approche brutale contre les usagers de la drogue n’est pas efficace ».

A en croire Dr N’Zi, la consommation de la drogue touche toutes les classes de la société y compris les forces de l’ordre. «  Les consommateurs ne sont pas que dans les ghettos », note-t-il. Le médecin regrette le fait que les consommateurs soient réprimés et pas suffisamment les trafiquants. « Les trafiquants ne dorment pas dans les guettos. Les descentes musclées dans les ghettos qui font fi des droits de l’homme ne règlent pas le problème. Cela n’enlève pas grand-chose aux recettes. Même les lieux d’incarcération sont des lieux prolongés de consommation », fait-il remarquer.

Dr N’Zi, spécialiste de la question, affirme que les habitudes en Côte d’Ivoire sont de sniffer et fumer. Mais depuis un moment, une filière venue d’un pays d’Europe de l’Est, bien identifiée, fait entrer les injections. Il note, par ailleurs, qu’une grande pression des trafiquants existe aux abords des lycées privés des quartiers huppés. « Ces enfants de riches sont les cibles des dealers parce qu’ils vont à l’école avec beaucoup d’argent » soutient l’expert.

 Dr Lucien N’Zi estime que pour mieux prendre en charge les usagers de la drogue,  il faut plutôt mettre la pression sur les trafiquants. Sinon, il faut même dépénaliser la drogue et encadrer la consommation. « Si tu ne réprimes pas une substance, on la rend banale. Si l’usage de la drogue est bien encadré, cela va canaliser les choses », estime le spécialiste.

Une loi est justement en préparation en Côte d’Ivoire sur l’usage de la drogue. Les observateurs espèrent que les questions soulevées seront prises en compte. Depuis janvier 2015, MDM et ses partenaires mènent des actions de prévention et de réduction des risques auprès des usagers de drogues à Abidjan. L’objectif est d’améliorer leur prise en charge par le système sanitaire.

L’atelier planche également sur la consommation du tabac et des autres addictions. Il enregistre une vingtaine de participants.

Nesmon De Laure

Source: Pôleafrique.info

 

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