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Un passager tombé d’un vol de Kenya Airways à Londres, inquiète le Kenya

Mis à jour le 18 novembre 2019
Publié le 18/11/2019 à 4:50 , , , ,

Choc dans le sud-ouest de Londres, le dimanche 30 juin 2019 : le corps d’un homme, probablement passager clandestin tombé du train d’atterrissage d’un avion de Kenya Airways, est retrouvé dans le jardin d’un homme qui prenait un bain de soleil. Cette découverte qui fait l’objet d’une enquête pourrait avoir des répercussions sur l’économie du Kenya.

C’est à Clapham, quartier du sud-ouest de Londres, par un après-midi ensoleillé, que le corps d’un mystérieux passager clandestin, tombé du train d’atterrissage d’un Boeing 787 de Kenya Airways, atterrit dans le jardin d’un homme qui prenait un bain de soleil. Le choc est si violent qu’ « il provoque un trou dans la pelouse, et sur une dalle du jardin », mais il est intact lorsque le propriétaire et son voisin le découvrent.

Le trajet est habituel en ce dimanche après-midi là. Le vol KQ100 quitte Nairobi à 9h30 et arrive à destination, à l’aéroport londonien d’Heathrow, à l’heure. Les autorités l’ignorent encore, mais, une cargaison humaine, s’est échappée de l’avion et a atterri dans le jardin d’un homme alors qu’il prenait tranquillement un bain de soleil. C’est en entendant le bruit du choc qu’un homme regarde par sa fenêtre et aperçoit son voisin bouleversé. En se rendant sur les lieux, les deux hommes constatent alors qu’un corps, probablement celui d’un passager clandestin tombé du train d’atterrissage d’un Boeing de Kenya Airways, vient d’atterrir dans le jardin. Il a heurté le sol avec une telle force qu’ « il a laissé un trou dans la pelouse et sur une dalle du jardin ». C’est en voyant les murs maculés de sang et les effets personnels de la victime que les hommes comprennent qu’il s’agit d’une chute. De plus, le corps est intact et gelé. Le voisin, sous couvert d’anonymat, déclare alors qu’« une des raisons pour lesquelles son corps était intact était qu’il était comme un bloc de glace ». 

Si l’incident n’est pas isolé – en 2012 le corps d’un homme avait été retrouvé sur un trottoir d’ East Sheen (au sud de Londres) – tombé d’un vol de British Airways en provenance d’Angola, et un autre retrouvé sur le toit d’un magasin de Richmond en 2015, (sud-ouest de Londres) après une chute du train d’un avion en provenance d’Afrique du Sud – il suscite cependant un mystère total, car les autorités kényannes et britanniques ne parviennent pas à s’accorder sur l’identité de la victime.

Selon la radio britannique Sky News, le passager s’appelle Paul Manyasi et travaillait pour une société de services de nettoyage, employée par l’aéroport international Jomo Kenyatta, à Nairobi. Ce nom est apparu au fil de l’enquête, après qu’Isaac Beti, prétendu père du passager clandestin ait été interviewé par Sky News. Mais, ce dernier s’est rétracté au lendemain de la diffusion de l’enquête de la radio, affirmant que son fils était vivant, qu’il s’appellait Cedric Shivonje Isaac et qu’il était détenu par la police kényane. La KAA, autorité publique chargée des aéroports et Colnet, la société de nettoyage pour laquelle aurait travaillé le passager clandestin, ont par ailleurs soutenu qu’elles ne connaissaient aucune personne répondant au nom de Paul Manyasi et qu’aucun badge n’avait été délivré à ce nom.

Les autorités kényanes, muettes dans un premier temps, ont contesté par la suite l’enquête de Sky News, soutenant que l’homme dont parle la radio britannique n’était pas le passager mortellement tombé de l’avion de Kenya Airways. L’administration pénitentiaire kényane est venue corroborer leurs propos en déclarant à la BBC que l’homme se trouvant sur les photos de Sky News s’appelle Cedric Shivonje Isaac, qu’il est encore en vie et en prison depuis trois mois pour une infraction pénale n’ayant aucun lien avec l’accident du passager tombé de l’avion.

Face à la confusion, le porte-parole du gouvernement kényan, Cyrus Oguna, est intervenu et a qualifié de « fausses nouvelles », les informations divulguées par Sky News. « Nous sommes en train de mener une enquête, et je peux dire que votre enquête correspond à ce qu’on appelle les fausses nouvelles. (…) Vous pouvez constater que c’est clairement quelqu’un de différent. Laissez donc nos enquêteurs faire leur travail », a déclaré le porte-parole du gouvernement à l’attention du média britannique.

Alors qui est Paul Manyasi, l’homme dont parle Sky News dans son enquête ? Est-ce la véritable identité du passager clandestin ? S’agit-il d’une erreur des autorités britanniques ? Les autorités kényanes dissimuleraient-t-elles des éléments ?

Si des interrogations planent autour de l’identité de la victime, une autre question, et pas des moindres, se pose : par quel moyen le passager clandestin a-t-il accédé à la zone de haute sécurité de l’aéroport ? La procédure exige un contrôle strict de l’identité du personnel et des passagers lors d’un vol. Cela signifie que n’importe qui peut déjouer le contrôle de sécurité pour monter à bord de l’avion… Et si tel est le cas, il est inadmissible pour un pays qui vient d’être classé dans la catégorie 1 (le plus haut niveau de sécurité) de ne pas respecter les mesures de sécurité.

Cela pourrait entraîner de graves répercussions pour le Kenya. Si les autorités américaines estiment qu’il existe des manquements dans l’enquête menée par les autorités kényanes, la note de sécurité du pays ne devrait plus lui permettre d’ouvrir de nouvelles routes vers les Etats-Unis ou de coopérer avec les transporteurs américains, ont appris des experts à la BBC. Les avions kényans feraient également l’objet de contrôles beaucoup plus approfondis dans les aéroports américains, et à long terme, cela pourrait nuire aux industries du tourisme et de l’horticulture, secteurs vitaux pour la croissance économique du Kenya.

Manuela Pokossy-Coulibaly

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