Politique

Traoré Mamadou : Pourquoi « Guillaume Soro n’est pas cuit », malgré sa condamnation à perpétuité

Mis à jour le 5 juillet 2021
Publié le 05/07/2021 à 6:00 , ,

Condamnation à perpétuité de Guillaume Soro, dissolution de Générations et peuples solidaires (GPS), ces sujets sont abordés sans faux fuyant par Traoré Mamadou, un militant de ce mouvement politique et proche de l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. La popularité de GPS a été boostée par cette décision de justice, estime-t-il. Entretien.

Le procès de Guillaume Soro et de certains de ses proches a pris fin le 23 juin 2021 avec une condamnation à perpétuité de l’ancien président de l’Assemblée nationale. Tout est-il perdu pour Guillaume Soro ?

Tout n’est pas cuit pour Guillaume Soro parce que c’est Dieu seul qui a le destin de tout être humain en main, et non des individus. Je rappelle que dans l’histoire du monde, on a connu des hommes politiques qui ont été condamnés par leur pays et qui ont fini par être président de leur pays. Je prends le cas de Nelson Mandela, qui a été condamné pratiquement à perpétuité, mais qui après quelques années de prison, a fini par sortir pour diriger son pays. Je rappelle que le président Alpha Condé, l’actuel président de la Guinée avait été lui aussi condamné. On avait dit qu’il était lui aussi cuit, et que sa carrière politique était finie. Mais c’est lui qui dirige aujourd’hui son pays. Je prends le cas de Macky Sall au Sénégal. Lui aussi avait été condamné. Ses adversaires avaient dit qu’il était cuit. Mais c’est lui qui dirige le Sénégal. Je prends le cas de Yayi Boni au Bénin. Lui aussi, il avait subi une condamnation, mais c’est lui aussi qui a dirigé le pays. Fort de toutes ces expériences, je dis que cette condamnation n’est pas la fin de Guillaume Soro.

 

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Mais les chefs d’accusation de ces personnalités étaient-ce les mêmes que ceux de Guillaume Soro ?

Nelson Mandela a été accusé à travers l’ANC d’idées subversives. Le président de la Guinée lui aussi a été accusé lui aussi d’idées subversives. C’est dire que, que ce soit un coup d’État ou un assassinat il y a eu des idées subversives prêtées à ces personnalités. Ce n’est donc pas nouveau.

 

Avec cette condamnation, ne craignez-vous pas une extradition de votre mentor ?

Je crois que les autorités européennes ne fonctionnent pas comme les autorités africaines. Parce que tout le monde sait que cette condamnation est purement politique. Puisque pendant le procès, ils n’ont pas pu prouver avec des éléments palpables que Guillaume Soro a fait un coup d’État. Les autorités européennes savent très bien que c’est un procès qui a été fait pour écarter un adversaire politique. Je pense donc que les autorités européennes n’accepteront une extradition quelconque. Il faut savoir qu’il y a déjà plusieurs mandats d’arrêt contre Guillaume Soro émis par l’administration Ouattara qui ne sont pas exécutés, car jugés purement politiques.

 

La justice a également décidé de la dissolution de Générations et peuples solidaires (GPS), le mouvement politique de Guillaume Soro. Pour vous qui en êtes un militant, quelle attitude maintenant ?

Mais constatez avec moi que toutes ces condamnations prononcées contre Guillaume Soro ne sont que des prétextes. Le premier est d’écarter Guillaume Soro de la vie politique. Le second est de faire en sorte que GPS n’existe pas, car c’est un mouvement qui effraie présentement les plans politiques du président Alassane Ouattara. C’est une grande première qu’un mouvement politique soit dissous dans ce pays par voie judiciaire. Sans le vouloir, le président Ouattara vient de faire de GPS un mouvement plus populaire. Comme les avocats de la défense l’ont dit, il a été interjeté appel. En attendant que la procédure de l’appel aboutisse, ou soit bouclée, on considère que la décision du juge de dissoudre GPS est suspendue. Nous considérons donc que GPS n’est pas encore dissout jusqu’à ce que les avocats aient une suite à l’appel fait. Toutefois, il faut savoir que même si GPS est dissous, ce mouvement ne sera pas dissout dans l’esprit des militants de Guillaume Soro.

 

Dans un passé récent, l’ex-président de l’Assemblée nationale invitait des acteurs politiques de ce pays en exil, à rentrer affronter la justice de leur pays. Guillaume Soro fuit-il la justice de son pays ?

Au moment où Guillaume Soro le disait, le président Alassane Ouattara n’était pas celui qui est là aujourd’hui. À cette époque-là, on pouvait croire en notre justice. Aujourd’hui, les choses ont changé. C’est le président Alassane Ouattara qui donne des ordres à la justice.

 

C’est une grave accusation que vous faites là à l’endroit du chef de l’État…

Mais bien avant le verdict du procès, le président Ouattara avait indiqué que pour lui, Guillaume Soro méritait la prison à perpétuité. Tout le monde a attendu cela. N’est-ce pas ce qui est appliqué ? C’est pour cela que je dis que c’est le président Alassane Ouattara qui fait la justice.

 

Monsieur Traoré Mamadou, à quand le retour en Côte d’Ivoire de votre mentor Guillaume Soro ?

Il a dit qu’il vient bientôt. Je ne peux vous donner de date, mais vous avez dû voir  sa déclaration. Il a dit à ses militants de rester sereins, car lui Guillaume Soro, va bientôt rentrer dans son pays. C’est ce qu’il faut retenir.

 

Réalisé par Richard Yasseu    

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