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Terrorisme : après la Centrafrique et le Mali, le Burkina va-t-il se tourner vers la Russie ?

Mis à jour le 4 avril 2022
Publié le 27/01/2022 à 11:24 , ,

Faire appel à des instructeurs russes est l’option déjà choisie par certains pays africains pour contrer les crises sécuritaires internes. Pour le cas du Burkina Faso désormais dirigé par une transition militaire et qui est en proie aux attaques djihadistes, la question du recours au pays de Vladimir Poutine se pose.

Les faits qui pourraient conforter cette option existent. Et l’intéressement est du côté de la Russie.  Le premier vient d’un groupe d’entrepreneurs militaires russes qui intervient déjà en Centrafrique. Dans un courrier à la junte au pouvoir au Burkina Faso, ces instructeurs privés russes se proposent de former l’armée burkinabè.

Dans sa note, ce groupe privé qui se fait appeler « Communauté des officiers pour la sécurité internationale », évoque les actions de la France au Burkina Faso dans la lutte contre le terrorisme. Selon lui, en dépit de son intervention qui dure depuis dix ans dans le Sahel, la France et ses alliés n’ont eu aucun succès. Non sans se présenter comme étant la structure qui peut pousser le Burkina Faso à venir à bout du terrorisme sur son territoire, comme le relate le confrère britannique BBC.

Le second fait est la déclaration d’un proche du président Vladimir Poutine. Il s’agit de Evguéni Prigojine. Présenté comme un responsable du groupe paramilitaire Wagner, cet homme d’affaires russe a salué le coup d’État contre le président Kaboré. Il a qualifié l’action militaire comme le signe d’une « nouvelle ère de décolonisation ».

« Tous ces soi-disant coups d’État sont dus au fait que l’Occident essaie de gouverner les États et de supprimer leurs priorités nationales, d’imposer des valeurs étrangères aux Africains, parfois en se moquant clairement d’eux… Il n’est pas surprenant que de nombreux États africains cherchent à se libérer. Cela se produit parce que l’Occident essaie de maintenir la population de ces pays dans un état semi-animal », soutient Evguéni Prigojine dans un commentaire publié sur le réseau social russe VK par sa société, Concord, rapporte le confrère français TV5 monde. Non sans signifier être disposé à partager l’expérience de son organisation pour la formation des militaires du Burkina Faso comme c’est le cas en Centrafrique.

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Pour l’heure, aucune réaction sur un éventuel intérêt du pays des Hommes intègres à propos d’un recours à la Russie n’est évoquée au Burkina Faso. Mais pour des observateurs, c’est une alternative à ne pas écarter. « Nous ne savons pas encore ce que vont décider les militaires ou la junte au pouvoir au Burkina Faso. Mais cela reste une option d’autant plus que la France même avait déjà annoncé la diminution de moitié, sa présence militaire dans le sahel. C’est la base même du recours à Wagner par les autorités maliennes de la transition. Est-ce que les autorités qui sont installées aujourd’hui au Burkina auront ce réflexe ? C’est une option », analyse pour 7info Arthur Banga, Docteur en histoire des Relations internationales de l’université Houphouët-Boigny et en histoire militaire de l’École Pratique des Hautes Études de la Sorbonne.

Le Dr Geoffroy-Julien Kouao est aussi de cet avis. « Ces trois pays ont, en commun, la crise sécuritaire. L’échec de la lutte contre les rebelles centrafricains, et contre les terroristes djihadistes au Mali et au Burkina obligent les autorités de ces pays à revoir leur paradigme et mécanisme de lutte. Dans cette optique, le recours à la Russie en Centrafrique est pour le moment un succès. Au Mali, on assiste à une amélioration de la situation sécuritaire. Les nouvelles autorités du Burkina Faso n’ont pas le choix. Les Russes, pour l’instant, sont une des solutions », analyse pour 7info l’essayiste, auteur de « Faut-il désespérer de la Côte d’Ivoire ? »

Sur le continent, le Mali et la Centrafrique font déjà l’expérience des groupes privés paramilitaires russes.

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