Politique

Tebboune élu en Algérie face à la contestation de la rue

Mis à jour le 13 décembre 2019
Publié le 13/12/2019 à 3:10 , ,

Le successeur d’Abdelaziz Bouteflika est connu depuis quelques heures! Abdelmadjid Tebboune est le nouveau président algérien. Il a obtenu 58,15% des voix avec un taux de participation de 39,93%. Il a été élu à la suite d’un scrutin contesté.

60% des Algériens ont manifesté dans la rue contre la tenue de l’élection présidentielle. Ces mouvements de contestation baptisés HIRAK (mouvement de contestation populaire) sont dû au fait que bon nombre d’algériens voient en cette élection, un moyen de « survie » du régime Bouteflika.

Après la proclamation des résultats, de milliers de manifestants sont descendus dans les rues d’Alger (la capitale) pour exiger le départ de l’ensemble de l’élite au pouvoir.

Les contestataires scandaient ‘Le peuple veut son indépendance’ , et considèrent cet ancien Premier ministre comme un pur produit issu du sérail de Bouteflika.

Selon le célèbre journaliste, Othmoni Lihiani du quotidien algérien El Khatar, le nouveau président ne peut rien apporter à son pays. « Tebboune ne peut pas apporter de la valeur ajoutée: C’est une figure gouvernementale consommée qui  mobilise les mêmes outils de gouvernance que ses prédécesseurs qui ont dilapidé les potentialités du pays »

Abdelmadjid Tebboune est le premier président à n’avoir pas combattu pendant la guerre d’Algérie (1954-1962). Cependant, il est membre du Comité Central du Front National de Libération.  Déjà en 1999, il occupait le poste de ministre de la Communication et de la Culture. Nommé Premier Ministre, il ne passera que trois mois à la tête du gouvernement .

Celui que les algériens surnomment « l’intègre » avait eu l’audace de se montrer critique à l’égard du régime de Boutéflika. Physiquement diminué par un accident vasculaire cérébral, Boutéflika qui tenait son pouvoir grâce à l’armée sera contraint à renoncer au pouvoir suite à manifestations de rue.

Selon Dr Geoffroy-Julien Kouao, politologue, ivoirien, l’élection de Abdelmadjid Tebboune est certes « légale mais souffre de légitimité ».

« cette élection présidentielle est frappée du sceau de la légalité mais souffre d’une abyssale légitimité. A l’évidence, la junte militaire au pouvoir à Alger confond malheureusement Etat de Droit et Démocratie. Ce dont ont besoin les manifestants, c’est justement la démocratie, c’est à dire le pouvoir au peuple » .

Le nouvel élu devrait mettre tout en œuvre pour calmer les esprits, exercice apparemment difficile mais pas impossible au regard de son passé d’homme intègre et de celui de grand serviteur de l’Etat.

En dépit de la victoire de la rue face à une abstention record, Abdelmadjid Tebboune a un pouvoir légitimé par près de 40% de ses concitoyens et sa popularité au sein d’une bonne partie d’algériens ne sera pas amoindri par un faible taux de participation à la présidentielle qu’il a remporté haut les mains.

Arnaud Houssou

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