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Tchad, un ancien premier ministre en prison pour escroquerie et abus de fonction

Mis à jour le 2 décembre 2019
Publié le 02/12/2019 à 11:52 , , ,

Alors qu’il s’apprêtait à célébrer la journée de la liberté et de la démocratie en ce jour férié du 1er décembre au Tchad, l’ancien Premier ministre Kalzeubé Pahimi Deubet a brillé par son absence à l’événement. Au petit matin, le secrétaire général de la Présidence a été appréhendé par la police judiciaire de N’Djamena, a annoncé le porte-parole de la Police.

« Le ministre d’Etat a été interpellé pour être entendu à la suite d’une plainte de l’inspection générale d’Etat pour escroquerie (…) Il est toujours dans les locaux de la police judiciaire alors que son audition est terminée », a rapporté dimanche soir le colonel Paul Manga à l’Agence France-Presse (AFP). Convoqué en ce jour férié au Tchad, c’est à son arrivée au poste de police que Kalzeubé Pahimi Deubet a découvert les charges qui pèsent contre lui : malversations financières, abus de fonction et tentative de détournement de deniers publics.

Selon ses avocats, Me Alain Kagonbé et Me Fauta Laye Karimi, la police judiciaire tchadienne aurait procédé à l’arrestation du secrétaire général de la Présidence « sans lui avoir présenté ni convocation, ni mandat d’amener ». Ils ont par ailleurs dénoncé une « cabale montée contre Kalzeubé Pahimi Deubet en représailles d’une dénonciation ». Avis partagé par d’anciens et actuels collègues, qui mettent en avant son « abnégation au travail ».

La nouvelle est d’autant plus surprenante que la veille même de son interpellation, aucun signe ne laissait présager de ses futurs démêlés judiciaires. Le ministre Deubet et sa femme avaient organisé des festivités auxquelles ont assisté de nombreuses personnalités du milieu politique et diplomatique. L’entourage proche du secrétaire général ne cache pas son étonnement face à ce renversement de situation et n’exclut pas la piste du « coup monté ». Selon un proche conseiller du chef de l’Etat, le président de la République a eu connaissance des éléments « bien avant de cette histoire».

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Côté IGE, on explique qu’il n’est pas exactement reproché des faits de détournement de fonds à l’encontre de Deubet, mais qu’il s’agit plutôt de « complicité d’escroquerie et d’abus de fonction ». L’Inspection générale estime que «  Kalzeubé Payimi Deubet a agi en toute connaissance de cause, intentionnellement et dans l’exercice de ses fonctions » pour que le propriétaire exproprié d’un terrain perçoive un dédommagement, dans le cadre d’un projet de construction de viaducs à Ndjamena.

Dans sa plainte adressée au Procureur général de N’Djamena, l’IGE explique que l’ancien Premier ministre aurait effectué un premier paiement de 150 millions FCFA sur 200 millions initialement prévus. Il y a quelques semaines, une nouvelle demande de paiement du reliquat aurait été adressée au ministre des Finances, de la plume même de l’ancien Premier ministre. Seulement, le nom du bénéficiaire légal aurait changé, emmenant Deubet à solliciter une enquête de l’Inspection pour tenter de voir clair dans cette affaire.

Ironie du sort, l’Inspection générale décide alors de porter plainte contre le secrétaire général de la présidence.

Le ministre d’Etat était tourné vers de nouvelles ambitions et ne le cachait plus. Il se préparait à battre campagne pour occuper le perchoir de l’Assemblée nationale. Il est toujours en garde à vue à l’heure actuelle mais n’a cependant pas encore été démis de ses fonctions.

Manuela POKOSSY-COULIBALY

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