Politique

Soro traqué comme Ouattara face à Bédié, Guéi et Gbagbo

Mis à jour le 12 mai 2020
Publié le 12/05/2020 à 1:36 , , , ,

Condamné à une lourde peine de 20 ans de prison, 4,5 milliards de FCFA d’amende et 7 ans de privation de droits civiques, cette décision de justice sonne pour certains comme la fin des illusions de l’ancien chef de la rébellion ivoirienne. Au cas où il lui prendrait l’envie de mettre fin à son exil parisien pour rentrer en Côte d’Ivoire, comme il dit, son chemin est tout tracé. Guillaume Soro ira rejoindre ses proches dans l’un des pénitenciers du pays.

Recherché par la justice ivoirienne, les déboires judiciaires de l’homme de « mission » sont loin de connaître leur épilogue. Une plainte a été déposée en France contre Guillaume Soro le jeudi dernier. Elle accuse l’ancien leader étudiant et chef de file des Forces nouvelles d’avoir commandité l’assassinat de certains ex-militaires, Ibrahim Coulibaly, Kass et d’autres. Une plainte qui si elle est jugée recevable par la justice française risque de faire fondre les illusions présidentielles du député de Ferkessédougou.

Similitude de destin ?

Pour les partisans de l’ancien secrétaire général de la FESCI, la « traque judiciaire » dont leur leader est l’objet ne pourra pas l’empêcher de briguer la magistrature suprême.

Ils citent en exemple le cas du chef de l’État actuel, le Président Alassane Ouattara. Le 29 novembre 1999, les autorités judiciaires avaient lancé un mandat d’arrêt international contre l’ancien Directeur Général Adjoint du FMI. Il lui était reproché de « faux et usage de faux » concernant sa carte nationale d’identité. Réfugié en France, l’opposant d’alors regagna son pays un mois après, suite au coup d’Etat du général Robert Guéi le 24 décembre 1999.

Malheureusement, il sera écarté des élections par le général Guéi pour nationalité « douteuse ». Un mois plus tard, il décide de participer aux législatives, le nouvel homme fort d’Abidjan, Laurent Gbagbo va l’en empêcher avec les mêmes raisons. Avec les accords de Prétoria sous l’égide du médiateur Thabo M’beki, sa candidature est acceptée à titre exceptionnel. En 2010, il sera élu au second tour de l’élection présidentielle tant retardée, le clan Gbagbo exigeant le désarmement préalable de la rébellion, Président de la République de Côte d’Ivoire.

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Une fois aux affaires, entre Ouattara et Soro, l’idylle politique a bien commencé et a duré huit ans avant de tourner au vinaigre.

« Si après un mandat d’arrêt international Ouattara a pu rentrer en Côte d’Ivoire pour être élu Président de la République, ce n’est pas le leader générationnel Guillaume Soro qui n’aura pas un destin présidentiel », prédit Martial N’Guessan, membre de Générations et Peuples Solidaires (GPS), un mouvement de soutien au député RHDP de Ferkessedougou.

Le politologue Geoffroy-Julien KOUAO, écrivain, soutient que l’on peut faire un parallèle entre les deux situations certes, toutefois la participation de Soro à la course présidentielle d’octobre prochain dépendra d’évènements nationaux qu’internationaux.

« C’est connu et bien connu, la politique a toujours tenu le droit en l’état. La vérité politique procède toujours d’un rapport de force et ce rapport de force impacte le droit et les décisions judiciaires. Oui, de prime abord, on peut faire un parallèle entre les deux situations, mais, attention, nous ne sommes pas dans la même configuration politique même si la conjoncture est identique. La participation ou non de M. Soro à l’élection de 2020 dépendra fortement de la météo politique tant au niveau international qu’au niveau national. La politique est une science non exacte où l’improbable prend souvent valeur de logique », explique-t-il.

Même s’il ne se voue pas vaincu, certains observateurs de la politique ivoirienne soutiennent que si les choses restent en l’état, la bataille est définitivement perdue pour Soro. L’homme, qui se trouve aujourd’hui en France, est placé désormais devant un choix éminemment difficile : l’exil ou purger sa peine de 20 ans de prison.  Contrairement au Président Ouattara qui était l’objet de simples poursuites dont les charges furent abandonnées avant qu’il ne soit candidat en 2010, Guillaume Soro, a, lui, été condamné. Une peine a été prononcée et le prive de ses droits pour plusieurs années. Il serait donc difficile voire impossible de candidater à une quelconque élection.

Toutefois, contacté par 7info.ci, une source judiciaire rassure : « par une amnistie, Guillaume Soro peut retrouver ses droits civiques et ainsi se présenter à la présidentielle. Tout n’est donc pas perdu pour lui ». Le compte à rebours est lancé depuis longtemps pour l’ancien Premier ministre et président de l’Assemblée Nationale.

Arnaud Houssou

7info.ci

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